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Voiture électrique pour fausse solution

Publié le 31 mars 2010 par Chezfab
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De plus en plus, de la droite made in Borloo à la gauche façon Royal, en passant par les écologistes tendance Cohn Bendit, nous sommes mis face à une affirmation péremptoire : l’avenir du déplacement est dans la voiture électrique et rien d’autre.

Déjà, notons donc au passage que ces grands penseurs de la politique, autoproclamés écologistes d’envergure « je sauve le monde d’une main », sont tous pour le maintien d’une société de la bagnole. Ignorant par là superbement les dérives (plus larges que la simple pollution ou dérèglement climatique) qu’elle a entrainé. A croire qu’ils n’ont jamais lu André Gorz (A lire dans Ecologica, son dernier livre, ou chez les Renseignements Généreux ). En même temps, difficile de leur demander de structurer leur pensée mentale à ces politiques, leur but étant le gain du pouvoir et… rien d’autre.

Donc, la voiture éclectique serait la panacée. Au point que certains nous affirment qu’elle éviterait même des guerres (comme elle n’a pas besoin de pétrole) et permettrait donc d’être… un vecteur de paix !

Pourtant, ces affirmations, de teneur écologique ou pour la paix, ne résiste pas à un examen rigoureux des choses. D’ailleurs, le site Basta consacre deux excellents dossiers à ces bijoux technologiques que sont, d’après leurs zélateurs, les voitures électriques.

Ainsi, dans le premier dossier, intitulé « Les dessous de la voiture éclectique », c’est leur propreté qui est explorée. Et comme nous pouvions le craindre, nous sommes loin de l’efficience environnementale tant vantée.

Cela commence au niveau du CO2 : « Selon une étude de l’Ademe (Agence de développement et de la maîtrise de l’énergie) publiée en juillet 2009, le bilan en émissions du véhicule électrique – environ 126 g de C02 – serait équivalent à un véhicule classique. « Le facteur CO2 de la production d’électricité est l’élément sensible ». Voilà un premier couac de taille, le véhicule électrique ne permet pas d’aider à la baisse réelle du Co2 et donc ne participe pas réellement à empêcher le dérèglement climatique. Pourtant il est plébiscité y compris par la « tête de liste » d’Europe Ecologie pour ce point là… Lobbying intensif qui a dû faire son effet sans doute. Mais nous pourrons apprendre plus loin que « c’est en amont que le problème se pose : la recharge des véhicules s’appuierait en France sur « un mix énergétique moyennement émetteur », avec des pertes importantes lors des étapes de production, d’acheminement et de chargement de l’électricité. Au-delà des critiques sur les émissions de carbone, le réseau Sortir du Nucléaire dénonce « un parc de voitures électriques responsables de toutes les tares du nucléaire [dont les déchets, ndlr] », si les batteries étaient amenées à être rechargées sur le secteur. » … Carbonée et nucléarisée, voilà la voiture du futur ! Et c’est cela que l’on nous présente comme écologique…

« Le carbonate de lithium, composant le plus important des batteries actuelles, constitue une ressource essentielle pour la filière. Clé de voûte du mode de vie occidental, le lithium sert également à fabriquer les batteries des téléphones, ordinateurs portables, appareils photos et autres GPS. Ses réserves, concentrées dans quelques pays et diluées dans les océans, font l’objet d’un début de guerre commerciale. ». C’est ici le second point inquiétant, la voiture se retrouve à être dépendante du lithium, métal rare, qui est déjà dans bien des produits d’usage courant, mais en quantité limité sur la planète. C’est d’ailleurs le sujet du second article de Basta ! : « Guerre commerciale autour du Lithium ».

Nous apprenons dans celui-ci plusieurs choses fortement intéressantes, comme le fait que la Bolivie est appelée « L’Arabie Saoudite » du Lithium car elle détient à elle seule 40 % des réserves mondiales avec 5,4 millions de tonnes de lithium selon l’Institut américain de veille géologique.

Mais aussi que « D’autres pays de la Cordillère des Andes possèderaient également en grande quantité du lithium, composant essentiel pour la fabrication des batteries nouvelle génération. Les lacs salés du Chili et de l’Argentine concentreraient respectivement 20 et 13 % des réserves de lithium. Aux côtés du Chili, la Chine est devenue depuis 2008 l’un des premiers producteurs de lithium grâce aux réserves de sel tibétaines. »

Tout cela entraine un bouleversement des rapports de force au niveau mondial. D’autant plus que pour« les Etats-Unis les réserves seraient de 410.000 tonnes. ».

Et c’est donc l’ouverture d’une guerre économique qui commence autour de cette ressource. Guerre économique pour l’instant qui pourrait bien tourner à la guerre tout court assez vite, comme pour le pétrole. Exemple avec le Tibet et la Chine… Facteur de paix vraiment la voiture électrique ?

Et d’ailleurs, pour enfoncer le clou, nous ne pouvons qu’approuver la fin de l’article : « La question de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises dans l’extraction du lithium ne semble pas, elle, être à l’ordre du jour. ».

Revenons à l’article précédent, et continuons à explorer un fait que, souvent, les politiques des solutions faciles oublient : la voiture est chronophage et énergivore, y compris la voiture électrique. Ainsi « quelle autonomie ? Celle-ci oscillerait entre 100 et 200 kilomètres. « Le véhicule électrique présente un avantage environnemental certain en circulation urbaine et périurbaine », confirme l’Ademe. Mais il faudrait compter actuellement environ une demi-heure pour recharger une batterie sur des bornes à haute tension, 8 heures sur une prise standard. Le principal obstacle au développement de la voiture électrique réside donc dans les infrastructures, en particulier l’équipement massif des villes en bornes électriques ». Voilà donc une affirmation inquiétante : va-t-on encore et toujours aménager la ville pour la voiture avant l’humain ? C’est à craindre… Mais nous voyons bien aussi le problème entre Kilomètres pouvant être faits et temps de charge…

Mais ce qui est minimisé, c’est le cout énergivore des « recharges flash », c'est-à-dire immédiates. Comme souligné :  « L’Ademe relève les risques des recharges rapides extrêmement énergivores. « Si on recharge un véhicule électrique sur une prise pendant 7 ou 8 heures, c’est en gros un chauffe-eau électrique, soit environ 3 kilowatts, rappelle Benjamin Dessus de l’association Global Chance. Si on le fait en une heure, c’est 30 kilowatts c’est à dire la puissance dépensée par un immeuble. Et si vous voulez le faire en trois à quatre minutes, c’est un quartier de Paris. » Par conséquent, si des dizaines de milliers de voitures effectuaient en même temps une recharge « flash » de seulement quelques minutes, l’appel serait tel sur le réseau que la production nationale pourrait ne pas suffire. ». Rien que cela ! Et qu’est ce qui se profile du coup ? Encore et toujours la construction de nouvelles centrales électriques, surement nucléaires. Et là se pose donc la question entre permettre de se déplacer égoïstement (c'est-à-dire de façon non collective) et avenir de la planète…

Mais ne vous en faites pas, « coté gouvernement, on mise sur « une gestion intelligente du réseau », autrement dit des charges lentes, la nuit, à domicile ou au bureau, qui permettraient de « lisser » la consommation. » C’est presque une blague, mais non, ils osent dire cela. Comment croire que si l’on met à disposition du « flash » les particuliers préfèreront attendre une nuit ?

Nous le voyons, la voiture électrique est très loin d’être la solution aux déplacements de demain. Seule une politique de collectivisation réelle (que ce soit par le train, les véhicules partagés, les transports urbains et périurbains) peut amener une avancée pour changer l’avenir. La solution individualiste, productiviste et ne remettant pas en cause fondamentalement notre mode de vie ne peut apporter d’avenir. Et c’est pourtant celle-ci, peinte de croissance verte, que la majorité des politiques nous vendent.


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