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Ma très chère Laurence,
A l'heure où je t'écris, le tonnerre gronde furieusement. La pluie, à verse, violente, résonne comme une affligeante complainte...
Je suis mal en point.
Et ma solitude n'a d'égale que le désespoir dans lequel je me trouve.
Hier soir, j'ai voulu t'appeler pour pouvoir t'en parler, mais même cet effort vint à me manquer...
Alors je t'écris.
Je t'écris pour tenter d'exorciser ce malaise qui me chagrine, pour ne pas avoir à crier ma colère et peut-être aussi pour un peu me confier.
Car qui d'autre que toi peut me comprendre ? Qui d'autre que toi arrive à ce point à entendre ma peine, celle-là même qui n'a de cesse de te poursuivre ?
Penses-tu toujours que ce monde n'est pas fait pour nous ? Que nous n'y trouverons pas notre place ?
Crois-tu qu'un jour, nous apprendrons à accueillir à bras ouverts ce que les autres appellent si délicieusement le bonheur ?
Je ne suis pas fier.
Après tant de semaines sans nouvelles de ma part, ce ne sont pas les plus gaies que je te donne ce soir.
J'aurais préféré pouvoir t'envoyer un beau bouquet de "pensées" jaunes et oranges, couleurs plus appropriés à la saison, mais comme tu peux le constater, mon petit jardin secret est plutôt à la tendance noir-obscur en ce moment...
Voilà. Finalement, je n'avais pas grand chose à te dire. J'avais simplement le désir de te faire partager, comme à mon habitude, mes piètres états d'âmes.
Je te suis reconnaissant de toujours me permettre de me sentir moins seul.
Je t'embrasse bien fort.
Armand.