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Une vie de luxe

Publié le 09 avril 2010 par Malesherbes

Le somptueux voyage du Secrétaire d’Etat à la Coopération et à la Francophonie m’avait conduit il y a quelques jours à m’interroger sur le fait de savoir s’il n’eut pas été possible pour lui de faire excuser son absence. Mais j’ai pu depuis voir une copie de sa réservation d’un avion privé et ceci accroît encore mon indignation devant les pratiques de ce ministre, soi-disant serviteur de l’Etat. En effet, les services de son ministère y indiquent ses contraintes horaires, le nombre et la qualité des passagers, ses exigences en matière de confort (taille des banquettes) et à aucun moment ne figure la moindre interrogation en ce qui concerne les tarifs.

Je crois d’autre part que ce niveau de dépenses exige de procéder par appel d’offres. Sinon, il existe peut-être un contrat-cadre précisant dans quelles conditions de telles prestations sont fournies par cette entreprise. Si tel est le cas, aucune référence n’y est faite dans ce document. On objectera peut-être que, dans l’urgence, observer de telles procédures n’est pas possible.  Mais il ne saurait ici y avoir  eu urgence, étant donné qu’une réunion internationale telle celle consacrée à Haïti ne s’improvise pas au dernier moment et que les dates de conseils des ministres sont également très prévisibles.

Pour revenir sur la possibilité de rater un Conseil des Ministres, Monsieur Joyandet aurait pu évoquer le précédent constitué  le 5 octobre 2005 par le Ministre de l’Intérieur de l’époque, un certain Nicolas Sarkozy. Celui-ci avait alors justifié son absence par de fortes céphalées, sans que l’on puisse déterminer si elles étaient réelles ou simplement la couverture d’une manifestation d’irritation.

On interrogeait un jour Simone Signoret en lui demandant de définir le luxe. Elle répondit : « Vous entrez dans une boutique, vous remarquez un objet qui vous plaît et vous dites : je le prends. C’est ça le luxe, ne pas avoir à demander le prix ». Apparemment, Monsieur Joyandet ne connaît que le luxe. C’est une attitude totalement irresponsable lorsque l’on appartient au gouvernement d’un pays en situation de faillite (François Fillon, en septembre 2007) et dont les caisses sont vides (Nicolas Sarkozy, le 8 janvier 2008).

Le gouvernement vient de réagir en interdisant aux ministres de procéder ainsi sans accord préalable du premier ministre. Sage décision, mais il est navrant de constater que des ministres aient si peu le sens de l’Etat qu’il faille les contraindre à une conduite responsable. Si Monsieur Joyandet dépense l’argent de l’Etat comme il dépense le sien propre, c’est une grave erreur de maintenir au gouvernement une personne incapable de gérer ses dépenses personnelles. Si, au contraire, il se permet de gaspiller l’argent de l’Etat précisément parce que ce n’est pas le sien, il est totalement indigne d’être ministre.

En des temps où l’on peut licencier une hôtesse de caisse parce qu’elle a fait profiter une cliente d’une poignée d’euros en bons d’achat, il n’y a qu’une seule sanction possible pour un ministre de ce style, la porte. De plus, je suis plus que favorable à la remise en service du pilori.


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