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Point du jour bleu des coups reçus
Un homme titube dans l’ombre
D’un bord à l’autre du trottoir
Il hurle sa haine et sa misère
Puis tout revient en symphonie d’oiseaux
Le silence gagne du terrain dans la frêle clarté de l’aube
*
Combien sont-ils, chaque nuit,
A déplacer, en démarche ébrieuse
Leur angoisse de vivre
Sur des avenues de désespoir ?
***
Revenus à la terre et aux sources
Des yeux d’enfants de tous pays
De toutes couleurs
Et de toutes croyances
Nous accueillent
Ils nous tendent en de larges feuilles
L’eau pure recueillie à l’ombre des sous-bois
.
Nous boirons à même la terre
Cette respiration divine qui nous fait Hommes
A même les pierres nous irons
En quête de nos silences intérieurs
***
Tant qui tombent sous les coups de la fatigue
Tant qui sombrent en nocturnes oublis
Tant qui errent d’exil en exil
Mains froides tendues
Sous les yeux qui se détournent
.
Rompre les connivences
Qui invitent au silence
Martelons en cadence
L'impérieuse danse
Nos mots contre l'indifférence
Rythment nos différences
***
Nous avons tant rêvé d’une paix introuvable
Tant marché, drapeaux arc-en-ciel déployés
Tant crié grâce devant la lourde hache des bourreaux
.
Toujours des hommes attendent en des couloirs gris
La grâce improbable de présidents occupés à d’autres affaires
.
C'est terrible noyade
Que celle qui s'égare aux bas-fonds de violence
La mémoire pillée
Les grotesques soldats de la puissance
Iront
Piteux sanguinaires
Par les chemins creux de l'histoire
***
L’idée même du meurtre
Quel qu’en soit le motif
Renvoie le meurtrier, son bourreau et son juge
Sur les mêmes bancs d’infamie
.
Ils cultivent une image dégradée de l’Homme
Et de sa grandeur
.
Manosque, 25 février 2010
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