Magazine Formation

Les professeurs ne sont pas des géôliers !!

Publié le 09 avril 2010 par Soseducation

Le ministre de l’Education Luc Chatel a annoncé hier aux Etats généraux de la sécurité à l’école, qu’il allait limiter radicalement le recours aux exclusions, et compliquer les procédures des conseils de discipline, afin de dissuader les professeurs d’y recourir.

Seuls les élèves « les plus dangereux » continueront à pouvoir être exclus des écoles et être placés, comme c’est le cas actuellement, dans des « structures adaptées » (allusion possible aux centres éducatifs fermés ? Luc Chatel n’a donné aucun détail sur ces « structures »).

Autrement dit, tant qu’un professeur ne pourra pas prouver concrètement qu’un élève représente un danger physique, il sera désormais obligé de le garder dans sa classe et de trouver le moyen de faire cours malgré sa présence !

SOS Education rappelle que l’enseignement nécessite toujours une part minimale de bonne volonté de la part des élèves. Le professeur seul ne peut pas transmettre des connaissances à des élèves qui ne souhaitent pas apprendre ni faire des efforts, et encore moins à des élèves qui refuseraient de respecter leur professeur.

Nul n’est besoin pour un élève perturbateur d’être dangereux physiquement pour ruiner l’atmosphère de travail dans une classe, et réduire à néant tous les efforts d’un professeur pour faire cours.

SOS Education s’oppose donc avec la plus grande fermeté à cette nouvelle restriction apportée à l’autorité des professeurs. Ceux-ci ont déjà été privés de la plupart des moyens d’assurer la discipline. Ils sont déjà largement abandonnés par leur hiérarchie, qui ne les soutient pas suffisamment face aux élèves perturbateurs. Trop de professeurs se retrouvent même sanctionnés, voire poursuivis en justice, pour avoir pris leurs responsabilités éducatives (voir le cas de Claudine Lespagnol, persécutée pour avoir voulu interdire les portables en classe, ou celui de Thérèse-Marie Cardon, sanctionnée pour avoir giflé un élève qui mettait de grands coups de pied dans la porte de sa classe en hurlant). Les professeurs enfin, sont de plus en plus victimes des agressions des parents, et de l’impertinence des élèves qui ne se privent ni de leur rappeler leurs devoirs (« Vous n’avez pas le droit de faire ça, M’sieur »), ni de les injurier, ni même parfois de les frapper.

Il est donc totalement décalé et contreproductif de vouloir prendre aujourd’hui de nouvelles mesures contre les professeurs qui essayent d’instaurer la discipline dans les classes.

La volonté de Luc Chatel d’interdire les exclusions provient en réalité du fait que de plus en plus d’élèves sont exclus de classe, et qu’ils se retrouvent souvent très nombreux à errer dans les couloirs des établissements, à commettre toutes sortes de dégradations et de violences (voir le rapport d’Alain Bauer publié mercredi 7 avril 2010 sur la violence scolaire). Mais pour remédier à cette situation, il est absurde de vouloir obliger les professeurs à reprendre ces élèves en cours !!

Cette situation est la conséquence des problèmes gravissimes de discipline qui gangrènent un grand nombre d’établissements, et qui sont dus à l’échec éducatif massif de l’Education nationale depuis trente ans, causé par la perte d’autorité des enseignants, l’abandon des surveillants professionnels, et la culture de l’excuse qui conduit à tolérer des comportements toujours plus inacceptables de la part des élèves.

Ces élèves exclus doivent être pris en charge autrement. C’est un problème extrêmement grave pour la société dans son ensemble, et il n’est pas sûr qu’il existe de solution simple et réjouissante pour eux. Mais il est certain, en revanche, que ce n’est ni de la capacité, ni de la responsabilité des professeurs, que de gérer, dans leurs classes, ces cas difficiles.

Leur imposer de le faire malgré tout, ce n’est pas seulement dévoyer leur mission et les prendre pour des gardes-chiourmes (sans les moyens disciplinaires de la fonction). C’est aussi compromettre l’instruction de l’ensemble de leurs élèves, qui ne peuvent plus bénéficier de cours dans une ambiance de travail normal.

Alors au nom de l’éducation du plus grand nombre, au nom de la vocation des professeurs et du respect du à leur fonction, SOS Education demande à Luc Chatel de renoncer à lier encore plus les mains aux enseignants, et attend au contraire que des mesures fortes soient prises en urgence pour restaurer leur prestige et leur autorité.



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Soseducation 4729 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine