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Ce qui a été dit au cours du débat (du 28 mars 2010) entre les représentants du gouvernement thaïlandais et ceux des chemises rouges

Publié le 29 mars 2010 par Assofi

Ce qui a été dit au cours du débat (du 28 mars 2010) entre les représentants du gouvernement thaïlandais et ceux des chemises rougesDimanche 28 mars à partir de 16 heures, des pourparlers ont eu lieu, à l’Institut du roi Prachadipok, entre le gouvernement d’Abhisit Vejjajiva et des dirigeants de l’opposition.

Jatuporn Promphan, Weng Tohjirakarn et Veera Musikhapong représentaient le mouvement des chemises rouges. Pour la coalition gouvernementale, les intervenants étaient le Premier ministre Abhisit Vejjajiva, Korbsak Sapavasu, le secrétaire général du bureau du Premier ministre, et Chamni Sakdiset, député et secrétaire général du parti démocrate. Les représentants de l’opposition étaient évidemment vêtus de rouge, tandis que ceux du gouvernement étaient habillés en bleu.

La réunion a commencé par une séance de photos, mais les pourparlers étaient retransmis en direct à la télévision. Ce jour (28 mars 2010), il n’y a pas véritablement eu de négociations, mais chaque clan a expliqué sa position. Ce qui suit est un résumé chronologique de ce qui a été dit.

Veera Musikhapong : Nous avons précédemment discuté par médias interposés. Maintenant, nous pouvons nous parler face-à-face. Je remercie le Premier ministre d’être venu. L’objectif des chemises rouges est la dissolution du Parlement. Il n’y a pas eu de conclusion au cours du débat sur la réforme constitutionnelle et une dissolution est la solution.

Abhisit Vejjajiva : Nous voulons que la Thaïlande gagne, et non pas un seul groupe. Nous ne voulons pas d’ennemis et avons des points de vue différents [Veera Musikhapong acquiesce]. Je n’ai jamais refusé de dissoudre le Parlement. La dissolution est normale dans un système parlementaire, mais il faut se poser la question de savoir si la dissolution est la réponse appropriée ? J’ai parlé à nos partenaires de la coalition aujourd’hui pour qu’ils sachent ce qui se passe et vous pouvez être assurés que lorsque vous sortirez d’ici, il n’y aura pas d’ambiguïté dans notre communication. La dissolution n’est pas la même chose qu’un référendum. On peut choisir un parti, mais cela ne signifie pas qu’on approuve les raisons évoquées par ce parti pour réclamer la modification de la constitution. En outre, si nous conservons la constitution actuelle, qu’arrivera-t-il si l’on constate des irrégularités au cours d’une campagne électorale qui entraîneraient la dissolution d’un parti et l’inéligibilité de candidats ?

Veera Musikhapong : Nous voulons que le Premier ministre admette que le coup d’État et ce qui s’est passé après, les ordonnances de la junte et la constitution constituent le problème. Il existe des différences de traitement entre maintenant, sous le gouvernement d’Abhisit Vejjajiva et avant, sous celui de Samak Sundaravej. Samak Sundaravej a demandé l’aide des militaires, mais ils ont refusé. Mais actuellement, l’armée protège le gouvernement en place.

Abhisit Vejjajiva : Tout le monde veut une démocratie pure à 100 pour cent, mais comment pouvons-nous atteindre ce but ? S’il y a dissolution, y aura-t-il encore un problème ? Tous les problèmes n’ont pas commencé avec le coup d’État. Somchai Wongsawat et Samak Sundaravej ont été confrontés à des problèmes eux aussi. Le Parlement était d’accord pour modifier six dispositions de la constitution, mais le parti Pheu Thai a manifesté son désaccord. Sur ce, il y a aussi l’influence de quelqu’un dont je ne veux pas parler d’une manière négative en son absence [Abhisit Vejjajiva fait allusion à Thaksin Shinawatra].

Jatuporn Promphan : J’étais à la réunion du parti Pheu Thai. Ce n’est pas à cause de Thaksin que le parti n’était pas d’accord. Nous voulions le retour de la constitution de 1997 et ne croyions pas que le processus des six dispositions allait dans ce sens. En outre, vous devriez vous rappeler, monsieur le Premier ministre, que votre parti a également voté pour le rejet de l’amendement de la constitution. Le parti démocrate s’est désormais fixé un objectif de 280 députés [sur 480 ; il s'agit d'un objectif fixé au cours d’une réunion des démocrates samedi 27 mars 2010]. Par conséquent, vous pouvez dissoudre le Parlement et vous gagnerez. Si le parti Pheu Thai perd l’élection et que les Thaïlandais choisissent majoritairement des élus démocrates, nous aurons échoué. Cela signifiera que le peuple vous veut et qu’il rejette les solutions du parti Pheu Thai.

Chamni Sakdiset : Je n’avais pas imaginé qu’il pourrait y avoir un autre coup d’État après celui de 1991. Comment pouvons-nous modifier ensemble cette constitution ? Je ne vois pas comment nous pourrons obtenir des réponses sur ce qui devrait être modifié dans la constitution après une élection.

Weng Tohjirakarn : Ce que nous voulons, c’est la démocratie réelle pour les Thaïlandais et l’établissement d’une monarchie constitutionnelle comme au Royaume Uni. Je n’ai pas toujours été d’accord avec Thaksin Shinawatra, mais son gouvernement était issu d’une élection. Nous avons subi un coup d’État et des « organismes indépendants » ont été mandatés par les responsables du coup d’État. Le général Anupong Paochinda, commandant en chef des armées, a refusé de faire appliquer l’état d’urgence quand Samak Sundaravej s’est trouvé en difficulté, et lorsque le gouvernement de Somchai Wongsawat a demandé aux militaires de l’aider à maintenir l’ordre à l’aéroport, l’armée a laissé la situation se dégrader sans réagir. Mais maintenant, Anupong Paochinda envoie des troupes pour protéger Abhisit Vejjajiva. L’armée vous a aidé à devenir Premier ministre. Cette influence extérieure signifie que vous êtes devenu un élément de l’ammat (ordre aristocratique). Une élection doit donner le pouvoir au peuple. Le budget militaire a augmenté de façon spectaculaire après le coup d’État [de 80 à 140 milliards de bahts]. L’armée a gagné trop de pouvoir. Le référendum sur la constitution de 2007 a eu lieu lorsque la moitié du pays était sous la loi martiale, et le gouvernement, avec le soutien de l’armée, a alors dépensé des milliards pour inciter les gens à voter « oui ». Comment un référendum peut-il être considéré comme légitime lorsque le peuple vote en présence d’hommes en armes. La constitution de 2007 permet de punir un parti et ses dirigeants pour les fautes d’une seule personne. Peu importe sur qui s’applique cette sanction, ce n’est pas juste. La constitution de 2007 donne le pouvoir à sept personnes de nommer 74 sénateurs.

Abhisit Vejjajiva : Vous mentionnez le Royaume-Uni comme modèle du système politique que vous voulez en Thaïlande, mais, au Royaume-Uni, il existe une législation qui définit des limites pour les manifestations publiques, et au Royaume-Uni, on n’aurait pas permis aux protestataires du mouvement des chemises rouges d’agir comme ils l’ont fait. Nous avons besoin d’une feuille de route [il utilise le terme anglais de « road map »] pour faire évoluer le pays. Nous avons besoin d’effectuer des changements durables, et non pas d’appliquer des solutions de fortune jusqu’à la prochaine élection. [Il s'adresse désormais à Tohjirakarn] Dans vos années de combat pour la démocratie, est-ce qu’un autre Premier ministre s’est déjà assis en face de vous pour discuter ? Je vous fais remarquer que je n’ai jamais accusé quiconque d’être responsable des récents attentats.

Jatuporn Promphan : Nous ne devrions pas nous éloigner du sujet aujourd’hui. Ce que nous voulons, c’est la dissolution. Je vous rappelle, Monsieur Vejjajiva, qui vous aviez vous-même demandé la démission de Samak Sundaravej. Par ailleurs, puisque vous évoquez le caractère illégal des manifestations, avez-vous porté le même jugement et rendu visite aux protestataires quand l’Alliance du peuple pour la démocratie (People’s Alliance for Democracy ou PAD) a pris possession de la Maison du gouvernement ? Nous n’avons qu’une seule demande, contrairement à Thaksin Shinawatra, qui en a de nombreuses, et c’est la dissolution du Parlement. Si vous ne le dissolvez pas, nous continuerons notre lutte, mais je vous assure que nous ne prendrons pas possession d’un seul édifice gouvernemental. Encore une fois, notre unique souhait est la dissolution du Parlement, et que vous [il s’adresse à Abhisit Vejjajiva] allez faire cela ?

Abhisit Vejjajiva : Certaines personnes me disent que je ne dois pas dissoudre le Parlement, mais je suis venu aujourd’hui pour discuter avec vous. Il y a beaucoup d’autres gens qui ont une opinion aussi. En tant que Premier ministre, je dois tenir compte de l’avis de tout le monde. Il y a aussi ceux que vous appelez les « faux rouges » et qu’arrivera-t-il alors s’ils veulent nous mettre des bâtons dans les roues ? Nous devons définir un cadre pour de nouveaux pourparlers. Avant une éventuelle dissolution, il nous faut d’abord nous mettre d’accord sur les modifications à apporter à la constitution. Nous pouvons nous réunir à nouveau demain si nécessaire.

Jatuporn Promphan : Combien de temps ce processus de révision de la constitution va-t-il prendre ? Nous avons déjà perdu plusieurs mois et cela n’a abouti à rien. Nous ne sommes pas d’accord pour modifier la constitution avant la dissolution du Parlement. Nous voulons d’abord une élection. Nous ne croyons pas que des amendements peuvent être adoptés maintenant, car il y a trop de divergences [entre la position du gouvernement et celle de l’opposition]. Si nous obtenons la dissolution, nous ne ferons pas obstruction au parti démocrate [dans sa campagne électorale].

Veera Musikhapong : Les problèmes ont commencé avec le coup d’État. Il était anticonstitutionnel. Les conflits actuels entre les chemises rouges et le gouvernement sont le résultat du coup d’État. Nous voulons modifier la constitution, mais cela ne se fait pas. Aucun référendum n’a été proposé. Il n’y a pas de discussion sur ces points au Parlement. S’il y a dissolution, nous recommencerons tout à zéro et les partis politiques pourront proposer leurs amendements à la constitution durant la campagne électorale. Une campagne électorale, c’est comme un référendum.

Abhisit Vejjajiva : Je me suis opposé au coup d’État, peu importe les justifications avancées pour son déclenchement. Il a engendré une situation problématique, mais les difficultés ont commencé avant, dès 2005 [Abhisit Vejjajiva prend grand soin de ne pas mentionner le nom de Thaksin Shinawatra]. Il y a eu des ingérences dans les actions d’organismes indépendants. Il y avait déjà des problèmes avec la constitution de 1997 et tous les partis ont convenu de l’amender alors au milieu de l’année 2006. D’autre part, la constitution de 2007 présente plusieurs bonnes choses. Beaucoup de gens souhaitent l’amender, mais tout le monde n’est pas d’accord sur ce qu’il faut modifier. Il est appréciable d’entendre Veera Musikhapong assurer que les chemises rouges accepteront tout résultat découlant d’une élection.

Korbsak Sapavasu : Nous devrions parler de ce que nous pouvons faire pour continuer. Je conviens qu’il est difficile d’amender la constitution. Vous dites que nous pouvons avoir une dissolution, puis une élection, et ensuite, le gagnant de l’élection pourra alors proposer des amendements à la constitution. Toutefois, est-ce qu’un seul parti remportera la majorité lors de la prochaine élection ? Les principaux partis auront probablement encore besoin de discuter avec les partis minoritaires sur la modification de la constitution. Le Premier ministre doit se rendre demain matin (29 mars 2010) à l’étranger. Nous pouvons reprendre notre débat demain soir. Je peux parler avec Weng Tohjirakarn (s’il est d’accord) dans l’intervalle.

Jatuporn Promphan : Peut-on avoir une pause toilette et discuter quelques minutes entre nous ?

[Korbsak Sapavasu donne le signal pour une pause, mais Weng Tohjirakarn commence à parler. C'est juste une resucée partielle de ce qu'il a dit précédemment, Abhisit Vejjajiva lui répond et une pause de cinq minutes a lieu. Au retour, c’est Chami Sakdiset qui reprend la parole.]

Chami Sakdiset : Nous sommes en désaccord sur ce qu’il faut faire en premier, amender la constitution ou prononcer la dissolution du Parlement.

Veera Musikhapong : Nous voyons les choses différemment sur ce sujet. Nous devrions arrêter là pour l’instant, en parler entre nous, puis revenir pour en débattre ensemble.

Abhisit Vejjajiva : Nous ne sommes pas en complet désaccord. Nous pensons simplement que nous avons besoin de régler certaines choses avant une éventuelle dissolution du Parlement.

Jatuporn Promphan : La dissolution devrait avoir lieu dans les deux semaines qui viennent. Nous pouvons encore discuter ensemble demain.

Abhisit Vejjajiva : Nous avons fait tout ce que nous avons pu pour aujourd’hui.

[Abhisit Vejjajiva doit se render à Brunei le lendemain matin et rentrera vers 17 heures. Les deux parties acceptant de reprendre les discussions à partir de 18 heures demain.]


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