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J.L. Mélenchon sur tous les fronts médiatiques

Publié le 31 mars 2010 par Vogelsong @Vogelsong

J.L. Mélenchon n’a pas fini de s’en prendre au système médiatique, surtout lorsqu’on le prend à brûle-pourpoint. Cette fois, c’est au tour d’un étudiant en sciences politiques d’essuyer les amabilités d’usage du tribun de la gauche de la gauche. Qu’on se le dise : « quand on vient voir [J.L.Mélenchon], il vaut mieux être prêt et avoir bossé »… Manifestement, l’élève journaliste ignorait le contexte antérieur et avait dans l’idée qu’il lui était possible, avec ce qu’il faut de « provoc’ », de titiller le leader du Front de gauche. Mais l’expérience a vite tourné court, au grand dam de l’apprenti reporter. Au-delà de l’altercation, la fureur et l’indignation du fondateur du Parti de Gauche sont bien réelles : elles traduisent la fracture profonde qui se creuse entre le parler-vrai du tribun du Front de Gauche et la langue de bois trop souvent en vigueur dans la sphère médiatique.

Stratégie médiatique

Qui s’y frotte s’y pique : à l’instar de la stratégie mitterrandienne de 1974 à l’égard de l’ORTF, J.L Mélenchon…(suite de cette partie sur le blog de Reversus)

Réflexes corporatistes

J.L. Mélenchon sur tous les fronts médiatiques
Les réactions ne se sont pas fait attendre. La profession (presque) à l’unisson crie au scandale. Car la bienséance est de rigueur quand on côtoie un journaliste, de quelque niveau que soit le gratte-papier en question. Entre gargarismes et plaisanteries graveleuses, la twittosphère se gausse des écarts de langage du tribun du peuple. Les émissions télévisées repassent en boucle la séquence, prenant bien soin de la tronquer comme pour mieux formater le message. Pour paraphraser Baudelaire, qu’importe le contexte pourvu qu’on ait l’ivresse d’un lynchage en règle…

Pour résumer : dans cette interview, J.L.Mélenchon rudoie un élève scribouillard qu’il aurait peut-être pu gentiment reprendre, lui expliquant au passage son futur (ou supposé) métier. Seulement voilà, ce n’est pas là son rôle. Et c’est toujours avec un certain effarement que l’on observe la presse s’ébattre lorsqu’elle s’effarouche d’une brusquerie commise envers l’un des leurs, alors qu’elle-même abreuve à dessein et sans états d’âme les pages et les écrans de la barbarie banalisée (cf. Libération et les images trash des attentats de Moscou, etc…).

Là où le bât blesse, c’est que lorsqu’on porte un projet politique, on ne peut pas rompre entièrement avec les médias. Risquer la mise au pilori, dans l’état actuel de la citoyenneté, c’est à terme signer une hypothèque sur sa disparition. D’autant plus qu’on finit souvent par fait cavalier seul, V. Peillon l’a expérimenté à ses dépens (l’appareil socialiste, beaucoup trop dépendant de son exposition médiatique, n’avait pas soutenu le député lors de ses déboires avec A. Chabot). Mais dans sa croisade médiatique, J.L Mélenchon a trouvé dans le web un allié unique et indispensable pour contourner les vieux médias croulants. Débrouillard, il a rapidement transformé son blog en une plateforme lui permettant de véhiculer son message, de fédérer ses troupes et de se frayer un accès direct vers le citoyen. Sur son fief numérique, sa plume se ballade au gré des rencontres, laissant transparaitre un humanisme, certes radical, à celui qui se donne la peine de le relever. J.L Mélenchon se laisse aller à des digressions et à des confessions, il bat le tempo, et personne ne voudrait tronquer son propos, ni le cantonner à un rôle de polémiste dont on l’a trop souvent affublé… Concernant cette récente (et passagère) polémique, ce que personne n’en retiendra (comme toujours peut-être), c’est le sérieux et le respect que J.L. Mélenchon a malgré tout porté à sa victime. Celle-ci n’a pas à expier pas les fautes de ses aînés : au contraire, elle a eu là l’occasion de constater, peut être pour la première et dernière fois de sa carrière, ce qu’il en coûte de dire n’importe quoi. En d’autres lieux, une telle interview se serait conclue par des sourires et des accolades paternalistes entre le vieux briscard et le reporter en devenir : aurait-ce été une solution préférable ?

Tenir en respect le jeune journaliste impertinent est une seconde nature pour tout politicien digne de ce nom. Pour une fois dans sa carrière, F. Briaud aura au moins connu la piqûre froide qu’appelle le manque de pertinence, que les marionnettes des grands médias s’autorisent beaucoup trop régulièrement. Vérité glaciale de ses propres lacunes mises aux quatre vents par un interlocuteur sans concession, ce qu’on a pu appeler « cruauté » est dans ce cas de figure la marque d’une certaine humanité, celle de l’homme qui respecte assez son interlocuteur pour lui interdire la stupidité.

Reversus & Vogelsong – 31 mars 2010 – Paris

Mélenchon et les Médias


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