Magazine Humeur

Nicolas Sarkozy ambassadeur de la langue française à Washington ? C’est du joli !

Publié le 14 avril 2010 par Kamizole

sarkozy-elysee-24-mars-2010.1271231788.jpg

Pauvres Américains ! J’espère pour ceux qui comprennent le français et souhaitaient s’améliorer en écoutant l’interview que Nicolas Sarkozy vient de donner à la chaîne de télévision CBS qu’ils n’adopteront pas la tournure de phrase utilisée par Nicolas Sarkozy en réponse à la question sur ses intentions pour l’élection présidentielle : «Quelque part à la fin de l’été, début de l’automne 2011»

D’abord éberluée par cette nouvelle UM/Propriété langa-gière que j’avais d’abord lue sur Le Figaro, j’ai ensuite cherché si d’autres titres la reprenaient. Je n’ai rien trouvé ni sur Libération ni sur 20 minutes mais seulement sur Le Monde “Présidentielle : Je me déciderai à la fin de l’été, début de l’automne 2011″. Le titre n’en rend pas compte mais c’est écrit noir sur blanc à l’intérieur de l’article : «Je me déciderai quelque part à la fin de l’été, début de l’automne 2011»

Quelque part !

Ceux et celles qui ne seraient pas choqués sont cordialement invités à venir prendre une leçon de grammaire chez mémé Kamizole. Coach bénévole, of course. Et surtout puriste en diable ou diablement puriste, comme vous préférez. J’ai immédiatement consulté le Robert. A “part” (III) “partie d’un lieu”… pour quelque part, il ne peut s’agir que d’un lieu. J’ai ensuite consulté divers livres de grammaire. Grévisse est muet sur le sujet. Je voulais également trouver quel terme s’appliquerait le mieux à cet intervalle de temps. J’ai beaucoup cherché et finalement je pense que c’est la préposition “entre” qui s’applique aussi bien à l’espace qu’au temps.

J’imagine enfin que par “fin de l’été” il entend la fin des vacances et la rentrée scolaire. Sinon, entre la fin de l’été le 22 septembre et le début de l’automne le 23 septembre, il n’y a pas chouïa : les douze coups de minuit. Heure du crime. Linguistique ?

:)

Ce n’est pas la première fois que je relève des défauts d’expression ou de syntaxe chez Nicolas Sarkozy. Je ne suis d’ailleurs pas la seule. J’avais le souvenir d’un article de l’Express lu l’an dernier et que j’ai pu retrouver. Il date du 15 juin 2009 Quand Nicolas Sarkozy malmène le français. Un article du Parisien, paru le 22 mars 2009 – en pleine semaine de la langue française ! – décerne également un bonnet d’âne à l’élève Sarko, lequel n’éprouve vraisemblablement nul “désarroi” à ainsi torturer le français…

Le comble étant sans doute que Nicolas Sarkozy se pose néanmoins en défenseur de «l’âme de la langue française» ! Je n’invente rien et c’est le sens d’un discours – il n’en est jamais avare ! – prononcé à Caen le 9 mars 2007 et repris à Besançon le 13 mars 2007 :

“Le français, c’est l’âme de la France, c’est son esprit, c’est sa culture, c’est sa pensée, c’est sa liberté. C’est le droit de penser autrement que selon la pensée dominante. La diversité linguistique c’est la condition de la diversité culturelle et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.”

“Nous avons le devoir pour nos enfants, pour l’avenir de la civilisation mondiale, pour la défense d’une certaine idée de l’homme, de promouvoir la langue française”.

Tout cela n’est que du bla-bla. Certes, pour le coach en orthographe Bernard Fripiat, interrogé par Le Parisien, il s’agirait d’une posture quand il s’adresse à un auditoire populaire. Faire peuple ? Ou plutôt selon l’idée qu’il se fait du peuple. Ce qui est une façon de le mépriser.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Kamizole 786 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte