L'avis de l'anonyme, suite : "Ce que fait ce Béarnais est tout simplement énorme"

La suite de la reprise du billet de l'Hérétique, lui même repris d'un commentateur anonyme. Après une première partie sur les militants, l'opinion de notre citoyen ordinaire sur l'homme Bayrou et sa stratégie.

Un mot sur François Bayrou.

Il a bien des défauts, un entêtement insupportable et une haute opinion de lui même qui frise la mégalomanie. Mais ces défauts sont des conditions indispensables en politique, que partagent tous les hommes (et femmes) politiques d’envergures. Il parle trop longtemps à la tribune. Il s’arrête en plein discours au moindre bruit, ça casse le rythme. Il emploie trop souvent le « je » et pas assez le « les français ». En littéraire, il accorde trop peu d’importance au « concept rapide » (« travailler plus pour gagner plus », par exemple) – ce qui explique sans doute que malgré l’existence d’un corps programmatique solide depuis 2006, les médias et les citoyens pense encore qu’il n’a pas de programme.

Mais il a des qualités rares, uniques peut être en cette période de médiocrité politique. Sa stratégie est la bonne, j’en ai la certitude. 71% des français ne croient plus ni au PS ni en l’UMP. Les dernières régionales démontrent que 63% d’entre eux sont en rupture (50% d’abstentions + 3% de bulletins blancs + 10% de vote FN en moyenne nationale). Au premier tour de 2012, il sera le seul candidat de rupture – avec Marine Le Pen. Or Marine Le Pen ne peut gagner au second tour (ne prenons pas les citoyens qui se taisent et qui en ont marre pour des abrutis). Bayrou sera le vote logique de l’explosion.

Le Modem n’a pas grand chose à voir avec le lien que François Bayrou a tissé avec un socle solide de citoyens, non encartés pour la plupart. Son niveau dans les sondages le montre, quasiment inchangé depuis 3 ans – malgré les multiples trahisons, les déstabilisations et les attaques anciens fans frustrés et des militants découragés par la traversé du désert ; malgré le canardage incessant des baraques à planqués à l’UMPS, et des médias attachés au clivage gauche droite.

Bayrou est toujours debout et en piste. Il arrivera sur la ligne de départ en 2012 avec l’image intègre d’un sniper têtu, d’un politique qui croit en ses valeurs, l’image de celui qui a traversé tous les déserts par fidélité en son idée de la France. Il a fort probablement réussi à devenir « poreux » auprès des citoyens du centre gauche à droite. Ce positionnement lui permettra d’attirer les citoyens en rupture – y compris les futurs déçus du leurre Europe Ecologie, une dynamique sans présidentiable fracturé entre une aile verte issue de la gauche traditionnelle et une aile libérale autour de Dany Cohn-Bendit.

Voilà toutes ces petites choses auxquelles ne pensent pas les militants –la stratégie globale, qui n’a rien à voir avec la cuisine locale. Celle de Bayrou est aussi limpide que perfide et risquée – mais elle est brillante. Il connait bien le pays profond : c’est son atout. Il savait que le virage libéral bling-bling pris par l’UMP à partir de 2002 était incompatible avec le fond de l’âme du pays. Il sait que la France n’aime ni les parvenus et ni les jeunes loups qui s’affichent. Il sait que c’est un pays des mots et de la terre. Il sait que le PS est en bout de course, et fracturé depuis le référendum sur la constitution Européenne. Il sait beaucoup plus de choses que bien des observateurs parisiens. Il sent le pays : c’est le meilleur type de leader, qui gouverne avec sa relation « tripale » au fond du pays. C’est pour ça qu’il est tant attaqué, et qu’il fait aussi peur à Sarkoland (« Je préfère affronter Royal que Bayrou au second tour » avait confié NS quelques semaines avant 2007.)

Nous verrons bien en 2012. Je prends rendez vous pour mi-mars : si le Béarnais n’est pas à 16% à ce moment là, alors je me serais planté. N’oublions pas qu’il est le seul à avoir deux fois déjà déjoué les pronostics : en 2002 il commençait sa campagne à 2% pour finir a 6%, en 2007 il commençait à 7% pour finir a 18%.