L'Edito de Jean-Laurent Bernard
07 Avril 2010
Bonjour,
Vous avez sans doute entendu cette information : les maillots de l'équipe d'Algérie se vendent par dizaines de milliers dans la perspective de la coupe du monde de foot au mois de juin. Voilà qui va inquiéter la préfecture et certains élus de Marseille, à gauche comme à droite, à la perspective de revoir dans le centre-ville des débordements et déploiements de force impressionnants comme pour la coupe d'Afrique des Nations. Le maire de Marseille dans un raccourci critiqué avait parlé du déferlement des musulmans sur la Canebière. Jean-Claude Gaudin s'en était excusé mais a surtout regretté que des drapeaux français ne soient pas visibles aussi ces soirs là au milieu de ceux de l'Algérie. De fait, ce n'est pas l'équipe de France qui jouait ces fameux jours mais à l'évidence cette remontée ostentatoire des origines des supporters n'a pas vraiment été digérée. Il en est resté de la rancœur de part et d'autre, compliquée par les déclarations incendiaires du Front National, ravi de se refaire une santé en pleine élection régionale. Avant ces probables défilés tonitruants qui reposeront la question de l'intégration, les débats s'annoncent chauds sur la burqa puisque Nicolas Sarkozy souhaite l'interdire complètement au risque de se faire retoquer par le Conseil Constitutionnel. Drapeau et burqa ne sont pas le même sujet direz-vous ? Oh que si ! Il y a derrière ces tensions une volonté politique de rassurer un électorat inquiet et déboussolé par ce qu'il estime être une faiblesse de l'Etat. C'est toujours la même histoire : faire en sorte que les règles et devoirs de la République s'appliquent partout avec rigueur et justice. La liberté impose le respect des convictions personnelles ou, pourquoi pas, des passions sportives. Mais il faudrait être sourd pour ne pas entendre cette exaspération qui fait qu'aujourd'hui les communautés se radicalisent et s'insupportent. Ne rien dire est aussi dangereux que tout interdire. Le drapeau algérien flottant sur une victoire ne serait pas anormal s'il n'était accompagné de violences indéniables et du doute grandissant sur un Marseille qui aurait parfaitement réussi toutes ses intégrations présentées jusqu'ici comme exemplaires.
Bonne journée.
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