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La Belgique est entrée dans une nouvelle période de haute tension

Publié le 10 avril 2010 par François Collette

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Après les classiques exercices de musculation et les révélations dans les médias de discriminations communautaires au nord du pays, revoici un nouvel épisode de la saga belgo-belge. En cause, la nième tentative flamande de scinder l’arrondissement électoral bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV). 

Une fois de plus, il y a péril en la demeure « Belgique » quoi qu’en dise Jean-Luc Dehaene, sorcier en compromis depuis plus de trente ans et ci-devant plombier dépêché par le Roy. Péril, certes, mais pas encore fin imminente de l’Etat car, en cas de flop des futures négociations, il restera quelques trucs et ficelles pour remettre le problème au frigo pour six mois, juste le temps de passer sans trop d’encombre la présidence tournante de l’Union européenne qui débute le 1er juillet.

La vie de la Belgique est truffée de compromis qui l’ont amenée à ce qu’elle est, un non-pays dominé par les Flamands qui se sont petit à petit attribué tous les beaux rôles dans les domaines régaliens et internationaux de l’Etat. Mais ces compromis ne sont jamais que des rustines sur une baudruche et cet acharnement thérapeutique devra bien s’arrêter un jour face à la pression populaire.

Mais pourquoi, direz-vous, tant d’acharnement à vouloir maintenir un Etat belge alors que tant de Flamands rêvent d’une Flandre indépendante ? Cela en effet peut sembler paradoxal mais ce n’est pas le cas. Le monde politique flamand sait très bien que le label « Belgium » est toujours très porteur au-delà des frontières et que sans lui la Flandre ne serait qu’une petite grenouille qui se veut plus grosse que le boeuf en Europe. Plutôt que l’indépendance pure et simple, une part importante de la majorité politique du nord privilégie d’abord l’instauration d’un confédéralisme sous l’étiquette « België ». C’est la première étape. Et ce n’est pas à M. Dehaene, flamingant pur jus et calculateur froid, qu’il faut l’expliquer.

D’ici une dizaine de jours, le plombier royal doit remettre son projet et… le devis de ce qu’il en coûterait aux Flamands pour régler ce fameux problème BHV, une véritable obsession chez les nordistes. De quoi va-t-il accoucher ? Silence radio dans toutes les langues mais la méfiance est présente partout… en Flandre. Rappelons que face à l’exigence flamande de scinder BHV, les partis francophones réclament (malheureusement pour la forme) l’élargissement de Bruxelles-Capitale aux six communes à facilités et la nomination des trois bourgmestres francophones élus en 2006 dans la périphérie.

Jean-Luc Dehaene est loin de faire l’unanimité dans le monde politique flamand dont une partie non négligeable, se référant à une décision de la Cour constitutionnelle, n’accepte pas qu’il faille (encore) négocier sur le sujet. S’il ne réussit pas, les partis flamands pourraient passer en force au parlement fédéral (ils y sont majoritaires en nombre d’élus) en votant contre l’avis des francophones la scission qui les obnubile tant. Le parlement flamand (avec la NV-A dans la coalition au pouvoir) pourrait dès lors suivre sa propre voie et décider de quitter l’Etat belge. On n’en est pas encore là, mais si tel était le cas, ce serait enfin la fin du royaume de Belgique.


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