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Boulevard Durand – Armand Salacrou

Publié le 05 avril 2010 par Ruminances

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Par effet de ricochet un livre est une histoire qui unit le passé et le présent dans une aventure tournée vers l'avenir. L'histoire de celui-ci était rangée dans un coin perdu de ma bibliothèque mentale. C'est en consultant le catalogue alapage à propos de Zévaco, qu'elle a refait surface. J'avais oublié ce livre. Il m'avait été offert il y a longtemps, rue du Cardinal-Lemoine par monsieur Jean Cassou. A l'époque, je militais pour le C.A.R.E. (section française du Carrefour des Amis de la République Espagnole) dont Cassou, Colette Audry, Gérard Desarthe, Henri Alekan étaient les personnalités engagées. Je naviguais, jeune homme ébloui, au milieu de ce monde, fier de ma chance et soucieux de bien accomplir mes actions militantes contre le franquisme. Je parlais peu. J'écoutais, absorbais et laissais mon esprit se débrouiller avec mon impatience du mieux qu'il le pouvait. Jean Cassou était un grand bonhomme. Trop impétueux pour m'attarder sur sa carte de visite, je ne retenais du personnage (directeur-fondateur du Musée national d'art Moderne) que ses faits d'armes : grand résistant grièvement blessé lors de la libération de Toulouse.

J'avais du mal à imaginer que l'individu que j'écoutais avec respect cachait derrière sa gentillesse et sa bonhomie un passé d'homme d'action. Ce soir-là, rue Cardinal-Lemoine, j'accompagnais un réfugié politique espagnol, animateur du C.A.R.E pour des histoires militantes auxquelles je ne comprenais goutte. J'écoutais et j'attendais. J'observais surtout. Au bout d'un moment, nous partions. Avant cela, monsieur Cassou nous a fait patienter quelques instants. A son retour il avait un livre à la main. Il me l'a remis : « tenez, c'est pour vous… » qu'il a dit. Ce livre était « Boulevard Durand », d'Armand Salacrou… Ce livre, je l'ai lu. Ce livre, m'a été volé, avec d'autres livres, lors d'un changement hâtif de domicile. Ce livre fait son retour dans ma vie et j'éprouve une grande émotion à le partager avec les lecteurs de Ruminances.

J'avoue avoir été déçu en découvrant qu'il s'agissait d'une pièce de théâtre. Déception vite compensée par la qualité du contenu. La relisant aujourd'hui, je m'en veux encore de m'être montré aussi stupide à l'époque. Depuis que je l'ai reçu mes nuits sont agités. Des choses refont surface. L'histoire tourne et vire dans mon esprit comme si je lui devais autre chose que ce coin perdu au fond de ma mémoire.

Armand Salacrou est né à Rouen en 1899. Son père, fils d'une famille de paysans (un rouge comme on disait) était préparateur en pharmacie, originaire de la région d'Yvetot. A force de travail il obtint le diplôme d'herboriste. Ce qui lui permit d'ouvrir une officine au Havre vers 1900. Armand fit des bonnes études. Très vite, vers les 16-17 ans, révolté, il dénonce la misère des docks et s'insurge contre la fortune et l'insolence des armateurs. Il écrit un texte de révolte, « l'éternelle chanson des gueux ». Texte qu'il envoie à « l'Humanité » qui le publie. Après des études de médecine qu'il abandonne, il s'inscrit à la Sorbonne où il obtient ses licences. Il fréquente les surréalistes, les peintres et devient l'ami de Dubuffet, Desnos, Antonin Artaud, Max Jacob, etc.

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