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Ma France

Publié le 31 mars 2010 par Hermes
Ma France
La parabole des aveugles. Bruegel l'Ancien
Dans un village on enterrait Jean Ferrat.
Je pensais à ces milliers de gens qui étaient là, non pour la télé, non pour les célébrités absentes, mais pour vivre une dernière fois l’émotion que le chanteur leur avait transmise.
Il n’y eut ni Frédéric Mitterrand qui ne brille bien que par son absence ni Carla qui ne chante bien que lorsqu’elle se tait. Seul l’impudique ou l'impudent cireur de pompes funèbres, Michel Drucker, eut le mauvais goût de venir en hélicoptère. La gamelle du people ne lui suffisant pas, il fallut encore qu’il fût le pique assiette du peuple.
Le peuple. Expression démagogique ?
Non, ces gens c'étaient ceux du monde réel, loin des élites et de l’image que les médias renvoient de lui : ces beaufs abrutis de télé, racistes, profiteurs, vulgaires, paresseux… Bien sûr le Peuple est cela aussi. Le Peuple est cette matière argileuse que le pouvoir doit modeler dans ce qu’il peut avoir de meilleur. C’est le sens même de la République.
Or, loin de là, à Paris, au même instant, Nicolas Sarkozy donnait le pire exemple qui soit. Là où il aurait pu humblement reconnaître une défaite électorale, il nous offrit l’image d’un autisme alarmant.
Là, où certains de ses anciens électeurs auraient peut-être repris espoir, ils auront maintenant compris qu’il n’y avait plus rien à attendre d’un homme qui, à la réalité, préférait un entêtement hallucinatoire. Le premier tour fut calamiteux, le second sera pire. Quitte ou double ? Double, toujours et encore ! Le joueur, l’addict, le flambeur : Son casino c’est nous !
Et le vrai Stalinien c’était lui: Un Ceausescu toujours certain de porter la vérité quand il errait dans un palais des glaces où le réel se fractionnait en autant de miroirs déformants que lui tendaient les courtisans ou des figurants payés pour lui faire la claque.
Délire pathétique, errance hypnotique desquels nul n’ose extraire Notre Souverain de peur de rater quelques miettes dorées ou de tout perdre. L’aveugle montre le chemin.
Ailleurs donc Ferrat: Le vieux communiste nous donnait cette autre image de la France. Non pas le bling bling et l’incohérence idéologique mais la simplicité et la fidélité. De ces deux France, laquelle fut la plus digne ?
Ferrat, le chanteur d’origine juive mais qui, à la médaille du martyr, préféra la voix du combattant.

Récemment on s'offusqua du "dérapage raciste" de Gérard Longuet mais, bizarrement personne ne remarqua que ce qu'il disait réellement quand il opposait Louis Schweitzer à Malek Boutih pour la direction de la HALDE ne tenait pas à la "race" mais à l'origine sociale: Longuet vantait Schweitzer parce qu'"il appartenait à une vieille bourgeoisie protestante".
Ainsi le "racisme" fut une manière d'occulter la question sociale. Cette question qu'il faut évacuer d'urgence mais à laquelle Ferrat s'acccrocha jusqu'au bout! Pour cette droite, la légitimité du pouvoir vient de la naissance et des racines. Pour Jean Ferrat, il n'y avait que la valeur que l'homme se donne.
La gauche ferait bien de l'écouter de nouveau.
Aussi ne se serait-il pas même sali les pieds dans ces débats fumeux sur l’identité relégués à cette tragique vérité de la nuit et du brouillard. Le monde de Besson.
Il eut le bon goût de mourir loin de tout cela, dans la vraie terre des poètes : Ma France.

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