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Somalie : violente attaque des « shebab » contre la force internationale de l’Union africaine

Publié le 14 avril 2010 par Roman Bernard
1. Qui sont les « shebab » ?Le mouvement Al Shabaab s’inscrit dans la nébuleuse islamiste somalienne. Celle-ci s’est fait connaître en juin 2006, lorsque l’organisation de l’Union des tribunaux islamiques a pris le contrôle de Mogadiscio, dont elle a finalement été chassée par les forces armées éthiopiennes. À cette époque, des combattants étrangers ont afflué en Somalie, en provenance notamment d’Afghanistan, du Pakistan, de Tchétchénie, de la Péninsule arabique et d’Irak. On a bientôt dénombré une quinzaine de camps d’entraînement terroriste sur le territoire somalien. En 2007, a émergé de cette mouvance le mouvement Harakat Shabaab Al-Moudjahidine (ou Al Shabaab), un mouvement plus radical encore que ne l’est l’Union des tribunaux islamiques elle-même. En effet, Al Shabaab est d’emblée sorti du cadre géopolitique régional de la Corne de l’Afrique en préconisant un djihad global et planétaire, ce qui rejoint les objectifs d’Al-Qaïda. C’est pour cette raison que l’on a envisagé l’hypothèse d’un lien entre cette organisation islamiste et l’agresseur somalien de Kurt Westergaard. Le 29 février 2008, le gouvernement américain inscrivait Al Shabaab sur la liste des mouvements terroristes. Et, de fait, Al Shabaab a officiellement prêté allégeance à Al-Qaïda en septembre 2009, cela dit à destination des journalistes qui continuent à écrire des phrases du genre « Al Shabaab serait lié à Al-Qaïda selon Washington » ou « Al Shabaab une organisation présumée proche d’Al Qaïda », comme si cela faisait encore un doute. Le mode opératoire d’Al Shabaab rappelle celui des terroristes d’Irak et d’Afghanistan. Aujourd’hui, Al Shabaab compte dans ses rangs plusieurs centaines de combattants étrangers et vise clairement à internationaliser son action. On sait, par exemple, que l’organisation islamo-terroriste somalienne entretient des relations avec Anwar al-Awlaki, au Yémen, personnage que nous évoquons notamment dans notre texte consacré à Abdulmutallab, ce terroriste nigérian qui a tenté de faire exploser le vol 253 Amsterdam-Détroit, le 25 décembre 2009.2. L’Amisom violemment attaquéeDans la nuit du jeudi 28 janvier au vendredi 29 janvier 2010, à Mogadiscio, des éléments du groupe Al Chabaab - les « shebab » - ont attaqué des positions de l’Amisom, la force de paix de l’Union africaine (UA), présente en Somalie. Des échanges d’artillerie et d’armes automatiques ont ainsi éclaté vers deux heures du matin (minuit heure de Paris) et se sont poursuivis tout au long de la nuit. Après une brève baisse d’intensité, ils ont repris dès le lever du jour. Les combats se sont concentrés autour d’un point nommé « K4 » situé à mi-chemin entre le port et l’aéroport. L’Amisom dispose à cet endroit d’une unité composée de plusieurs dizaines de militaires ougandais qui sont régulièrement la cible d’attaques. Ceux-ci ont immédiatement riposté avec des tirs de mortiers et fait usage de chars de combat. Vers 6h30, les combats se sont déplacés vers le Nord, le long d’une avenue menant à la présidence somalienne, la Villa Somalia, autour d’une autre position de l’Amisom nommée « Shakara ». Les troupes de l’Amisom, appuyées par des unités blindées envoyées en renfort, depuis la principale base de l’Amisom située à proximité de l’aéroport, ont finalement repoussé les « shebab » qui se sont repliés sous le feu de leurs adversaires. Les combats on fait au moins 12 morts et 25 blessés. Les attaques des islamistes contre les troupes de l’Amisom sont fréquentes. Elles n’avaient toutefois plus atteint une telle intensité depuis des mois. Ces combats coïncident avec la date du premier anniversaire de l’arrivée au pouvoir du président somalien, cheikh Sharif Ahmed, qui dirige un bien faible gouvernement de transition qui, en définitive, ne contrôle, au mieux, qu’une petite partie de Mogadiscio, et ce, essentiellement, grâce au soutien militaire fourni par l’Amisom (5300 hommes).3. Ultimes développements des combatsLe mardi 2 mars, de violents combats ont éclaté, en fin d’après-midi, dans le sud de Mogadiscio, le long de la ligne de front de Tarbunka. Des tirs d’artillerie et d’intenses fusillades se sont fait entendre à proximité d’un important carrefour situé non loin de l’aéroport de la capitale somalienne. Le même jour, on a notamment vu des miliciens islamistes du mouvement Al Shabaab, montés dans un camion sur lequel était installé un canon anti-aérien, se diriger vers un secteur où sont déployées des forces du gouvernement de transition somalien (TFG) et de la force internationale de l’UA. Cette dernière est intervenue en soutien des premières à l’aide de mortiers. Les combats ont fait 12 morts et 49 blessés. Quant à la vaste offensive que les forces gouvernementales somaliennes promettent depuis plusieurs semaines de mener dans la capitale somalienne contre les « shebab », le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle se fait attendre. Éric TimmermansSources :« Al Shabaab contrôle plusieurs zones en Somalie », Alain Charret, Les nouvelles d’Addis, lesnouvelles.org, 4 décembre 2009« La force internationale violemment attaquée à Mogadiscio », LeMonde.fr avec AFP, 29 janvier 2010, 07h38« Mogadiscio théâtre de nouveaux combats meurtriers », LeMonde.fr, mercredi 3 mars, 11h44« Au moins 12 morts dans les affrontements à Mogadiscio », Abdi Sheikh et Abdi Guled (trad. française : Olivier Guillemain), Reuters, mercredi 3 mars, 15h39

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