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Salauds d'écolos.

Publié le 13 avril 2010 par Francisbf

On le savait déjà, les écologistes sont durs à supporter. Ils sont toujours prêts à vous démontrer à quel point vous êtes dans l'erreur, et comment vous tuez la planète en mélangeant le papier et le carton dans les poubelles jaunes ou en ne mangeant pas les épluchures de pomme de terre, alors que Jean-Pierre Coffe a expliqué comment on pouvait faire des frites encore meilleures que les vraies frites à la patate normale avec les épluchures.
C'est un peu fatigant, même si des fois, ça fait des bonnes BD (lisez Auto-Bio de Cyril Pedrosa).
Puis ils roulent comme des fous sur leurs bicyclettes en alu recyclé, vous frôlant de leur manteau qui sent le suint de mouton quand vous ouvrez votre portière sans faire attention, ils vous envoient vers des sites culpabilisants qui vous indiquent combien de petits somaliens on pourrait sauver avec les peaux de saucisson que vous donnez à votre chat, tout ça (bon, là, ils ont pas tort, il faut manger la peau du saucisson), ils vous regardent avec un oeil bizarre quand vous mangez votre bon kebab plein de gras parce que l'élevage de boeuf ça fait du méthane à effet de serre et qu'il faut manger plutôt du tofu (alors que bon, le kebab, c'est de la dinde, hein, mais vous avez même pas le temps de leur dire parce qu'ils sont déjà en train de vous citer les chiffres de la forêt amazonienne dévastée pour faire des pâtures à vache est-ce que tu te rends seulement compte alors que les pissenlits sont vachement plus nutritifs que la viande aux hormones mais tu réfléchis pas une seconde aux conséquences de tes actes ?
Et nous, on dit rien. Parce qu'on se dit qu'ils ont pas tort, et que même ils ont plus raison que vous, et que si tout le monde était écolo, les kebabs fermeraient mais les papillons reviendraient voleter dans les villes et il y aurait des bambis qui gambaderaient dans les cours des écoles.
Ce sont des gens biens, les écolos.
Oui, mais sauf que non. La science a prouvé que c'était des gros salauds profiteurs. Sans blague.
Enfin, je vais un peu vite en besogne.
Reprenons au début : en ville, à part son manteau tissé en peau de mouton équitable tibétain (abattu dans le respect de l'animal, pendant qu'il dormait et tout, après un repas de son herbe préférée), sa bicyclette hollandaise et ses ongles sales, à quoi reconnait-on un écolo ?
A son cabas plein de légumes bios du petit paysan d'à côté (achetés chez le gars qui vend trente sortes de boulgour et loue des yourtes sur internet en parallèle), et tous ses produits « verts », bien sûr !
C'est bien, ça, de faire vivre le commerce de proximité, de soutenir la production locale, d'acheter des produits plus économes en énergie et tout. A première vue.
Sauf que. Une étude a démontré que les gens qui achètent des légumes bios, ben devinez quoi ? Ils se sentent dédouanés, et du coup, ne se privent pas de jouer les connards à côté.
L'expérience a été menée par une équipe de recherche canadienne, qui a présenté une simulation de boutique en ligne à des étudiants. La moitié avait droit de dépenser jusqu'à 25 dollars dans des produits marqués « verts », comme des ampoules basse consommation, l'autre moitié n'avait accès qu'à des produits conventionnels.
Les étudiants passaient ensuite un test : certains devaient se partager 6 dollars entre eux et un autre participant, et un autre groupe faisait un jeu consistant à observer une image constituée de points et à dire s'il y en avait plus à droite ou à gauche d'une ligne. Ils recevaient 0,5cents à chaque fois qu'ils disaient qu'il y avait plus de points à gauche, et 5cents quand ils disaient qu'il y en avait plus à droite. Oui, c'était particulièrement facile de tricher.
Et que croyez-vous qu'il arriva ? Bien sûr, les acheteurs de produits « verts », se sentant sans doute dédouanés, ont été les plus nombreux à s'attribuer une plus grosse somme que celle qu'ils donnaient à leur partenaire dans le premier groupe, et plus nombreux à tricher dans le second groupe.
Dans ce groupe, d'ailleurs, les joueurs étaient invités à aller chercher eux-mêmes leurs gains dans un sac, et si tous ont pris plus que leur dû, les « écolos » ont pris en moyenne plus que les autres.
Décidément, ces gens qui se croient mieux que les autres se croient aussi tout permis. Tous pourris.
Source : the New Scientist.
PS : quelques raccourcis intellectuels se sont glissés dans ce texte, sauras-tu les retrouver, ami lecteur ?
Evidemment, l'expérience ne dit pas que les écolos sont tous des égoïstes voleurs. Mais le fait que les gens s'autorisent manifestement ces petits relâchements moraux après une « bonne action » écologique expliquerait les résultats contreproductifs de certaines politiques visant à réduire l'empreinte environnementale. Par exemple, le fait qu'en Grande-Bretagne, les gens qui ont opté pour des systèmes à économie d'énergie dans leur maison soient plus enclins à monter le chauffage et à le faire fonctionner plus longtemps. 


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