temps pis

Que subit une controverse avec le temps ? Etait-elle vaine ?

La main de Thierry Henry pour faire rentrer un but dans la cage d'un irlandais et assurer une qualification à la coupe du monde de 2010. Rien de moins bêta que ça.

J'aurais dû avoir un avis, j'ai des ambitions morales.

Mais j'avais fait bien pire que lui, ce soir-là. Peut-être la pire chose que j'ai faite. Dite.

Soit moi à l'aéroport de Toulouse. 18h. Je dois prendre un jet facile. Ma collègue dans le taxi qui nous y amène m'a torturée. A peine notre réunion finie elle a déjà en tête ce que je devrai faire et m'éparpille de consignes je la hais.

Blagnac, 18h, je ne retrouve plus mon portefeuille, carte d'identité sésame pour décoller. Je pleure en direction du commissariat. Me ravise, appelle mon lieu de RDV. "Vous l'auriez laissé ?". "Oui". "Ah".

Silence, ma haine grandit. "Vous pourriez aller voir dans la grande salle ?".

"Ah. Vous voulez que j'aille voir ?"

"Oui". 

 Elle aussi aura un avis très tranché sur Titi, dans 5 h.

 Rien. Une autre piste, le taxi. Il l'a. Propose de me l'envoyer par la poste. Bonne-mère. Si je le paie pour revenir me le donner il revient.

Un vol pour Paris 2 heures plus tard est négocié avec la compagnie.

J'erre. Cafet' Algérie- Egypte. Match. Ca s'annonce bien pour l'Algérie. Embarquement (j'aurais pu écrire le pitch de Guerre et Paix sur 3 post-it). Queue. J'attends de me faire contrôler, sortir l'ordi, déchausser les mocass' et tutti quantti. Nein. L'équipe de contrôle prend sa pause et ferme sous mon nez. Crise. Le sort s'acharne contre moi, en voilà le dernier indice.

Une contrôleuse court pour aller voir les dernières minutes du match. Et moi : "j'espère que vous êtes égyptienne". Car l'Egypte perd.

Ca y est, c'est confessé. On se sent mieux ? Idiot, on se demande si on n'est pas un peu fada de dévoiler ce qui n'avait besoin de l'être.

Au point où... Donc, contrariée, je refuse ensuite de jeter moi-même ma bouteille d'eau remplie d'explosifs dans la poubelle du poste de contrôle, ça ne fait pas l'affaire de la police anti-terrorisme qui me course dans l'aéroport pour m'y obliger.

Quand un cheval se cabre...

20h50 je plane, le match contre l'Eire débute. Le pilote quelques minutes plus tard : "1-0". On sait pour qui.

Est-ce que je l'ai pris personnellement ? Enfin ! C'était vraiment une très belle crise de parano et l'excuse d'un Paris-Toulouse en couchette la nuit d'avant dans les pattes me semble un peu légère.

Taxi, plus de 22h. Heureusement, le chauffeur suit le match à la radio. Je sens aux commentaires audio que notre milieu de terrain est à la ramasse. Comme je veux partager ma colère et qu'il est malien, je lui demande si Diarra c'est d'origine Sénégalaise.

Non et je le savais, c'est bien Malien. Je me contiens à peine. Alou et Lassana, je dois les gronder dans ma tête.

(Notez qu'il existe un troisième Diarra milieu de terrain, Mahamadou, qui lui joue dans l'équipe nationale du Mali. Mais aussi au Real. Comme Lassana. Diarra.

Duga&zizou equipe du dimanche 18 Mai 2008
envoyé par Zidane-yazid. - Foot, rugby, surf et encore plus de sports en vidéo.)

Arrêts de jeu, maison. Il faudrait dormir mais je dois regarder du foot à la télé.

J'ai besoin pour avaler cette journée d'une bonne surprise, d'un avenir radieux, mes étés sportifs me comblent, championnat d'athlétisme au pire mais sinon JO, et tournoi de foot, Euro, Mondial, les deux me vont.

Demain m'attendait un jour soporifique, ennuyeux, je veux pouvoir espérer de juin, on est au milieu de novembre, j'ai pleuré dans les couloirs de Blagnac et insulté une algérienne, je mérite mieux.

Ensuite la main.

Ensuite le boulot.

Ensuite, pas le temps de prendre garde à la polémique.

Ensuite, je déjeune avec mes collègues et inconsciente de tout le ramdam, je dis que j'ai été un peu gênée par la main et que j'étais contente que les commentateurs en soient eux aussi gênés. Bien de leur part pour une fois de ne pas être chauvins. C'est tout.

Et finalement, c'est suffisant.

Moralement, pas forcément, et une discussion VRAIMENT morale pourrait été intéressante. Difficile et ardue, obligatoirement.

Mais les réactions, je hais ça.

Une réflexion, c'est une pièce. Un sou à deux facettes. Les deux sont vraies, pile est vrai comme face est vrai. Soupeser la pièce j'adore.

Une réaction, c'est du hasard intellectuel : je lance, ça tombe sur pile, "soutenons l'équipe d'Irlande".

Tous les jours, des milliers de pièces sont lancées en l'air, tombent d'un côté ou de l'autre et chacun annonce son résultat.

Les médias gentiment nous en informent, PMU PMU PMU. D'autres pièces sont lancées, plus.

Larsen insupportable s'ensuit.