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Elysian Blues

Par Max Gibelin

    D'un coté, ça parait sympa toutes ces lumières, ces belles décorations de noël, d'autant plus quand on a la chance comme moi d'habiter au pied de l'arc de triomphe et de descendre les champs élysées tous les soirs pour aller au boulot... L'avantage de commencer quand tout le monde finit, c'est qu'on est complétement déplacé et qu'on hate le pas quand les Parisiens le ralentisse enfin... Voilà le genre de réfléxion qui me vient quand je me heurte a un gentil couple qui s'arrète net devant les lampes géantes de chez vuitton... Franchement avec des lampes pareils on pourrait faire pousser des forets entières de plantes aux vertus euphorisantes. Je tiens d'ailleurs au nom de la municipalité de Paris à remercier  Louis pour réchauffer ainsi l'atmosphère de l'avenue George V... Dommage que les Sdf des alentours ne puissent pas profiter de cette débauche d'énérgie.

    La place de l'étoile... un quartier étonnant par bien des aspects: Tout n'est que luxe...heu...luxe et... ah oui ! luxe aussi... Pour le calme ça pourrait encore le faire, mais la volupté à un sérieux coup dans l'aile quand on voit le ballet des BMW devant les prostituées... Pendant que les pères font des rondes entre l'avenue Foch et le bois de boulogne, les fils vommissent à la sortie du Duplex et pissent contre les grilles des maisons de maîtres. Avec classe cependant, je dois bien l'avouer... et ce jusqu'au petit matin. Il y a des choses que je ne veux pas photographier, comme une baston de putes pour un bout de trottoir, ou comme cette fille qui tient à peine debout dans ses vétements de luxe, et qui chancelle toute la nuit attendant le client.

    Je suis une ombre, je n'existe pas pour eux: les portiers du Prince de Galle, les riches clients des hotels de luxe, la jeunesse friquée qui passe la semaine en boite pour préparer le week end, les Stars outrées d'être  reconnues à la terrasse d'un café, ou en sortant de chez ce coiffeur chauve... Vous auriez confiance vous, en un coiffeur chauve ?

    Pont de l'Alma, je suis en train de photographier un sens interdit quand un couple de japonais me tend un appareil photo en me montrant la statue... Ils posent mécaniquement, l'air vaguement inquiet, ne se regardent pas... Je cadre à peine, prend une photo digne d'une soirée diapo ennuyeuse, ils semblent ravis...
Ils disent: "Thank you , Goodbye", je répond "Arigato, hai hai"... Un père tend une pièce à son fils que celui çi dépose dans la casquette d'un homme allongé par terre... J'aurais aimé prendre le sourire de ce gosse, figer ce tout petit instant de générosité pure, ça aurait pu être une superbe photo... J'ai oublié d'appuyer.

    Rue d'Argentine, un couple richement vétu s'embrasse caché derrière des poubelles, je porte le viseur à mon oeil... et je n'appuie pas, la femme ayant relevé les yeux vers moi, trop reconnaissable, dommage...

    Finalement on n'est pas obligé de mettre des photos tout le temps sur un blog photo, si ?


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