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Sarah, 23 ans et au régime « made in New Zeland »

Publié le 27 mars 2010 par Leparikiwi

Sarah, 23 ans et au régime « made in NZ »

Peut-on survivre toute une année en n’achetant que du « NZ made » ? Depuis février, c’est la question à laquelle essaye de répondre Sarah Marquet. Son expérience est à suivre sur le net.

Nous sommes en 2010 après Jésus-Christ ; toute la planète est occupée par le « made in China ». Toute ? Non ! Car une irréductible Néo-Zélandaise s’est mis en tête de résister encore et toujours à l’envahisseur. Sarah Marquet, étudiante en journalisme à la University of Canterbury, vit depuis le 6 février avec une potion magique bien particulière : le « NZ made ». Alors que les produits importés font la loi dans les magasins néo-zélandais, la jeune femme a décidé, par simple curiosité, de s’en tenir à des achats locaux. « Jusque là, ça se passe étonnament bien, » me confie-t-elle. « J’ai eu du mal à faire une croix sur les bananes et les chewing-gums – deux produits que j’adore – mais à part cela je m’en sors… »

L’expérience n’est pas si simple qu’il n’y parait. Car il y a « NZ made » et « NZ made ». Que faire, en effet, face à un Coca Cola certes produit en Nouvelle-Zélande mais dont les profits vont aller aux Etats-Unis ? Idem pour le thé glacé Dilmah, confectionné chez les Kiwis par une entreprise sri-lankaise ? Après réflexion face à ce « Dilmah dilemma », Sarah a décidé d’adopter une posture pragmatique, plutôt que radicale. « Je me suis renseignée et j’ai réalisé que la Nouvelle-Zélande doit encourager les investissements étrangers, créateurs d’emplois ici. Donc, pour ce genre de produits, ça passe, » explique-t-elle. « Toutefois, s’il y a une alternative proposée par une entreprise néo-zélandaise, je lui donnerai toujours la priorité ».

Sarah, 23 ans et au régime « made in NZ »

Adieu Heinz, Oreo et fruits exotiques

L’un des principaux enjeux de l’expérience est de savoir si le « NZ made » est compatible avec  un budget limité, comme celui de Sarah. Avec $160 par semaine (84€), l’étudiante ne peut pas se permettre de folies. Pourtant, pour tenir son pari, elle doit parfois acheter des produits deux ou trois fois plus chers que leurs équivalents importés, qu’il s’agisse de tomates, de cahiers ou de collants. Est-ce à dire que le « NZ made » est un luxe de riches ? Sarah a réponse à tout : « Avant de commencer, j’étais du genre à m’acheter un nouveau haut ou des chaussures quand je recevais ma paye. Maintenant que je fais attention à l’origine de mes achats, je me retrouve à faire des économies sur le shopping ! »

Pas si onéreuse que cela, l’expérience est en revanche très gourmande en temps. Quand elle fait ses courses, Sarah observe minutieusement l’étiquette de chaque produit. Une démarche qui suscite parfois la curiosité des autres clients, qui viennent la voir et croient bien faire en la conseillant sur la lecture des informations nutritionnelles. « Quand je leur explique que je m’intéresse plutôt au pays d’origine, certains sont assez interloqués, » constate l’étudiante. Elle passe également de nombreuses heures sur Internet, à chercher ce qu’elle n’a pas pu trouver en magasin. Pour l’aider dans son défi, certains sites proposent une liste de produits fabriqués en Nouvelle-Zélande. C’est ainsi qu’elle a pu trouver des produits de beauté par exemple.

Derrière l'expérience, un acte militant

Derrière l'expérience, un acte militant

Autre activité chronophage : livenzmade.blogspot.com, le blog que la jeune femme a lancé dans le cadre de son expérience. « Je suis surprise de voir à quelle vitesse la machine s’est enclenchée, » avoue-t-elle, sans cacher son enthousiasme ni lésiner sur les « awesome » en guise de ponctuation. Les commentaires affluent sur son blog, de la part d’anonymes mais aussi d’acteurs concernés par la question, qu’ils soient producteurs locaux ou militants associatifs. Les deux responsables de la campagne « Buy NZ made » viennent même de lui proposer un partenariat, qu’elle a accepté – car « on fait la même chose, éduquer les gens sur les problématiques d’économie locale ». A partir de juillet, ses publications seront donc reprises sur le site de la campagne. Côté médias, The Press lui a déjà consacré un article et la revue de développement durable Good lui a ouvert un blog sur son site.

L’étudiante ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Prochaine étape : aller à la rencontre des différentes parties (entreprises, politiques, universitaires…) pour recueillir leurs témoignages et les compiler dans un livre d’ici la fin de l’année. Sarah espère que son action fera avancer la cause du « NZ made », en laquelle elle croit beaucoup : « les entreprises locales ont besoin de soutien, pour faire face aux pris bas et aux dépenses en marketing que peuvent se permettre les grandes entreprises étrangères. Si les gens se mettent à acheter « NZ made », la Nouvelle-Zélande en général en sortira enrichie car, avec ce système, l’argent restera dans le pays. Pour l’instant, ce sont surtout des entreprises étrangères qui se remplissent les poches… »


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