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La France recycle ses déchets radioactifs

Publié le 05 avril 2010 par Sophie @missecolo
L'industrie nucléaire a encore frappé, mais cette fois-ci, elle a bel et bien fait perdre la raison aux dirigeants politiques français. Cela peut paraître difficile à croire mais ceux-ci ont finalement autorisé le recyclage des substances à faible radioactivité, une autorisation attendue depuis longtemps par Areva, et qui s'est d'ailleurs sûrement beaucoup affairée à sa mise en place. Désormais, les gravas radioactifs d'une centrale démantelée pourront se retrouver dans une cimenterie qui les transformera en matériaux de construction pour finir dans des logements, écoles, hôpitaux, etc... Si Areva ne sait quoi faire de ses fûts contaminés ayant servi à transporter l'uranium, elle pourra les revendre à une fonderie qui les transformera en produits de grande consommation (outils, véhicules, etc...). Et pour couronner le tout, aucune obligation d''information des consommateurs n'a été imposée, les produits et matériaux contaminés ne seront pas étiquetés.La France recycle ses déchets radioactifsEn 2002, deux garanties pour la protection du public contre la radioactivité, s'inscrivaient au Code de la Santé Publique : l'interdiction d'ajouter délibérément des substances radioactives dans les aliments, les biens de consommation et les produits de construction, mais aussi l'interdiction d'utiliser des matériaux et des déchets contaminés provenant d'une activité nucléaire, pour la fabrication de biens de consommation et de produits de construction.
Mais en 2009, malgré l'avis défavorable de l'Autorité de Sûreté Nucléaire, les Ministères de l'Ecologie, de la Santé et de l'Economie ont signé un arrêté ministériel permettant de déroger à ces interdictions. De son côté, la CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité) a adressé un recours au Conseil d'Etat pour faire annuler cet arrêté, ainsi qu'une lettre ouverte aux trois ministères demandant son abrogation. Plus de 7000 lettres de pétitions ont également été envoyées par des citoyens.
‹‹ Corinne Castanier (directrice de la CRIIRAD) ne comprend pas pourquoi le gouvernement a pris une décision si lourde de conséquences pour la santé, à l’heure où les pouvoirs publics cherchent, dans le cadre du «plan cancer», à diminuer l’exposition des populations à la radioactivité naturelle (notamment le radon, qui favorise les cancers pulmonaires selon l’Organisation mondiale de la santé). En rendant possible l’ajout de substances radioactives dans des biens et des matériaux destinés au grand public, le système de dérogation risque bien d’augmenter la radioactivité artificielle, et les risques de cancer. «Seuls les industriels y trouvent un intérêt. Au lieu de stocker ces déchets, ce qui coûte cher, ils pourront s’en débarrasser tout en récupérant de l’argent.» Avec le démantèlement progressif des centrales nucléaires vieillissantes, le volume des déchets radioactifs sera multiplié par trois d’ici 2020, selon les prévisions de l’Andra.Ce retour en arrière est d’autant plus incompréhensible que l’on cherche à réparer les erreurs commises depuis un demi-siècle. Jusqu’en 1986, 50 000 paratonnerres radioactifs ont été disséminés dans toute la France, plus sept millions de détecteurs de fumée contenant de l’américium 241, radioactif pendant 433 ans ! «Nous sommes en train de courir pour retrouver les objets radioactifs disséminés sur tout le territoire et le gouvernement rouvre la porte à des dérogations. Il faut tirer les leçons de ces années-là !», assène la directrice de la Criirad. L’interdiction, en 2002, d’ajouter ou d’utiliser des substances radioactives dans des matériaux ou des biens de grande consommation avait été obtenue après un long travail de la Criirad et des associations de consommateurs, comme l’UFC Que choisir.Avant cette réglementation, presque tout était permis. Ainsi Saint-Gobain avait introduit des déchets radioactifs dans la fabrication de sa laine de verre (Isover) multipliant par vingt les rayonnements. Ou la Cogema (devenue Areva) qui avait ajouté de l’uranium appauvri dans la poudre d’émail jaune destinée à la fabrication de bijoux. «Si demain la législation autorise l’addition de substances radioactives, il s’agira de modes de fabrication standard. Ce ne sont plus seulement la laine de verre et les émaux qui seront radioactifs, mais le ciment, le béton, l’acier, les pièces métalliques, le carrelage, les appareils ménagers, les ustensiles quotidiens... On peut légitimement s’inquiéter car le risque est bien réel. Le démantèlement des installations nucléaires va générer 15 millions de tonnes de déchets», s’inquiétait alors l’UFC Que choisir. Tout est désormais à refaire. ›› Borloo et Bachelot veulent-ils couvrir la France de matières radioactives ?
La CRIIRAD continue d'appeler les consommateurs et les associations à se mobiliser en envoyant une lettre aux ministères (voir les modèles de lettres).
Quelle coïncidence tout de même, le recyclage des déchets nucléaires a finalement été légalisé au moment où il est question de démanteler des centrales nucléaires de première génération. Le gouvernement français prévoirait-il de cacher la poussière sous le tapis ? Il semblerait qu'il n'ait pas de scrupule à nous assurer une croissance mortellement durable...
CRIIRAD : Mobilisation contre l'arrété du 5 mai 2009CRIIRAD : Pétitions en cours Dossiers
La France recycle ses déchets radioactifs
Nucléaire, la prolifération d'une menace éternelle
Aujourd'hui, la prolifération du nucléaire à bas prix inquiète les pays occidentaux. Nous pouvons comprendre leur inquiétude quant à la sécurité d'installations nucléaires provenant d'appels d'offres séduisants et construites dans des pays encore plus démunis face aux risques mortels de cette énergie du futur. "Jamais la technologie coréenne vendue à Abou Dhabi n'aurait été autorisée en Europe ou aux Etats-Unis" a déclaré la présidente du directoire d'Areva lors de la conférence de Paris en mars dernier. Nous sommes contents de l'apprendre, la sécurité nucléaire des pays industrialisés n'étant déjà pas des plus sécurisantes, nous pouvons d'ores et déjà imaginer notre monde dans 20 ans sachant que ‹‹ si 31 pays exploitent aujourd'hui 440 réacteurs (dont une partie devra être renouvelée), une quarantaine d'autres - surtout des pays émergents - veulent accéder à cette source d'énergie pour répondre à leurs besoins en électricité, préparer l'après-pétrole et améliorer leur "bilan carbone". Un marché où les échanges Sud-Sud trouveront des débouchés. Plus de 400 projets, à des stades d'avancement très différents, sont dans les cartons et pourraient être construits d'ici à 2030, selon la World Nuclear Association, le lobby des industriels du secteur. Le Japon prévoit de construire au moins 14 centrales nucléaires au cours des vingt prochaines années a indiqué dimanche 21 mars le journal japonais Nikkei Business Daily. ›› source : LeMonde.fr
La France recycle ses déchets radioactifsLa technologie nucléaire et la sismologie ferait-elle bon ménage ? ‹‹Le Japon est une terre à haut risques sismiques mais un rapport commandé par le gouvernenement nippon indique que ce risque est peut-être sous-estimé. En effet, des centaines de failles "cachées" risquent de provoquer de violents séismes dans des régions du Japon considérées jusqu'ici comme sans danger sur les cartes officielles. ›› source : notre-planete.info

L'industrie nucléaire revendique ses intérêts économiques en vantant une sécurité qu'elle ne maîtrise d'ailleurs pas complètement et c'est pour cette raison qu'elle protège son savoir des regards indiscrets et tourmentés. Dernièrement, Areva a même fait preuve d'humour en annonçant le développement d'un nouveau type de réacteur capable d'éliminer les éléments radioactifs lourds (source : LeMonde.fr). La réponse du Réseau Sortir du Nucléaire ne s'est pas fait attendre : ‹‹ le Réseau se permet de rappeler qu'il s'agit une nouvelle fois d'un effet d'annonce pour éviter de parler des vrais problèmes. Mme Lauvergeon ne précise pas que ce projet de réacteur ne concerne qu'une toute petite partie de la "problématique déchets". Il ne résout en rien l'étendue de celle-ci, personne ne doit s'y tromper. (...) Alors que de nombreux scientifiques affirment que la transmutation/séparation tant rêvée est une coûteuse utopie, alors que chaque jour accroît la production de déchets dangereux pour les générations à venir, alors que le démantèlement qui s'annonce lèguera des milliers de tonnes de produits radioactifs, quels intérêts couvre cette annonce ? Comme tout au long de son histoire, faute de pouvoir gérer les déchets, AREVA tente encore de gérer la communication au bénéfice de la survie de la filière électro-nucléaire. ››lire le communiqué de presse
La même question me revient toujours à l'esprit, comment les dirigeants politiques peuvent-il prétendre vouloir protéger notre environnement et notre santé dans un monde nucléarisé ?
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