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Skins : L'adolescence britannique dans tous ses états

Publié le 26 novembre 2007 par Heather

Provocations trash ou tranches de vie d'une sobriété excessivement réaliste ?


Skins
est une série britannique, diffusée sur Channel 4 en début d'année 2007. Ayant rencontré un succès convaincant, une seconde saison a été commandée par la chaîne. La série débarque en France pour le plus grand bonheur des amateurs de séries. Elle sera diffusée sur Canal+ à partir du 6 décembre prochain. 


Les scénaristes anglais savent y faire pour capter avec un style rafraîchissant les tranches de vie d'un genre pourtant surexploité. Skins met en scène un groupe d'amis, âgés de 16 à 18 ans. Vivant à Bristol, dans le sud ouest de l'Angleterre, ils traversent ensemble les affres de l'adolescence. A la lecture du synopsis, rien de révolutionnaire en vue qui attirerait l'attention du téléspectateur.

Pourtant, Skins se démarque du teen show classique, préférant suivre les traces d'un Sugar Rush plus que des introspections Dawson-iennes. Initialement, au-delà des provocations affichées, le premier épisode laissait pourtant craindre à un énième clone, certes pas trop mal écrit, mais trop convenu pour afficher ces prétentions d'originalité. Un adolescent populaire et une bande d'amis gravitant autour de son univers, confrontés aux impatientes pulsions de l'amour, le tout sur fond de fêtes agitées. Or, la force de la série se révèle véritablement dans le deuxième épisode.

Ce dernier est centré sur Cassie, adolescente fragile, anorexique se laissant dériver dans le monde qui l'entoure. Ce portrait tendre et détaché est construit avec subtilité. Réussissant à toucher et intriguer le téléspectateur, il permet aussi d'apprécier véritablement la bande de personnages que la série met en scène. C'est qu'en effet, sauf quelques rares exceptions, chaque épisode se concentre sur un des personnages, nous immiscant dans sa vie avec une sobriété à la fois pleine de distance mais pourtant tellement directe, sans artifice mais presque trop brutale. La série réussit ainsi ce mélange ambigü qui demeure une marque de fabrique des séries britanniques particulièrement prisée.

Les problèmes du personnage sont l'occasion pour les scénaristes de traiter d'un thème plus général. Assumant avec une gourmandise assumée, le cadre rafraîchissant de tous les excès du précepte "sex, drug & rock'n'roll", la série développe en parallèle des thématiques plus profondes, telle que le rapport à la religion ou l'homosexualité. Chaque personnage incarne un stéréotype, du beau garçon populaire à la jeune fille aux troubles alimentaires, en passant par le musulman, la jolie fille amoureuse, l'homosexuel ou encore le looser coincé dans l'ombre de son meilleur ami. Mais, loin d'emprisonner la série dans des stéréotypes faciles, les scénaristes exploitent habilement cette base de départ pour développer un condensé de vies adolescentes, marquant le téléspectateur par la brusque franchise du traitement.


Skins n'est pas une série réaliste au sens premier du terme. Tous les excès y apparaissent volontairement concentrés. Tout est amplifié. Et pourtant, au-delà de cette provocation presque trash, portée par une étrange cohésion de groupe reposant sur la fragilité d'amitiés adolescentes, la série réussit à nous faire croire en elle, dans la réalité de ces personnages en quête d'eux-mêmes. 

L'intensité des émotions et la justesse des dialogues confèrent une légitimité à cette chronique de mal être adolescent, tranche de vie d'une certaine jeunesse britannique. Parfois brouillonne, souvent excessive (notamment dans le final de la saison), mais aussi touchante par l'écriture naïve de scénaristes qui s'efforcent de capter des moments impossible à retranscrire sur papier, Skins est une bouffée d'oxygène dans le paysage standardisé des teen show actuels.

Lecture complémentaire : A lire la critique du pilote par Tao


Le générique :
 

Une série à découvrir sans hésitation. 

[SKINS, Saison 1 (9 épisodes) : Diffusée sur Canal + tous les jeudis soir à partir du 6 décembre à 22h15.]

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