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Les chasses du comte Charon

Publié le 16 avril 2010 par Ruminances

charon01.jpgOn se souvient des chasses de Zaroff, ce comte sanguinaire qui, lassé d'avoir traqué les gibiers les plus sauvages et les plus dangereux de la planète, avait décidé de s'attaquer au plus intelligent d'entre tous, l'homo sapiens. Pierre Charon, inconnu au bataillon ou presque, semble s'être inspiré de la dérive assassine du maître gréco-russe. Jusque là, gentil organisateur des “battues d'état“, les chasses présidentielles de Chambord, là où le gratin politicard se réconcilie derrière un coup de fusil, il a brutalement changé de registre ces jours derniers.

Badaboum, le confesseur préféré de Carlita et l'intime parmi les intimes du guide de poche, a décrété sur ordre ou à l'insu de son plein gré, rayez la mention inutile, l'ouverture de la chasse à la Dati ! Fin mars, il s'est répandu sur la dame au Père Claude, une rôtisserie parigot, devant les élus UMP de la capitale. Il accusait l'ancienne garde des sceaux, absente ce jour-là, d'être à l'origine des rumeurs sur les marivaudages élyséens. Le moins que l'on puisse dire est que ça lui est revenu dans la tronche comme un boomerang. On ne devrait jamais sortir de l'ombre. Même avec un panama et des ray-ban.

Jusque là, le bonhomme avait pourtant effectué un parcours sans faute ou presque. Maître en ragots, expert de la rumeur tous azimuts, agrégé es potins, le gouailleur assumait à merveille son rôle de bouffon du roy. Il savait mieux que quiconque faire rire sa majesté en sortant l'anecdote qui tue, la saillie qui blesse celui qui n'est pas là. Avec lui, les absents avaient toujours tort. Les ridiculiser auprès du monarque étaient son hobby favori. Chirac, Villepin etc., la liste de ses victimes est longue comme un jour sans pain.

Cécilia ne supportait pas sa langue de vipère et l'avait fait virer sans ménagement du premier cercle après l'élection présidentielle. “Il parle trop” disait-elle à propos du quidam. Elle avait exigé “ne plus le voir à moins de 300 mètres” du palais. A cause d'elle, il ne faisait pas partie de la prestigieuse liste des invités de la fameuse soirée du Fouquet's. Il passera la soirée de la passation de pouvoir à se morfondre devant la téloche et à se ronger les ongles.

Pourtant, il avait mouillé le maillot pendant la campagne. C'est lui qui avait dragué le gratin du show-biz pour qu'il soutienne le petit nerveux. Le ralliement des Clavier, Réno, Johnny, Arthur, Depardieu et autres Doc Gynéco, c'était son œuvre. Ses passages à Canal + et à Publicis l'avaient doté du “plus beau carnet d'adresses” de Paname. Le départ de Cécilia l'avait remis en cour. “Cette fois, la femme de Sarko sera à moi.“avait-il confié à ses amis. Ainsi était-il devenu rapidement le confident de la turinoise tout en restant “l'oreille du président.

J'aime beaucoup Pierre Charon. C'est le pire de tous !” dit de lui Narcisse. “Charon, charogne” l'appellent certains plumitifs. “Monsieur, arrêtez de dire que ma fille couche avec tout Paris !” lui avait signifié en son temps Chirac tout en le congédiant. “C’est le Prix Nobel de l’embrouille“, rapporte un proche de Fillon. Ecce homo ! Mais cette fois, il semble bien que le bavard trublion a eu la phrase de trop.

En parlant de complot financier et en mouillant Rachida, il a transformé la rumeur en affaire d'état. L'ampleur donnée à la chose a immédiatement entraîné un retro-pédalage du château. Sur ordre de Sarkozy, le comique débonnaire serait puni et n'aurait plus le droit de participer à la réunion quotidienne de l’état-major présidentiel. Il serait au trente-sixième dessous après cette disgrâce. Charon stoned, qui s'en plaindrait ?


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