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Les jeunes et la politique

Publié le 02 avril 2010 par Jlhuss

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Anne Muxel a tenu comme annoncé ici, une conférence dans le cadre des réunions du Cercle Condorcet Auxerrois, mardi dernier. Les jeunes et la politique en serait le sous-titre. On pourra se reporter à l’ouvrage récent de l’auteur pour des informations complètes et exhaustives sur le sujet.

Deux notions m’apparaissent essentielles :

Le fossé n’est pas si grand que souvent décrit, entre la génération actuelle et la précédente. Les jeunes ne sont pas dépolitisés ; ils recherchent simplement d’autres discours, sans doute sur des préoccupations différentes et des formes d’exercice citoyen ne passant pas obligatoirement par le vote ou l’engagement au sein d’une formation partisane.

Le « zapping » électoral devient plus fréquent, les fidélités systématiques sur tous les sujets ont du plomb dans l’aile. On votera ici pour tel scrutin et là pour tel autre. Des sujets nouveaux s’emparent des préoccupations « jeunes », tel celui de l’environnement et d’une certaine « solidarité mondialiste » dépassant les frontières Nationales. Des révisons « d’image » sont ainsi à prendre en compte pour véritablement intéresser les jeunes.

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Ensuite, sans être spécifique à la jeunesse, l’immédiateté devient remarquable : le rapport à la « temporalité ». L’espace temps se réduit considérablement. Difficile d’entraîner les générations nouvelles sur des idéologies à long terme, sur des projets pour un surlendemain lointain. Le résultat doit être des plus immédiats, à peine les urnes dépouillées. Ils sont preneurs d’actions facilement identifiables, souvent très “sociétales”, et très rapidement réalisables. C’est sans doute là que se situe la vraie « fracture » si fracture il y a : le culte de l’immédiateté avec une répugnance à imaginer « long » et une recherche du “tout de suite“.

On voit facilement vers quelle dérive du discours politique peut nous entraîner cette répugnance à vouloir imaginer ou rêver demain. Le slogan fort devient programme et la désillusion renforcée est au bout du slogan. Cette tentation du refus d’un engagement au delà d’un “futur” à toucher du doigt menace la politique du “concept”, les idéologies pour après demain, après soi-même …

Dernière tendance « lourde », l’image prend le dessus très fortement sur le texte : une vidéo, même caricaturale, volera systématiquement la vedette à une belle prose explicative, même richement illustrée. Finie la brochure programmatique, vive la vidéo choc de 3 à 4 minutes. Le net devient pour de nombreux jeunes la seule et unique source d’information politique de manière diffuse et par le hasard des liens sur les réseaux sociaux et sur les sites de vidéos. Une tendance lourde qui ne manque pas de faire réfléchir les politiques à l’image d’Obama, dont on connaît d'ailleurs l’intérêt qu’il porta à cette nouvelle forme d’action politique.

Au total, Anne Muxel bravant les difficultés, se veut  optimiste. Je vous donne pour terminer quelques phrases de cet excellent livre  :

“Sur un mur des couloirs du métro, on peut lire cette inscription : « Nous n’avons plus le futur d’autrefois. » Les trains crissent. Les pas sont pressés. Les corps fuient. Le regard s’y arrête. Elle retient l’attention. Elle interpelle chacun. Les jeunes comme les vieux. Elle résonne au creux d’une expérience intime et somme toute devenue banale, mais dont on ne sait pas bien comment s’accommoder. Celle du passage du temps, bien sûr. Mais plus que cela, celle qui tient à ce sentiment diffus que tout a changé […]

Avec ou sans nostalgie, elle acquiesce à un monde révolu. Le futur n’est plus ce qu’il a été. Et avec lui, ce sont bien les conditions mêmes de l’espérance, et de l’espérance politique, qui ont changé en l’espace d’une trentaine d’années.

Les enfants du désenchantement ont bien compris la leçon. La politique en tant que prescriptive d’avenir est en crise, pour ne pas dire dans une impasse. La faillite des idéologies et des espérances politiques propres au XX ème siècle suscite aujourd’hui une prudence dans les rangs des appareils comme des organisations […]

La politique n’est plus un maillon, revendiqué en tant que tel par les politiques eux-mêmes, pour penser le futur des jeunes générations. La crise de la représentation démocratique trouve sans doute là une de ses sources.

Comment les croyances et les adhésions politiques peuvent-elles s’établir en dehors d’un projet cohérent et global ? C’est à une nouvelle grammaire, à une redéfinition de son instrumentalisation sociale, mais aussi de ses capacités à faire rêver, que la politique doit maintenant répondre.”


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