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The ghost writer

Publié le 17 mars 2010 par Egea

J'ai été voir le dernier Polanski, "The Ghost Writer" : encore un excellent film, à voir en VO si vous le pouvez. (pour pratiquer votre anglais, et parce que les doublages, dans un film intelligent, c'est horripilant).

The ghost writer

Et ça vaut le coup

1/ Comme Shutter Island, ça se passe sur une île américaine. Là aussi, un auteur fameux (Polanski contre Scorcese) et une enquête autour d'une star (Brosnan vs Di Caprio). Mais autant l'un est un film psychologique, qui pose la question de la réalité et de l'expérience, autant ce film, Ghost Writer, est une vraie enquête, à la limite de l'espionnage.

2/ Ghost Writer, en anglais, signifie "nègre" au sens écrivassier du mot. Le nègre d'un PM britannique, qui venait de terminer le premier jet des mémoires du grand home, est retrouvé mort par accident. Un nouveau nègre est embauché. Patatras, alors qu'il arrive dans la luxueuse résidence de vacances du Premier Ministre (sur l'île, donc), celui-ci est inculpé par la Cour Pénale Internationale, car il aurait couvert des procédures d'interrogatoire musclé contre des terrorismes présumés. La collaboration se complique donc.

3/ Vous trouverez ailleurs des compte-rendus sur la qualité cinématographique du film (par exemple ici). De même, je ne me concentrerai pas sur la personnalité de Polanski, dont on n'a rien à faire en l'espèce (voir un vieux billet sur "l'affaire Polanski, où je n'en parle pas vraiment, justement). Disons qu'il y a des qualités psychologiques et formelles (le maniement des huis-clos, du déferlement médiatique, des palettes de gris de l'hiver de bord de mer de cette villa contemporaine, minérale et dépouillée... Le dépouillement, tel est le ressort du film : dépouillement de la vie sociale, dépouillement des personnalités, dans les rapports complexes entre le nègre et son modèle.

4/ Mais il y a plus. Tout d'abord, on nous évite tous les ressorts habituels et spectaculaires qu'on nous inflige depuis vingt ans qu'il faut du spectaculaire, du suspense, des effets spéciaux et du "thriller". Pour une fois, pas besoin d'en rajouter pour s'intéresser : rien que pour ça, il faut voir ce film. Un exemple : le héros est interrogé par des policiers: on le devine suspect, on lui retire son passeport, on s'attend à ce qu'il aille en prison... et la scène d'après, on le retrouve dans un hôtel, à attendre que la police le convoque à nouveau : on est loin de ce qu'on voit dans Le prisonnier ou mission impossible... Bref, une simplicité bienvenue, et en même temps habile. Car on est surpris de ne pas être surpris, et l'intérêt se porte ailleurs.

5/ Car évidemment, chacun pense à Tony Blair : PM travailliste, ayant suivi des cours de théâtre comme étudiant, et ayant mené une politique très pro-américaine, la ressemblance est aveuglante. En cela, le film a des relents de géopolitique qui font son intérêt: comment le héros va-t-il avoir un autre destin que notre Tony Blair : va-t-il être inculpé? va-t-on dévoiler un gigantesque complot? autre chose ?

Bref, on est pris. Un film intelligent et convaincant.

O. Kempf


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