Fiona Apple, une fille culottée

La vidéo ci-dessus la montre recevant le prix de MTV pour le clip Sleep To Dream de son tout premier disque de 1996. Elle a à peine vingt ans lorsqu’elle monte sur scène pour cette première reconnaissance de son travail, l’album Tidal, éblouissant de maturité. Et voici que, sans ciller, droite sur la scène, elle qui a le physique d’un moineau et le regard qui ne flanche pas, elle se met à dire à l’assemblée sidérée que ce monde-là, celui de MTV et de l’industrie musicale, c’est de “la connerie”. Elle recommande à ceux qui l’écoutent (les jeunes -c’est MTV), de ne pas accorder de crédit à ce qu’ils voient, à ce que les chanteurs disent, à comment ils s’habillent, etc… bref, de suivre leur propre voie. Elle se demande enfin ce qu’elle fait dans ce monde, mais, elle constate, avec un brin de fatalisme, qu’elle y est.

Ce moment-là est le premier accroc visible des rapports de Fiona Apple avec l’industrie musicale. En 2003, elle aura beaucoup de peine à sortir son troisième album Extraordinary Machine car sa maison de disque n’y repère aucun tube, et ne le trouve pas assez commercial. Il lui faudra se bagarrer, avec le soutien de fans, pour enfin sortir le fameux disque en 2005. Un disque dans lequel elle n’a toujours pas décoléré. Elle égratigne le système dans la chanson Please Please Please que vous pouvez écouter ici :

“Donnez-nous quelque chose de familier, quelque chose de semblable / À ce qu’on connaît déjà / Ce qui nous laissera tranquilles / Tranquilles / Tranquilles pour aller nulle part” met-elle dans la bouche de ceux qui l’empêchent de créer ce qu’elle souhaite.

J’ai toujours beaucoup aimé Fiona Apple et la colère que l’on sent dans toutes ses chansons. Elle est en révolte, crue, tourmentée et elle ne s’en excuse jamais.

Ça force le respect.