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Banderille n°336: Solliciter une deuxième mandale

Publié le 15 avril 2010 par Toreador

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Par Toréador | avril 16, 2010

Il faudra un jour qu’on m’explique pourquoi un bon nombre des réformes symboliques des années 2000 se révèlent des vaches sacrées malades dont tout le monde voit les errances, mais que personne n’ose abattre. Je peux en citer trois : les trente-cinq heures, la « nouvelle étape » de la décentralisation, et surtout le quinquennat. La première a démoli l’hôpital et la compétitivité de ce pays. La seconde a renforcé le mille-feuilles local, fait exploser les coûts de gestion des collectivités, et fragilisé les chances d’un aménagement du territoire rationnel et concerté. Quant à la dernière, c’est la plus insidieuse : elle a raccourci l’horizon présidentiel, démoli les institutions, et finira par miner le pouvoir lui-même.

En effet, si l’omniprésidence de Nicolas Sarkozy est le reflet de sa personnalité, c’est aussi le résultat d’un mandat raccourci : Sarkozy a voulu se comporter comme un président américain*, écrasant son Premier ministre et ressuscitant  à la place un « vice-président » (Claude Guéant, d’après Le Monde).

Nous sommes deux ans avant la fin de son premier mandat que déjà, forts du résultat de triangulaires aux régionales, on spécule sur sa réélection, ses alliés, ses chances… Lorsqu’on voit la petite musique de Copé, les envies de Morin, les scuds de Villepin et le tour de chauffe de Juppé, on imagine déjà ce que sera l’après 2012, si Sarkoy est réélu : un Enfer. Tous les petits barons ou les vieux comtes (qui font parfois de bons amis, mais pas toujours) sont aujourd’hui obligés de considérer un paramètre : la possibilité que Sarkozy se représente. Après 2012, le nombre de mandats étant limité à 2, cette variable là n’existera pas.

Voilà pourquoi, à titre personnel, je préconiserais la solution suivante : un mandat de dix ans non renouvelable et l’interdiction des sondages présidentiels à moins d’1 an de l’élection. Si moi j’ai anticipé ce problème, nul doute que la Droite aussi, et la Gauche ne sera pas en reste : le système est un encouragement à ne faire qu’un seul mandat.

Du temps du septennat, le temps moyen passé au pouvoir était de 10 ans. Si la perspective d’un second mandat vérolé (le lame duck aux Etats-Unis) joue un rôle repoussoir, nous aurons réussi le tour de force de réduire de moitié la stabilité présidentielle en raccourcissant de 30% son mandat. C’est le Conseil constitutionnel qui va être heureux !

* On notera que les méthodes d’Obama et de Sarkozy diffèrent grandement : Obama a privilégié une réforme mère, alors que Sarkozy a ouvert tous les dossiers en même temps.
Tags: qualité du dialogue démocratique, quinquennat, réélection, septennat

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