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Jean-Luc Hees Contre Stéphane Guillon

Publié le 03 avril 2010 par Sagephilippe @philippesage

Stéphane Guillon Répond à Jean-Luc Hees.jpgOr donc, Jean-Luc Hees, patron de la “maison” Radio France aura choisi la date du 1er avril (humour !) pour publier une tribune (dans Le Monde) joyeusement intitulée :
Je persiste et je signe, l’humour a ses frontières”.
Enième joute par media interposé entre lui et celui qu’il qualifie (à contre-cœur) d’humoriste, le dénommé Stéphane Guillon, dont les chroniques matinales sur France Inter ne le font pas rire. Du tout.
Et je serais tenté d’ajouter : et moi donc ! [*]
Mais, je vous en prie, entrons dans le vif.
Il est clair, tellement ça transpire dans ses lignes, que Jean-Luc Hees n’apprécie ni l’humour de Stéphane Guillon, ni … Stéphane Guillon lui-même. Il ne l’apprécie pas à ce point que, d’une part, dans sa tribune, il ne cite jamais son nom ; et d’autre part, il le qualifie successivement d’humoriste, puis d’humoriste entre guillemets, et enfin, de “membre du personnel”.
Capito ?
Mais vous me direz, en quoi ça nous concerne, oh-là-là, oh-là-là et, à la fin en même temps ?
Après tout, il est le patron, alors qu’il se démerde avec son Guillon via son Val, plutôt que de nous prendre à partie. Oh si, un peu, tout de même, qu’il nous enjoint, Jean-Luc Hees !
Car au fond, l’objet de cette tribune, n’est pas ce qu’il nomme les limites de l’humoriste, qui seraient, d’après lui, au nombre de deux (l’acceptabilité des citoyens et la morale républicaine – ce qui est très subjectif et peut se discuter à l’envi) mais son désarroi, voire son impuissance. Oui, à vrai lire, Jean-Luc Hees est terriblement désolé du succès que rencontre Stéphane Guillon sur France Inter. Il le déplore. Et donc, nous le dit. Ou plus précisément en fait part aux auditeurs de France Inter via Le Monde !
Quoi ? Comment ? Enfin, vous, auditeurs de cette honorable maison, pilier du service public, réputée pour son sérieux, sa finesse d’esprit, mais enfin, comment pouvez-vous être si nombreux, des millions, à rire aux “vannes impayables (de “notre humoriste”) sur l’apparence physique” d’une Aubry ou d’un Besson ? Hein ? Alors ce “vide cérébral” qui nous entoure, aurait également touché les auditeurs de France Inter, autrefois si exigeants, si cultivés, si différents ?
Mais si ! C’est ça qu’il dit, M. Hees ! C’est un appel ! A la désertion ! Aidez-moi ! Ou, au minimum, donnez-moi raison !
Il doit avoir en tête cette phrase de Coluche  :
Quand on pense qu’il suffirait que les gens ne l’achètent pas pour que ça se vende plus
Sauf que chez lui ça donne :
Il suffirait que les gens ne l’écoutent plus, ou moins, juste un peu moins, pour que je puisse m’en séparer, de ce Guillon !”. Ce “membre du personnel” qui s’est autoproclamé “génial et intouchable” ! Mais oui !
Parce que voyez-vous, congédier, disons, un animateur-vedette d’une FM, comme NRJ, Skyrock ou Fun Radio, ça n’est pas un problème. Ces animateurs-là sont interchangeables, ils comptent pour du beurre ! Un Cauet, pfff … ! Ça se remplace facile, j’vous assure, et personne ne moufte. Oh, l’auditeur grogne un peu, au début, oui, mais il s’en remet, et vite fait ! Et l’audience n’en pâtit même pas ! Au contraire !
Alors que sur une généraliste, comme on dit, telles France Inter, Europe 1 ou RTL, ah là, ça se danse pas pareil, parce qu’on ne joue pas dans la même cour. Guillon, c’est pas Cauet. Et puis en face, t’as Canteloup et Gerra, du lourd, ah ça rigole pas ! Faut pas se planter sur le "comique" ! Et quand t’en tiens un, un qui ramène des auditeurs par paquet de millions, ben (normalement) tu te frottes les mains, vois-tu ! C’est tout bénef ! D’autant plus que toutes ces généralistes - pour le moment - misent à fond sur le trublion, celui qui dégomme du politique à tout-va, le ridiculise, le caricature, ah cette désormais sacro-sainte dérision quasiment obligatoire, ah la grande bouffonnade, mais peu importe, hein, ce qui compte c’est que l’auditeur rie et nombreux ! Et il le sait bien Jean-Luc Hees, pourtant, il a quand même le toupet de nous dire :”De qui se moque-t-on ?”.
Eh bien, je vous renvoie la question, cher monsieur !
Ah non, il n’est si simple de remercier le "clown". Parfois, ça se paie même très cher. RTL en sait quelque chose. Elle qui caracolait en tête dans les sondages, elle qui tutoyait les 20 points d’audience (ce qui est impossible aujourd’hui), voici, la folle, qu’elle décide, à la rentrée 2000, de tout changer, rajeunir, à ce qu’elle disait, son auditoire. Et hop ! Exit Bouvard, Fabrice, ou Philippe Alexandre. Certes, ce ne sont pas là des "clowns", ou des "humoristes". C’est vrai. C’étaient des piliers, comme on dit, de la station. Virés comme des malpropres.
Et qu’advint-il ?
Une catastrophe. Même qu’on avait jamais vu chose pareille. Une terrible dégringolade, des auditeurs perdus par millions, à ce point, que la queue entre les jambes, RTL rappela Bouvard. Trop tard .. Le mal était fait !
Une telle erreur, voyez-vous, ça donne à réfléchir. Même ça fait comme qui dirait jurisprudence, quelque part. 
Ce que je veux dire, c’est que, ne croyez pas que Guillon soit “invirable” parce que Sarkozy en aurait dit du mal, que l’Elysée voudrait sa tête, non ! Foutaises ! Il est “invirable” parce qu’il fait de l’audience. Trop d’audience ! Et que ni Hees, ni Val, ne connaissent quelqu’un qui pourrait faire autant que lui. Oh, c’est pas faute de chercher, mais ils ne sont pas certains du résultat. Voilà le problème. Et voilà pourquoi, Hees se fend d’une tribune : ce type ne me fait pas rire, et je ne comprends pas qu’il vous fasse rire, ça n’est pas possible, merde ! Enfin quoi ! On est sur France Inter pas sur NRJ !
Bref, il voudrait tant, M. Hees, que Guillon soit moins écouté. Un peu moins, juste ce qu’il faut, quoi. Et ça suffira pour justifier son congé. Rien à voir avec Sarkozy, DSK, Besson, ou Aubry …

Pour le reste, je veux dire : de sa tribune, les excuses, tout ça, l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme, pfff .. C’est de l’habillage, comme on dit en radio. Ou du remplissage.
Quant aux attaques sur le physique qu’il - donc - ne supporte pas, eh bien ma foi, et puisqu’il le cite, je convie à la barre, Maître Desproges. Aurait-il, ce feu Pierre, lors d’un Tribunal des Flagrants Délires mémorable de 1982, où il était face à Jean-Marie Le Pen (oui, Desproges, lui, chroniquait face aux invités qu’il caricaturait – ça avait quand même une autre gueule) aurait-il, disais-je, osé déclarer :
Il y a plus d'humanité dans l'œil d'un chien quand il remue sa queue, que dans la queue de Le Pen quand il remue son œil” ?
(Doit-on rappeler aux jeunes qui nous écoutent que Jean-Marie Le Pen est borgne, et qu’il y avait donc là, une allusion à son infirmité, donc à son physique ..)
Non !
Mais sur scène : oui !
Voilà toute la différence, ou, puisque Jean-Luc Hees emploie le terme : la limite.
Nonobstant le fait que cette allusion au physique du leader du FN était, de toutes les façons, et où que ce soit, autrement mieux tournée et plus fine que ce que nous donne à becqueter les lundis, mardis, et mercredis sur France Inter, ce Stéphane Guillon, dont - j’en ai fait l’aveu en liminaire - l’humour supposé me laisse froid.
Mais je voudrais également préciser que les jérémiades de M. Besson (ou de, jadis, DSK) sont d’un ridicule rarement atteint. Mais bon, j’en conviens, face à la relative médiocrité, le risque est de répondre, et comme c’est couru, par une plus grande médiocrité, encore .. C’est ce que j’appelle : l’escalade par le bas. Et s’il y a un point sur lequel Hees a raison, c’est que, oui, quelque part, c’est clair, on touche quand même un peu le fond (le fameux “vide cérébral” ..).
Pour le coup, je me marre amer.
[*] Eh oui, que voulez-vous que je vous dise, la chronique de Guillon sur France Inter ne me fait pas rire. Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle. C’est moins de l’humour qu’une tribune politique.
En revanche, et dans un tout autre style (ou format) je le trouve bien plus féroce, enfin, il me fait marrer quoi, le samedi soir chez Ardisson. Ce qui est un comble ! Ardisson étant, à mon sens, une bien mauvaise maison.
Or donc, quel paradoxe ! Etre rigolo dans une maison douteuse, et ne pas l’être dans une maison considérée comme convenable.


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