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Burqua, fast-foods, déficits : pot-pourri de fin de mois

Publié le 31 mars 2010 par H16

C’est le dernier jour d’un mois de mars bien rempli. Marquée par une terrible catastrophe maritime et la perte, dans une mer médiatique déchaînée, de millions d’électeurs, l’actualité aura rebondi de pignouferies en affaires gonflées et gonflantes sur le bon goût, les tabous et ce qu’il faut dire ou taire en société. Gageons que le mois d’avril se montrera à la hauteur du mois qui s’achève.

En attendant le chocolat de Pâques, et histoire de terminer le mois convenablement, je vous propose un menu Revue De Presse comprenant une Pignouferie Rapide sur son lit de petits oignons frits, un Camouflet De Plus aux grosses légumes sauce aigre-douce, et Un Bobard Vite Oublié flambé au Grand-Marnier. C’est roboratif, ça tient au corps, mais il faut bien ça dans ces temps de crise pour se remonter le moral, une fois de temps en temps. A table !

Pour la Pignouferie, il me suffira de me rendre chez l’un de mes fournisseurs officiels, la presse française. J’aurai pu, ici, choisir la pâtisserie bavaroise, du lourd, du costaud, de l’étouffe-chrétien en parlant des dernières éructations de Jean-Luc Mélenchon dont toute la presse bruisse actuellement : un (futur) trou-du-cul journaliste a été pris à partie par le trou-du-cul politicien. Combat typique entre les deux faces de la même pièce : le pouvoir de manipuler les foules qui bouffe le nez au pouvoir de manipuler les foules, ça finit toujours par donner des effets d’abîme assez intéressants, comme lorsque deux miroirs se regardent l’un l’autre dans une fascination infinie.

Il s’agit ici de la parfaite illustration de la nullité crasse des journalistes d’un côté et de l’insupportable arrogance des politiciens de l’autre. Tout est dit, fermez les bancs. Pour ma Pignouferie, je vais plutôt m’attarder sur ce petit article du Monde qui explique, doctement, que Manger Trop C’est Mal, et même pire, la malbouffe serait addictive !

Burqua, fast-foods, déficits : pot-pourri de fin de mois

A la fois original et subversif tant cette idée est méconnue actuellement, il mérite qu’on s’y attarde : à l’instar du Méluche et du Sciencepipo qui se bouffent le nez, cet article illustre tout à fait la médiocrité d’une pensée journaleuse complètement convenue, disponible à portée de main sur les étagères du prêt-à-penser, mais aussi un phénomène moins visible et plus constant, véritable bruit de fond sociétal qui ronronne les mêmes conneries abrutissantes sur tout ce qu’il faudrait faire ou interdire pour empêcher les gens de se nourrir autrement qu’avec de la bonne salade bio sans vinaigrette.

Au départ, une étude scientifique tend à prouver que des rats, en captivité, qui se font chier … comme des rats en captivité, et qui disposent d’une quantité illimité de nourriture très grasse et totalement inadaptée à leur régime alimentaire normal et apport calorique optimal, finissent par grossir et s’alimenter de façon compulsive même lorsque des chocs électriques pour les en empêcher leurs sont infligés (que fait la SPA ?!).

Bouleversifiant, non ?

En réalité, c’est le dernier paragraphe qui démontre très bien le rôle actif du journaliste dans le bruit de fond sociétal irritant. En un quadruplet de phrases, on a à peu près tous les poncifs jetés à la face du lecteur qui passait par là, et qui se retrouve donc molesté par cette agression sauvage de bêtises folliculaires :

Les études menées sur le rat n’en permettront pas moins de mieux comprendre les mécanismes biologiques à l’œuvre dans l’apparition de l’obésité. Et peut-être de développer des thérapies contre ce fléau moderne, dont les effets délétères coûtent désormais près de 150 milliards de dollars par an aux Etats-Unis. Un gouffre financier auquel M. Obama s’est attaqué à sa manière : d’après le texte de loi réformant l’assurance-maladie américaine qui vient d’être voté, tous les fast-foods et chaînes de restaurants possédant au moins 20 emplacements dans le pays devront, dès 2011, afficher le nombre de calories sur leur carte, leur ardoise ou sur les produits vendus en drive-in.

Tout est dit : en surgavant des rats, on devrait pouvoir mieux comprendre l’obésité (Ah bon ? Diable !) qui coûte un max de thune à l’Etat – qui est pourtant super-gentil et s’occupe si bien de tous. Et heureusement, Obama a fait le nécessaire – on entend les pompom-girls ânonner « Obama, Obama » dans le fond – et l’affichage des calories sur les produits résoudra le problème, c’est évident.

Consternance et stupéfacture ! Le nombre de calories est déjà affiché sur les menus McDo en Europe, et … ça n’a rien changé !

Horreur et fourchette en plastique ! Le gouffre financier de l’assurance maladie l’est d’autant plus qu’il est collectivisé (même aux USA, oui oui) et là encore, en France, on sait de quoi on parle question gouffre, collectivisation et système de santé qui part en quenouille.

Enfer et damnation ! L’obésité est beaucoup plus provoquée par la présence de sucres et d’acides gras saturés que par toute autre chose, et, pire que ça, ce ne sont pas les fast-foods qui sont les principaux pourvoyeurs de ces éléments. D’ailleurs, MacDo existait déjà il y a 50 ans, … et le nombre d’obèses n’a réellement commencé à grimper que sur les vingt dernières années [le graphique vient d'ici].

Bref, nous avons ici un magnifique exemple de « Je Vais Faire Un Peu De Politique Sur Le Dos D’une Étude Scientifique Sans Rapport », tout à fait dans l’air du temps : le journaliste, pour être efficace dans un torchon comme Le Maônde, se doit d’exporter ses opinions politiques, habilement travesties dans une petite chronique « scientifique » indolore. Il n’y manquait plus guère que le « Votez Obama » en bas pour bien enfoncer le clou.

A présent, attaquons nous au Camouflet De Plus.

Ici, nous sommes en terrain connu. Le gouvernement sait exactement ce qui l’attend, et se prépare fébrilement à la petite dégelée constitutionnelle qui l’attend. Pour un camouflet réussi, il suffit de suivre la recette suivante :

  1. Sondez les cœurs et les âmes, de préférence en remuant un peu les tripes et la partie nauséabonde qui ne sent pas bon près du colon. Le sujet peut porter, par exemple, sur l’islamizassionrampantedelasossiété.
  2. Touillez un peu, et commandez un ou deux rapports. Il faut que ça discute. Pour le cas qui nous occupe, on pourra commencer à faire débattre, de préférence violemment, sur la nécessité d’interdire la burqua. Le débat doit être tout sauf calme et pondéré. Il faut des noms d’oiseau, des grands principes grandiloquents, des tribuns acharnés et de la peur.
  3. Préparez une loi, et demandez avant son avis au Conseil d’État. Celui-ci va vous dire : Vaudrait mieux pas.
  4. Insistez, allez jusqu’au bout de la démarche. Présentez un texte mal torché, ambigu et anticonstitutionnel, rigoureusement inapplicable dans la pratique. Pendant ce temps, la situation du pays se dégrade sur tout le reste, mais au moins, tout le monde ne parle plus que de ce projet passionnant.
  5. Grosse baffe constitutionnelle. Parallèlement, la France continue de creuser son déficit, décontractée.

Vous voyez, c’est assez simple. La seule difficulté consiste à s’acharner bien comme il ne faut pas, surtout après une élection torride, où l’on aura été préalablement grillé dessus/dessous, comme au restaurant.

On attend avec impatience le résultat final et l’embrouillamini juridico-législatif qui en découlera, ainsi que le rétropédalage olympique qui accompagnera la déconfiture générale sur le sujet.

Rappelons au passage que tout ceci concerne un nombre très limité de personnes et que le ratio ( nombre de journalistes + nombre de députés & sénateurs ) * somme dépensée / (nombre de burquas portées sur le territoire) rend l’ensemble de l’opération particulièrement coûteuse. Mais bon, ça tombe bien, l’Etat nage dans le fric actuellement.

Et puisque nous parlons gros sous, justement, c’est le moment d’aborder le dessert, le Bobard Vite Oublié. Il ne faudra pas aller le chercher bien loin, puisqu’il est en cuisine et que c’est devenu un très grand classique de la gastronomie gouvernementale : selon Barouin (Barouin qui ? Barouin, le nouveau ministre du budget en remplacement de Woerth) le gouvernement va adresser un message très fort, vraiment couillu de chez couillu, avec des poils et de la testostérone, quelque chose qui va faire vraiment mal, pour une  – bruit de dégonflement, ici – inflexion du déficit.

Barouin triste arrive, Woerth heureux s'en va...

Oui oui. Inflexion. Pas « annulation », mais « inflexion ». En gros: on va creuser moins vite.

Vraiment, ça, c’est de la nouvelle de chez Nouvelle Inc. (filiale Demaerd™, cela va de soi). Et c’est pour quand ? Pour dans tout de suite maintenant, comme dans « Franchement, plus de temps à perdre, capitaine, on doit s’y mettre un bon coup maintenant ! », hein ?

Oh non, surtout pas. C’est pour dans deux ans, entre 2011 et 2013, quand la catastrophe les élections seront passées.

Le reste de le … la… disons l’annonce, faute d’un mot mou et inconsistant, se résume à ceci : on va « favoriser la reprise« , avec un « déficit public … légèrement moins élevé que les 7,9% du PIB prévus« .

Une tuerie, je vous avais dit, avec des gros muscles et du combat au finish.

Je me demande à quel point cela doit être frustrant, pour un Barouin encore jeune, de passer pour un vieux cave gris, terne et aussi médiocre. Je me demande aussi comment on peut présenter, les sourcils froncés d’une détermination achetée en solde au Prisu du coin, un plan truc machin économique aussi mou du bidon comme une réelle avancée vers une gestion vaguement correcte d’un pays qui chie par tous ses pores de l’argent emprunté par dizaines de milliards depuis trente ans.

Barouin, nouveau clown aux Finances

Comment peut-on encore imaginer une seule seconde tromper qui que ce soit en France sur la capacité de l’Etat à respecter ces balivernes mollassonnes, à moins d’être totalement shooté à la novocaïne gouvernementale qui permet de s’éloigner rapidement des contingences matérielles du vulgus pecum ?

Côté journalistes, comment peut-on rester de marbre dans ces conférences de presse où sont présentés les mêmes navrants mensonges depuis trente ans, sans s’écrier, en ayant coché tous les mots-clefs de son Bercy-Bingo, un grand « Foutaises ! » devant l’assemblée médusée par cet accès soudain de franchise et de bon sens ?

Ma conclusion personnelle, vous la connaissez : rien ne modifiera la course économique du pays vers le fond de l’abîme.

Cet état est foutu.


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