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La corruption à l’origine d’une crise gréco-allemande

Publié le 02 avril 2010 par Edelit @TransacEDHEC

« Notre crise financière est due en grande partie à la corruption » : voilà ce qu’a déclaré début mars Costas Bakouris, le président de Transparency international Grèce.

Selon le rapport de Transparency, près de 600.000 personnes dans le secteur public et 360.000 dans le secteur privée ont été victime en 2009 de la corruption. Dans le secteur public, les hôpitaux (33,5%), les services d’urbanisme (15,9%) et les bureaux du fisc (15,7%) font la course en tête. Pour le privé, les hôpitaux (15,9%), les banques (10,8%), les avocats (9%) forment le podium. Le pot-de-vin s’élève en moyenne à 1.355€ dans le public et à 1.671€ dans le privé. La Grèce est classée 71e, sur 180 pays, sur la liste annuelle des pays les plus corrompus.

Avec près de 790 millions d’euros de pots-de-vin versés en 2009, en augmentation de 50 millions par rapport à 2008, la Grèce fait les frais des erreurs commises par le passé. Même si le directeur de Transparency, Yannis Mavris, a affirmé que ce phénomène de corruption en Grèce « constituait un grave problème avec des racines profondes », il n’en reste pas moins qu’elle est liée aux « circonstances économiques et politiques du moment ». Alors que la corruption reste un mal très présent dans la société hellénique, ce phénomène a également contribué à aggraver la crise financière.

A la suite de la révélation de la récurrence de la corruption en Grèce, un autre scandale a éclaté entre l’Allemagne et la Grèce, au niveau politique. En témoigne la couverture du magazine allemand FOCUS a presse allemande qui représente la Vénus de Milo faisant un geste obscène avec comme titre, « les imposteurs de l’Europe ». Bild, le quotidien le plus lu d’Allemagne (12 millions de lecteurs par jour) présente la Grèce comme « un pays de gaspilleurs, de fraudeurs et de fainéants ». Outre-manche, le magazine conservateur The Economist a ironisé la situation en montrant la chancelière allemande près des ruines d’un temple grec qui s’exclame « Mais laisser-les donc se ruiner ! ». Le Premier ministre grec, George Papandreou, y répondit de cette manière : « Les Grecs n’ont pas la corruption dans les gènes, tout comme les Allemands n’ont pas le nazisme dans les leurs ».

D’autres voix s’élèvent pour mentionner le plus gros scandale de pots de vin jamais versé à un gouvernement « tricheur », celui d’une entreprise majeure de l’économie allemande, Siemens. Par ailleurs, l’argent des contribuables allemands offert à leurs banquiers trop laxistes pendant la crise est un choix plus discutable que l’aide à la Grèce. Le bras de fer qui oppose la Grèce à l’Allemagne n’est pas sans lien avec cette affaire.

« L’enquête montre la voie pour l’établissement de la transparence : 98% des citoyens grecques croient que l’application des lois est la mesure la plus efficace contre la corruption, et 96% demandent une punition sévère des corrompus arrêtés », a affirmé M. Bakouris. Cependant, après avoir rétabli la transparence, la Grèce aura besoin de l’aide de l’Europe pour échapper à la banqueroute, à moins que le FMI n’entre en action, chose que certains pays européens considèrent comme un aveu d’impuissance.

G.W.


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