Loin du pays des mots
Publié le 28 novembre 2007 par Jlhuss
par Arion
Longtemps il lui sembla qu’il n’y eût au monde qu’un langage : la langue ; une seule langue : la nette. Les autres langages étaient pour les sourds, les autres langues pour les frustes, impropres à la parole exacte, au chant clair ; juste bonnes à brouiller les pistes dans les lieux de sommeil, les territoires perdus pour l’échange.
Longtemps il lui sembla qu’il n’y eût au monde qu’une vertu : la présence ; une seule présence : la gravité. Les autres vertus étaient pour les spectres, les autres présences pour les singes, impropres à l’acte édifiant, au geste plein ; juste bonnes à semer des petits jours dans les forêts d’insouciance, par les sentiers sans ogre.
Or voilà soudain qu’un soir -« Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche »- il fut happé par une langue plus vive, faisant vibrer sans lèvres des cordes si profondes, loin du pays des mots, en une contrée sise aux rives de l’oubli par soixante degrés de latitude intérieure, longitude infinie ; et nous le vîmes -certains dirent fou - rire au passé décomposé et conjuguer à l’inconditionnel « le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui ».
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