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Résidence surveillée pour Taslima Nasreen

Publié le 01 avril 2010 par Roman Bernard
1. Bannie par les islamistes
Taslima Nasreen (48 ans), écrivain bangladais, a dû fuir son pays sous la pression des islamistes. De fait, en 1994, elle a été bannie de son pays, le Bangladesh, après avoir été condamnée à mort par des fatwas pour ses écrits dénonçant l’oppression des femmes en islam et plus précisément pour son roman, Lajja (la honte). Accueillie en Inde, où elle est considérée chaque jour plus gênante par des autorités indiennes surtout soucieuses de ménager leur population musulmane, Taslima Nasreen vit sous protection policière et se voit dans l’obligation de changer régulièrement de lieu de résidence. New Delhi vient de lui accorder un permis de séjour qui expirera au mois d’août de cette année, mais rien ne dit que ce sauf-conduit sera par la suite renouvelé.
2. Karnataka : une publication aux allures de manipulation
Au début du mois de mars, de violentes émeutes ont éclaté dans deux localités du Karnataka (un État du sud de l’Inde), à la suite de la publication dans un journal local d’un article portant la signature de Taslima Nasreen. Deux personnes ont péri dans les affrontements avec la police. L’agitation a été orchestrée par des groupes musulmans. Or, Taslima Nasreen n’a jamais envoyé le moindre écrit à ce quotidien. En fait, le texte incriminé n’est rien d’autre qu’une traduction approximative
et bien plus agressive que le texte d’origine en langue locale (kannada) d’un texte déjà paru en janvier 2007 dans l’hebdomadaire de langue anglaise Outlook India. Dans ce texte, Taslima Nasreen avait relevé certains passages du Coran et des hadiths imposant aux femmes le port du voile, et ce afin de contester la thèse selon laquelle les textes sacrés de l’islam seraient muets sur le sujet. L’écrivain concluait que les femmes musulmanes devaient se libérer de ces préceptes en brûlant leurs burqas, symboles de l’oppression des femmes. Pour les besoins de la cause celle d’un éventuel non-renouvellement du permis de séjour de Taslima Nasreen en Inde ? l’article vieux de trois ans et partiellement manipulé a ainsi refait surface.
3. Un athéisme décomplexé
Dans ses écrits, Taslima Nasreen ne critique pas que l’islam. Elle critique également l’hindouisme, par exemple. « Mais, précise-t-elle, je n’ai jamais reçu de menaces de mort de ce côté-là. Il n’y a que les musulmans qui m’attaquent ». Dans sa réclusion, l’écrivain continue d’écrire, de communiquer avec l’extérieur… et de se frotter à la frilosité d’aucuns. Ainsi, son éditeur français lui a-t-il demandé de gommer un passage de son prochain livre (Flammarion, 31 mars) jugé par lui « trop sulfureux », à savoir le récit d’un épisode de l’enfance de l’auteur au Bangladesh, qui la fit s’engager sur la voie de l’athéisme : ayant bravé l’autorité de sa mère en injuriant Allah, elle s’aperçut à sa grande surprise que son sacrilège ne lui avait point valu d’être soudainement foudroyée. « A huit ans, poursuit-elle, j’ai compris que je pouvais offenser Allah sans que ma langue ne tombe, comme on me l’avait fait croire. »
4. Un air de déjà-vu
Les deux remarques suivantes de Taslima Nasreen, chers lecteurs, ne manqueront pas, j’en suis certain, de vous permettre d’opérer un rapprochement avec des situations que nous ne connaissons que trop bien en Europe :
  • « Les gens de gauche en Inde combattent avant tout le nationalisme hindou et veulent donc défendre les minorités, en particulier la minorité musulmane. À leurs yeux, critiquer l’islam, c’est s’attaquer à la minorité musulmane. »
  • « On me somme de ne pas offenser les sentiments religieux des musulmans. Mais quel sens a la liberté d’expression si on ne peut offenser personne ? »

Non, vraiment, cela ne vous rappelle rien ?

Éric Timmermans
Sources :

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