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Lettre ouverte à 2 personnes qui n’auraient pas du mourir

Publié le 07 avril 2010 par Dornbusch

Tanja, le 16 février dernier vous étiez assassinée à votre domicile du quartier Jean Zay par votre ex concubin, un jeune fontenaysien.

Subrimaniam, vendredi 2 avril dernier en rentrant du travail vous étiez poussé sous un RER à la station Gare de Lyon par un jeune fontenaysien.

C’est bien entendu le fait que des fontenaysiens aient été impliqués dans chacune de ses affaires qui a attiré mon attention. Mais ce qui a suscité ma peine, mon trouble est tout autre chose, quelque chose de bien plus grave, de bien plus révélateur de maux profonds de notre société: c’est le fait que ni vous Tanja, ni vous Subrimaniam vous n’auriez du mourir et que ce soir vous devriez être encore parmi nous.

Tanja depuis plusieurs jours vous hurliez votre peur et vous aviez alerté toutes les autorités: police, municipalité sur le risque mortel que vous encourriez.

Subrimaniam, depuis plusieurs jours la mère du meurtrier, relayée par ma camarade élue Clémence Avognon Zonon, criait à la face du monde le danger que représentait son fils.

Et pourtant ce qui n’aurait jamais du arriver est arrivé, une fois, deux fois.

Il ne s’agit pas ici de pointer d’éventuelles “défaillances ou dysfonctionnements individuels”. Je suis contre la judiciarisation croissante de la société et pointer des coupables individuels n’a jamais pour moi été qu’une solution de facilité.

Non, ce qui m’interpelle est une question bien plus grave. La fonction première, la fonction ultime même du corps social est, depuis que l’homme est apparu sur cette terre, de protéger de la mort l’homme qui fait partie de ce corps social , de tout mettre en œuvre pour que la menace ultime soit repoussée aussi loin que possible.

Dans nos mondes modernes, une large partie de cette responsabilité (mais pas toute, l’assistance est un devoir universel, nul ne doit se sentir exempté de cette interpellation) a été déléguée aux administrations publiques; le monopole de la violence, de la coercition, une large partie des pouvoirs relatifs à la santé.

La question est donc de savoir comment le corps social entier d’une part, les administrations d’autre part, peuvent défaillir au point de ne pouvoir empêcher des morts annoncées, au point de ne pas entendre, de ne pas vouloir entendre des cris funestes qui hurlent à la mort.

Il ne s’agit certainement pas d’ajouter des lois aux lois, des procédures aux procédures, le corps social comme l’administration contient certainement depuis longtemps, depuis très longtemps, toutes les règles qui lui permettent d’accomplir sa mission ultime, empêcher la mort d’un de ses membres.

La question que la société doit se poser, et je ne saurai dire ici sous quelle forme il faut organiser ce questionnement, est donc de comprendre comment malgré sa complexité croissante, son organisation, ses principes de précaution toujours plus prégnants, elle peut faillir à sa mission première et laisser mourir deux de ses membres alors que mille signaux allumés pourraient permettre d’écarter cette issue.

Au delà de toute défaillance ou dysfonctionnement ponctuel, notre société doit affronter cette question fondamentale.

David Dornbusch


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