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Les Hauts de Hurle-vent – Emily Brontë

Publié le 29 mars 2010 par Dflasse

Les Hauts de hurle-ventVoilà un bouquin très singulier. Etonnant à plus d’un titre. Unique roman écrit vers 1840 d’une jeune anglaise vivant loin de tout, il tranche avec son époque et l’idée qu’on peut se faire de l’imaginaire d’une jeune fille esseulée du milieu du XIXème siècle.

L’histoire, principalement relatée  par une servante retorse et manipulatrice, retrace trois générations de deux familles voisines perdues dans une campagne désolée. Le patriarche des Hauts de Hurle-Vent (c’est le nom d’une des maisons) ramène un jour Heathcliff (un enfant « basané, presque gitan » précise Brontë cela devait être le summum de l’exotisme à cette époque) qu’il traite comme un fils au grand désarroi de son fils biologique qui vit très mal la complicité de son père avec l’intrus. Il tourmentera  Heathcliff au point que ce dernier fuira la maison dès la mort de son bienfaiteur. La fille du patriarche et Heathcliff nourriront entretemps une passion (tout est très platonique chez la jeune Brontë) catalysera la vengeance de Heathcliff.

A priori, il ne s’agirait que d’une déclinaison du thème de la vengeance de Monte-Cristo incarnée par un méchant littéraire qui fait passer les Ténardier pour d’innocents taverniers un peu rustres. Ce qui frappe réellement, c’est l’ambiance macabre et noire qui suinte de chaque page. Ce qui frappe, c’est la violence des propos et des actes (le roman en a choqué plus d’un lors de sa sortie). Ce qui frappe, c’est que le sadisme et le masochisme lient les personnages du roman plus que l’intrigue ou les valeurs familiales. On a envie de crier aux victimes de se révolter, de quitter cette ambiance poisseuse jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’aucune victime n’a rien à envier à son tortionnaire.

Le lieu – la lande – mets en perspective l’isolement des deux familles et balaie toute intervention extérieure. Toute l’intrigue se déroule entre deux maisons espacées de quelques miles. Ce choix renforce les tensions qui traversent les personnages et le lecteur peut se concentrer sur les drames qui se nouent sans se pas à se préoccuper d’influences extérieures.

Les personnages, de Heathcliff jusqu’aux humbles servantes sont tour à tour sadiques, lâches, manipulateurs, fragiles et masochistes. Brontë a son idée bien à elle sur la sélection naturelle. Si le roman a été écrit avant L’origine des espèces de Darwin, nul doute que les thèses évolutionnistes l’ont influencées. Seuls les forts survivent.

Si le style n’évite pas les excès stylistiques propres à l’époque (phrases ampoulées, longueurs, …), le ton et le sujet sont résolument fort modernes. LA volonté d’Emily Brontë d’éviter toute collision avec le monde extérieur rend le roman intemporel. La violence des personnages, même si elle est moins graphique que  certains thrillers contemporains, semble presque anachronique dans  une littérature plombée par les excès de sens de l’honneur, de bravoure et de naïveté.

Une dernière remarque. Lorsque j’ai reçu le livre, il était barré d’un bandeau clamant qu’il s’agissait du livre  préféré de Bella. L’image  qui illustrait cette accroche marketing faisait référence à Twilight qui garnit les bibliothèques des jeunes filles en quête de romantisme. Je n’ai jamais lu  et ne lirai probablement jamais de bluette ayant pour protagonistes une lycéenne amoureuse d’un vampire écrite par une mormone mais nul doute que le public cible de Twilight risque de se trouver fort perplexe en lisant les aventures de Heathcliff.


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