Magazine

4L Trophy témoignage des Crevettes du désert !

Publié le 08 mars 2010 par Julie95110

Le 4L Trophy est terminé et tout le monde est revenu sain et sauf du désert. Pour l’occasion j’ai eu la chance d’interviewer l’équipage des Crevettes du Désert, un duo 100% filles composé d’Amélie et de Sophie, 20 ans toutes les deux…

Coucou les filles, alors racontez nous un peu le parcours que vous avez effectué

Nous sommes parties le jeudi 18 février du Stade de France à Paris. Nous avions rendez-vous 2 jours plus tard à Algéciras à 15h, dernier délai pour le briefing général. Nous nous sommes arrêtées avec deux autres équipages à Saint Jean de Luz pour une nuit réparatrice avant les 16 heures de route qui nous attendaient le lendemain!
Pour la première fois depuis le début du raid, l’ensemble des 4L était réuni (celles de Bordeaux et de Paris). Nous étions 1 200 équipages lors du briefing où on nous a expliqué le parcours du raid, ça promettait d’être folklorique!

Nous avons pris le bateau le dimanche à 4h du matin pour arriver enfin au Maroc. Après une dernière journée de route, nous avons dormi dans l’Atlas, les montagnes marocaines, où il a fait presque -9°C. La plupart d’entre nous avions décidé de dormir dans les voitures car le vent nous a empêché de monter les tentes.
L’enfer des pistes a commencé ensuite, nous avons retrouvé le bitume le vendredi de la semaine suivante pour retrouver Marrakech et une bonne douche!

Amélie, comment as-tu eu l’idée de participer à ce rallye ?

Normalement, je ne suis pas trop mécanique, voiture, etc. mais dans le cadre de nos activités associatives à l’école, on nous a parlé du 4L trophy. Un raid au Maroc, en 4L à tendance humanitaire ça donne envie surtout quand on ajoute que 2 000 étudiants européens y participent chaque année!

J’ai décidé de faire équipe avec une amie, nous étions dans la même classe lors de notre première année à l’EDC. On s’est d’abord lancé l’idée comme ça et finalement on a réussi à s’y mettre sérieusement. Au fur et à mesure que le temps avançait nous avons réussi à trouver suffisamment de financement pour participer à cette fabuleuse expérience.

La préparation s’est faite en deux étapes. Dans un premier temps nous avons du réunir des financements pour ensuite pouvoir investir dans notre chère 4L et la préparer !

Combien l’aventure t’a coûté ? Comment as-tu financer ta participation ?

L’association du 4L Trophy conseille de réunir 6 000€. Ce budget prend en compte l’inscription (3 100€), l’achat de la voiture, la préparation mécanique nécessaire et les frais secondaires (téléphone, assurance voiture, nourriture, etc). En tant qu’étudiantes, nous ne pouvions bien sûr pas financer cette aventure. Nous avons réalisé un dossier explicatif pour réunir des sponsors. Dans le contexte de crise actuelle, il a été difficile de démarcher les entreprises. Au départ, nous avons eu beaucoup de refus et c’était difficile de rester motivées !

Cette expérience nous a appris à démarcher les entreprises pour obtenir des financements. Il a fallu construire un argumentaire, mettre en place différentes stratégies de communication pour nous faire connaître et ainsi être plus pertinent auprès de nos partenaires.

Au total 8 entreprises nous ont permis de réunir 8 000€ et de vivre cette aventure ! Nous remercions particulièrement les entreprises In Vivo et Oparinor qui ont été très généreuses envers notre équipage.

Une équipe de deux filles contre tous ces garçons… Pas trop dur ?!

Nous n’étions pas les seules! Sur les 1 200 équipages présents 20% était des équipages mixtes et encore 20% uniquement des équipages féminins! Autant dire que la gent féminine était bien représentée pendant ce raid!
Ce débat a été soulevé par le staff du 4L trophy lors du journal quotidien du raid (chaque jour sur le bivouac, un écran géant diffuse les images et les reportages de la journée de la veille) et les filles ont prouvé qu’elles avaient bien leur place dans ce raid.
Par exemple, nous étions sur le trajet Paris/Saint Jean de Luz et des amis sont tombés en panne sur une aire d’autoroute, leur radiateur avait surchauffé. Nous nous sommes approchées pour aller les aider et là, une dizaine de garçons du 4L trophy se sont approchés pour voir ce qu’ils pouvaient faire. Ils pensaient que c’était nous les filles qui étions en panne ! Quelques explications ont été nécessaires pour leur prouver que notre voiture allait très bien. Nous nous sommes mis a étudier le véritable problème : le radiateur de la voiture des garçons !
Après 20 minutes de débat, nous, les filles, avons fait la vidange du radiateur de l’équipage masculin sous les yeux écarquillés des pseudos mécanos. Leur voiture a redemarré et a pu faire l’ensemble du raid…

Avez-vous eu des problèmes lors de la traversée du désert ?

Nous avons eu beaucoup de chance car pas mal de voitures ne sont pas revenues du raid… Ce qui a été drôle c’est que nous avons surtout eu des problèmes sur l’autoroute ! Nous nous sommes enlisées sur une aire d’autoroute, nous avons crevé sur une nationale… Bien sûr, nous avons eu aussi sur les pistes notre dose de stress avec les amortisseurs avant qui ont cassé, le pot d’échappement qui a sauté, le radiateur qui s’est mis à bouillir mais ce n’est rien quand on sait que certaines 4L roulent avec leur moteur tenu par des sangles!

:)

Savez-vous changer une roue maintenant ?!

On a appris pleins de choses ! C’est la magie du 4L trophy, au départ on sait à peine changer une roue, on revient on pourrait refaire une voiture! (enfin presque et sous surveillance) !

Et niveau hygiène… raconte-nous ?!

Il ne faut pas s’attendre à pouvoir prendre une douche chaque jour loin de là ! Sur l’ensemble du raid, nous avons eu 2 douches de prévue. La première était à Merzouga (le 4ème jour) lorsque nous avons déposé les fournitures scolaires et la dernière était à l’hôtel de Marrakech à l’arrivée. Il fallait surtout se débrouiller. Au début, il était possible de trouver des douches sur certaines aires d’autoroute et lorsque nous étions sur les pistes certains s’arrêtaient dans des auberges locales pour se laver. Heureusement que les lingettes ont permis de faire la jonction entre ces étapes !

Les 3 derniers jours de pistes ont été les plus difficiles de ce coté. En effet, le mercredi 24 Février était l’épreuve du « bac à sable » c’est à dire 10 km de sable mou. Ça parait très court comme ça mais imaginez 1 000 4L ensablées sans passage permettant de l’éviter. Nous nous sommes ensablées 7 fois, heureusement des amis nous ont aidés à pousser la voiture (merci surtout à l’équipage 1042)! Nous avons passé toute la journée dans le sable et la chaleur, a essayé de sortir la voiture de cet enfer. Beaucoup de voiture sont restées bloquées toute la nuit pour attaquer directement sur l’épreuve marathon…
Pendant 2 jours nous étions en autarcie totale (aucune assistance mécanique, pas de nourriture, pas de douche, pas de civilisation, rien de rien) avec seulement notre boussole et notre carnet de route ! Après la journée de la veille, nous étions fatiguées et les voitures n’étaient pas toutes en bon état. A la fin de l’épreuve, nous avions les cheveux blancs tellement nous avions eu de poussière, les mains noires de cambouis sans vous raconter l’état de notre voiture et de nos habits…

Pour le 4L Trophy, sensibles s’abstenir!

Comment se passaient les repas ? Les candidats se retrouvaient-ils tous ensemble ?

L’organisation du 4L Trophy préparait un bivouac géant qui pouvait accueillir toutes les 4L et l’ensemble du staff. Chaque soir, nous mangions sous de grandes tentes marocaines les plats cuisinés par les marocains qui nous suivaient. Tous les équipages pouvaient diner ensemble ou en tout cas côte à côte avec la chaleur des grands feux.

Au final, quel a été votre classement ?

Nous sommes arrivées 488ème sur 1 200. Il faut savoir que c’est le nombre de kilomètres et pas la vitesse qui comptent !

Une anecdote à nous faire partager ?

Nous prenions les premières pistes, nous étions folles de joie à l’idée de pouvoir enfin tester notre voiture dans ce territoire auquel nous la préparions depuis plusieurs mois ! Nous étions dans les dunes et nous roulions de manière « soutenue » lorsque la voiture a décollé au détour d’une bosse. A l’atterrissage nous avons entendu un gros BOUM, nous nous sommes arrêtées immédiatement de peur d’avoir cassé notre chère 4L fourgonnette ! Et en nous retournant, nous avons vu une douche de Martini dans la voiture (elle était dans un coffre accrochée au plafond de la voiture)… Une bouteille avait explosé sur nos affaires. Les vapeurs de Martini nous ont suivies tout le reste du voyage mais au moins la voiture était en parfait état !

Amélie, plus généralement, quel(s) souvenir(s) garderas-tu de cette aventure ?

Je ne pensais pas qu’il était possible de faire tout ça avec une 4L et qu’en plus, elle résisterait ! C’était extraordinaire, nous avons rencontré pleins de personnes différentes certes des étudiants venant de partout mais aussi des marocains notamment lors d’une soirée chez des bédouins au milieu du désert. Je ne savais pas que le Maroc était aussi diversifié. Le 4L Trophy m’a permis de découvrir un pays de manière très décalé. En plus d’apprendre à se dépasser, on apprend beaucoup sur une nouvelle culture, une nouvelle société. C’est un voyage qui a servi. L’ensemble des équipages ont ramené près de 80 tonnes de fournitures scolaires qui seront redistribuées dans le pays à la rentrée prochaine permettant de scolariser près de 20 000 enfants!

C’est une très belle expérience que l’on conseille à tous!


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Julie95110 44 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte