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Dominique de Villepin et la nouvelle donne politique

Publié le 04 avril 2010 par Exprimeo
Invité du Grand Jury RTL ce soir, Dominique de Villepin ouvre, avec les membres de son Club présidé par Brigitte Girardin, une séquence décisive pour la présidentielle 2012 dans un contexte politique entièrement modifié au lendemain des élections régionales. Depuis les élections régionales, la donne politique évolue rapidement. Tout d'abord, la réputation d'invincibilité de l'UMP a volé en éclats. La "grande armée" avec ses bataillons d'obligés devait tout emporter sur son passage. En réalité, depuis mars 2008, l'UMP passe d'échec en échec. Elle a perdu les municipales et les cantonales 2008. Lors des Européennes, elle se stabilise à un niveau comparé très faible par rapport aux autres formations politiques de Gouvernement dans des démocraties voisines. Les régionales 2010 tournent à la déroute reconnue alors que l'exploitation médiatique était assez bien parvenue à occulter la réalité des deux autres avertissements pourtant sérieux. Ensuite, cette faiblesse a aiguisé les "éclairs de lucidité" ou plutôt de rancoeurs multiples. Là tel ex-ministre non promu à la Cour des Comptes expose ses critiques sans appel. Ailleurs, un ex-futur Secrétaire d'Etat donne libre cours à ses appréciations peu courtoises sur les "pratiques présidentielles". Même si les motivations semblent très éloignées de l'Intérêt National, force est de constater que la division est désormais installée au coeur même de l'UMP. Elle n'est pas le fait du Club Villepin qui reste très modéré. Enfin, la gauche retrouve sa séduction. L'envie de gauche est de retour. Martine Aubry est la première bénéficiaire d'une accélération du rejet de la politique présidentielle grâce à cette dynamique auto-entretenue qui caractérise les démocraties modernes d'opinion. Etre en forme reconnue donne un bonus mécanique comme être en méforme donne un malus immédiat (Modem). Une partie de l'opinion amplifie les tendances brutes. Dans ce contexte, l'intervention de Dominique de Villepin ce soir est un temps fort à quelques semaines du lancement de son mouvement. 1) L'opinion a besoin de toujours mieux connaître son tempérament. Philippe Sollers dressant le portrait de DdV a une formule pleine de sagesse "il n'est pas assez vulgaire pour être populaire". Quelle dose de vulgarité acceptera-t-il progressivement pour s'approcher du seuil incontournable de popularité ? 2) Cette meilleure connaissance accélèrera la performance politique de Dominique de Villepin dont la seule préoccupation est d'apporter des réponses concrètes aux questions qui frappent le quotidien des Français. Dans les réunions de travail de ses équipes rapprochées, il n'y a pas un temps pour critiquer le Président de la République sortant et pour deux raisons simples. D'une part, la conviction que Nicolas Sarkozy a un ennemi redoutable : lui-même avec un tempérament qui irrite, provoque, insupporte. D'autre part, Nicolas Sarkozy a un second ennemi implacable : la réalité des faits. De cette tenaille (lui-même et les faits), il lui sera très difficile d'en sortir. Par conséquent, il n'y a pas d'énergie à perdre à ajouter des "ennemis supplémentaires". 3) Le contexte de la présidentielle 2012 se clarifie assez rapidement. Le Président sortant vise un socle de base de 23 à 25 % qui est encore probablement le sien à ce jour grâce à un soutien inaltérable d'une forte majorité de l'UMP. Pour que ce socle bas permette d'arriver en tête et avec un écart, il faut émietter le reste de l'offre : candidature Nouveau Centre + Boutin + Tapie pour les radicaux de gauche + ...+ .... Ce raisonnement n'est pas sans efficacité. Il est d'ailleurs assez pratiqué classiquement. Dans ce contexte, Dominique de Villepin deviendrait une candidature parmi tellement d'autres... Mais ce raisonnement a deux inconnues. D'une part, que fera le socle UMP quand il devra se préparer à enregistrer des seconds tours victorieux d'un ticket Aubry-Hollande selon un ordre à confirmer ? D'autre part, quelles seront les conséquences de l'examen des propositions concrètes de chaque candidat car le but de toute élection n'est-il pas d'abord de désigner celui qui peut assurer le meilleur exercice du mandat en question ? C'est justement sur ce dernier point et jusqu'au 19 juin que commence la présentation des propositions concrètes de Dominique de Villepin.

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