Magazine

Sur les retraites, Martine invoque l’au-delà

Publié le 15 avril 2010 par Argoul

Dans une tribune publiée par Le Monde hier soir (15 avril 2010, p.19), Martine Aubry, Première secrétaire du Parti socialiste invoque l’au-delà des retraites. Voilà qui change des problèmes de robinets chers à nos machos énarques et syndicalistes. Enfin parler d’autre chose que de comptabilité ! La « révolution » socialiste de Martine Aubry serait désormais celle de l’âge. Il est cependant dommage qu’elle évite soigneusement d’évoquer l’emploi, se cantonnant à énumérer tous les services à la personne (quelle appelle « soins ») peut-être créés. Avec quel argent ? Celui de l’Etat ? Celui d’encore plus de prélèvements obligatoires pour tout le monde, eux qui sont déjà au top dans l’OCDE ?

retraites-visages.1271269254.jpg

Les ornières mentales que nous évoquions dans une précédente note n’épargnent pas la cheftaine du PS, bien qu’elle tente de les dépasser. Financer les retraites promises, c’est le socle – là il faut parler comptable. Sa tribune est consacrée pour moitié à le faire, sans grande originalité sinon (travers socialiste) de « faire payer » tout et tous :

· les entreprises sur leur valeur ajoutée (bien la peine d’avoir démontré que la taxe professionnelle, assise sur ce principe et invention de Chirac, était idiote !),
· les stock-options et autres primes,
· les hauts revenus (sur ces deux options, nous sommes d’accord, il s’agit de solidarité nationale),
· les niches fiscales appelées « privilèges » (il est curieux que les 5 longues années Jospin ne les aient pas abolies, sans évoquer les 14 années Mitterrand…)
· les banques surtaxées (c’est justice puisqu’elles sont responsables de la crise – mais moins les françaises que les américaines, alors ?)

A la moitié du texte, enfin l’au-delà. La compta ne suffit pas. Bien ! Mais nous retombons trop vite dans le travers victimaire de l’assistance : emplois qualifiés, soins à domicile, équipements adaptés, soutien aux pathologies de l’âge, droit de mourir dans la dignité. Nous restons sur notre faim : hop ! d’un seul coup, Martine saute des 50 ans aux plus de 80 ans. Elle fait l’impasse sur ceux qui sont encore en âge de travailler mais qui ne trouvent aucun emploi, la faute à la mentalité française (qu’elle ne se préoccupe en rien de changer) et à l’inaction des gouvernements (depuis trente ans) sous l’œil indifférent des syndicats!

C’est tout juste si est évoquée « l’utilité sociale des seniors » - mais si vite évacuée dans les « projets » qui sont tout de suite qualifiés de « bénévoles ». ils sont cantonnés à « l’aide », au « soutien social » pourlépludémuni ou au « conseil » forcément humanitaire. Nous voilà retombé dans l’ornière Royal : celle de la victimisation. Mais non, Martine von Péhesse, les seniors ne désirent nullement être traités en mineurs qui souffrent ! Ils veulent pouvoir TRAVAILLER si cela leur chante, cotiser eux aussi, participer encore à la société des actifs ! Jusqu’à quel âge ? Pourquoi ne pas leur laisser le libre choix ? Pourquoi toujours dire d’en haut aux gens ce qu’ils doivent faire ? Pourquoi considérer qu’ils sont par essence incapables, exploités et fatigués au point de ne plus savoir ce qu’ils font ?

Ah, une phrase qui va dans ce sens : « Nos représentations sont à revoir, car les seniors soutiennent la société et ne se bornent pas à lui demander secours. » Mais aussitôt, revoilà le « grand âge », les « besoins », la « dignité » et tous ces poncifs qui ne disent RIEN de concret sur « l’expérience comme atout » ou « l’âge comme une chance » ! Les emplois ? C’est pour les autres « ceux qui apportent ces soins », et bla bla bla, c’est reparti vers le caporalisme, « les politiques publiques », et encore « les soins », la « sollicitude », famille voisins, société. Manque le travail. Où est-il ?

martine-sonde-l-au-dela.1271269280.jpg

Est-ce que « la réhumanisation » de la société veut dire encore plus de fonctionnaires ? Payés par qui ? Par des prélèvement encore accrus sur le patrimoine de ceux qui ont économisé pour combler une retraite qui sera plus chiche qu’avant ? Le socialisme déclamé par Martine Aubry promeut fermement cette double peine. Ce n’est pas cela que les seniors réclament, cet assistanat condescendant de maternage. C’est la possibilité de TRAVAILLER. S’ils le veulent, et en tout cas passé 45 ans !

Sur ce point – crucial pour l’équilibre du système des retraites par répartition – Martine Aubry ne pipe mot. Faute d’idées ? Obnubilée encore et toujours par le « faut faire payer » ? On aimerait de l’audace, encore de l’audace et toujours de l’audace ! Il n’y a que de vagues bonnes intentions…


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Argoul 1120 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte