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Chinook

Publié le 04 avril 2010 par Desiderio

chinook.jpgParmi toutes les bandes dessinées que j'ai pu lire, il y en a une qui me tient à coeur : Buddy Longway. J'ai une énorme estime pour Derib qui a jugé bon de mener son personnage jusqu'à sa mort. Il a fait le choix de la vie réelle et a su créer un héros de chair et de sang, dans une époque donnée, qui ne soit pas l'objet de résurrection pour de sordides prétextes commerciaux. Je crois qu'il est fort courageux d'avoir assassiné son héros et de lui avoir donné ainsi un destin humain tout en l'unissant à sa compagne.

Il y a d'abord le titre : Chinook qui fait référence au vent sauvage soufflant dans les montagnes Rocheuses. C'est un vent du type Foehn. Mais c'est aussi le nom du personnage féminin que le héros traîne et alors qu'on ne voit pas son visage. Or il n'est pas anodin que Claude de Ribaupierre alias Derib soit suisse et que le vent dit foehn soit aussi suisse. Le début de la série se passe en fait en Suisse même si l'on croit que l'on se trouve aux Etats-Unis. Cela commence dans des alpages qui sont euh... très suisses.

Pour la couleur un peu western, on a le nom du héros en caractères à forts empattements et surtout celui de Chinook écrit dans un machin très bariolé avec des motifs pseudo-indiens. Cela fait indien et on se croit sous un tipi avec des couvertures typiques. C'est extrêment surligné. Mais le nom de l'héroïne (dont on ne voit pas le visage, comme par hasard) renvoie aussi au vent et on est dans une scène tempétueuse. Il y aura après le vent violent de l'histoire qui va les plonger dans les malheurs, puisque la civilisation va venir les rattraper et qu'un couple mixte ne peut plus exister. 

Je me demande alors ce que Derib voulait dire, parce que la femme est effacée dans son dessin et qu'il manifeste d'abord la force de l'homme contre la nature. Je me dis juste que cette couverture est très ambiguë. Ce qui est affirmé est aussi ce qui est nié. Chinook n'a aucun visage dans cette couverture. Elle est au départ juste un faire-valoir du héros qui est au premier plan et elle deviendra une personne ensuite. Mais son nom est prémonitoire de la suite. Il renvoie à la folie de l'histoire et l'on a immédiatement la dimension tragique de la suite. Chinook, le vent mauvais. Il est étonnant que Derib ait choisi un terme aussi chargé de sens pour celle qui sera la compagne de son personnage, comme s'il fallait compenser l'aspect un peu caricatural et gentillet de celui-ci (bien entendu blond comme tout héros positif des éditions du Lombard).  

Le dessin est encore semi-réaliste pour ce qui concerne les traits de Buddy, ils ne prendront leur aspect totalement réaliste qu'à partir du troisième album. Le nom du héros est sur-connoté : Buddy, c'est le copain et c'est le voyageur Longway. Un voyage de vingt albums, jusqu'à la mort des deux personnages réunis. Comme beaucoup de héros, notre personnage n'a pas vraiment de passé, aucun parent, les héros de bande dessinée naissent tous plus ou moins orphelins et celui-ci est singulier : ses aventures commencent quand il fonde une famille réelle (parce que dans la plupart des autres bandes dessinées le héros est toujours l'oncle ou le tuteur des enfants). Il n'y a pas de projet très défini à la base, on est dans une bande dessinée qui se cherche encore et qui commence seulement à échapper aux conventions, mais l'idée est de faire un chemin avec le héros sympathique et puis d'aller au bout de la route. La série naît ici sous la forme du couple d'un homme et d'une femme unis dans le titre et c'est nouveau. 


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