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BDSM* au travail

Publié le 29 mars 2010 par Alain Hubler

BDSM* au travailJusqu’à aujourd’hui, je pensais que, dans les relations de travail avec un employeur, les obligations du travailleur se limitaient à exécuter, en personne, son travail avec soin, à ne pas faire concurrence à son employeur ou à le léser ou encore à ne pas révéler des secrets d’affaires ou de fabrication et enfin à accepter d’effectuer des heures supplémentaires si elles sont exigibles de bonne foi.

Je me suis trompé sur toute la ligne. C’est du moins ce que nous apprend un certain Robert Half, un type qui a l’air vachement important en matière de dans le domaine des professions financières. Un type tellement important que Pierre-Henri Badel, un journaliste qui anime plein de sites dont business-leader.ch, a cru bon de se fendre d’un article traitant de ses conseils avisés.

Robert Half donne donc quelques recommandations pour éviter au travailleur lambda de se faire virer à la première occasion.

Pour commencer, le bon employé se refusera de refuser de nouvelles missions, même si elles sont impossibles ou s’il croule déjà sous le travail et même s’il est au bord du burn-out . Dans le cas contraire, il passera pour un jean-foutre ou un tire-au-cul et ne méritera qu’une chose : la porte. Patrons, grâce à Half et à Badel, vous pouvez continuer à charger le bateau et à faire suer le burnous de vos «collaborateurs».

Un bon employé devra aussi éviter de demander trop d’attention, sinon, il passera pour un incapable, un pleurnicheur ou une mauviette. Le bon employé travaillera en complète autonomie, sans poser de questions. Bref, il se démerdera. Bien évidemment, et cela va sans dire, malgré cela il n’aura pas droit à l’erreur.

Le bon employé devra aussi communiquer de manière appropriée. Ni trop, ni trop peu. Juste assez et surtout selon les désirs du patron qui décidera quand l’employé doit la fermer, quand il doit l’ouvrir et comment : par oral, par téléphone, par courriel, au moyen d’un rapport ou grâce un magnifique Power Point.

Pour un employé, la moindre erreur – «Aucun détail n’est anodin» – pourra être retenue contre celui qui la commet et sera susceptible d’être «interprétée comme étant [un] preuve [d’] incompétence ou [d’] votre manque de sérieux». Même interprétées ces erreurs devront être reconnues – que dis-je : avouées ! – à temps et surtout prestement réparées. Même si le travail confié était insurmontable, même si les questions qu’il se posait n’ont pas obtenu de réponse pour éviter de déranger Monsieur son Patron, même si l’attention qu’il était en en droit d’attendre ne lui a pas été octroyée.

Enfin, le bon employé restera insensible à la rumeur et, bien évidemment il s’abstiendra de colporter des bruits de couloirs. Il faudra donc éviter de porter la moindre attention à la souffrance au travail des collègues. Une souffrance qui ne manquera pas de surgir rapidement avec de tels principes de «gouvernance».

Quant à votre souffrance à vous, on n’en parlera même pas, ce n’est que manque de compétence, besoin excessif d’attention ou manque de volonté. Ne vous en ouvrez surtout pas à un syndicat, sinon vous seriez licencié dans les meilleurs délais pour colportage de ragots.

*Selon Wikipédia : le BDSM, sigle de «bondage et discipline, domination et soumission, sado-masochisme», est un ensemble de pratiques sexuelles marginales, fondées sur une relation consentante de dominant à dominé. Cette domination pouvant s’exercer de façon psychologique et/ou par le biais de contraintes physiques.



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