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Nicolas Dupont-Aignan dans l'impasse

Publié le 16 avril 2010 par Edgar @edgarpoe

J'ai beaucoup de sympathie pour Dupont-Aignan. Pour son meilleur supporter sur Internet, Laurent Pinsolle, également.

Mais il est en train de s'enfermer dans le club des agitateurs d'idées : tous ceux qui ont organisé un grand concours de bonnes idées pour redresser la France.

Je ne veux pas leur jeter la pierre. D'une part parce que le débat est nécessaire, d'autre part parce qu'il m'arrive aussi de réfléchir à des moyens d'améliorer la situation de notre beau pays

Mais la plupart de ces bonnes idées achoppent sur un point, toujours occulté : la politique économique en Union européenne est définie au niveau européen, point.

On peut souhaiter, pêle-mêle, un plafond aux profits (le SLAM de Lordon), une monnaie commune (en lieu et place d'une monnaie unique),  une sixième république (Montebourg, Chouard ou autres) ; aucune de ces propositions n'est acceptable par nos partenaires européens.

Il n'y donc que deux positions sérieuses. La première consiste à dire qu'on très content de l'Union européenne, ou plutôt content, et alors on procède par améliorations successives en estimant que la situation actuelle est ce qu'on peut faire de mieux (position qui prévaut du NPA jusqu'au Front National). Toutes les réformes ambitieuses SLAM, monnaie commune etc., qui seront entamées dans un cadre européen, s'y noieront pour aboutir à des équivalents au niveau européen du RSA : des gadgets. L'Union européenne est en soi un projet ambitieux, c'est cela qu'il faut comprendre. Si l'on en refuse les contraintes, il faut en sortir. C'est tricher et se voiler la face que d'affirmer tout à la fois que l'on veut rompre et ne rien changer.

La seconde position consiste à estimer que l'Union a fait son temps, a achevé son rôle, et à en sortir pour construire enfin l'après deuxième guerre mondiale. Cette position n'a pas encore trouvé de défenseur connu, mais ça arrive.

Je reviens à Dupont-Aignan. Il a donné un discours le 10 avril dernier, qui n'a pas convaincu Malakine. J'ai commenté les réserves de Malakine sur son blog, je reproduis ici ces quelques lignes rapides...

[...] Pour ce qui est de NDA, il se heurte au problème de tous les rêveurs en chambre : l'Union européenne se casse la figure parce qu'elle est ingérable et n'a aucun sens. Elle ne peut imposer aux états nationaux des comportements collectifs qui seraient nécessaires dans une structure dotée d'une monnaie commune : elle n'en a pas la légitimité. Les allemands de l'ouest ont accepté de financer la reconstruction à l'est, ils n'accepteront pas de financer la Grèce et qui peut leur donner tort ?Partant de là, les solutions de bricolage (monnaie commune, union latine etc) ne font que contourner le problème : comment réforme-t-on l'Union ?La réponse est simple : on ne peut pas. L'Union europénne n'est pas capable de réformes de grande ampleur car ce n'est qu'un agglomérat provisoire, non une communauté.

L'Union a achevé sa tâche, elle a permis de surmonter la deuxième guerre mondiale en réconciliant la France et l'Allemagne autour d'un projet commun, sous la surveillance des parents américains.

Les français se sont fait un film sur l'Europe conçue comme une France en plus grand, mais ce n'est qu'un film.

L'Allemagne a accepté son second rôle parce qu'ayant passé quatre années à faire des abats-jours en peau d'humain, elle avait un peu de retour sur soi à faire.

Le Royaume-Uni n'est là qu'à la condition que l'Union ne devienne jamais une communauté. 

Vouloir changer les grandes lignes de ce compromis qui perdure c'est enterrer l'Union européenne et cela ne pourra se faire que par sortie de l'un ou de plusieurs membres.

Raconter que l'on va négocier quoi que ce soit comme réforme ambitieuse de l'Union est un mensonge (je n'exclus pas que NDA s'illusionne sur le réalisme de son discours, de la même façon que les libéraux s'illusionnent sur leurs idées [référence aux commentaires suivant le billet de Malakine]).

La simple ouverture de négociations suffirait à occuper un premier quinquennat, le deuxième serait consacré à un premier jet et après c'est fini. Président suivant s'il vous plaît !

Quand NDA dit "il est tout à fait possible de modifier les statuts de la Banque centrale européenne pour permettre le financement de grands équipements publics" il est dans l'auto-intoxication.C'est parfaitement impossible parce que cela heurte l'Allemagne de front. On ajoute à cela un peu de protectionnisme tel qu'il le suggère par ailleurs et on a en plus un veto britannique.

Ce que NDA ne dit pas - et la seule question que je me pose c'est de savoir s'il en est conscient - c'est que la seule façon crédible d'en appeler aux français c'est de leur rendre d'abord la France.

J'ajoute pour que ce soit parfaitement clair et explicite : il faut rendre la France aux français non en la reprenant des mains des immigrés qui seraient venus nous spolier, mais de celles de l'Union européenne, dans laquelle nous nous sommes fourvoyés comme nous nous sommes fourvoyés en choisissant Pétain en 1940.


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