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N. Chomsky, W. Heisenberg, J.L. Mélenchon et J. Aniston

Publié le 16 avril 2010 par Vogelsong @Vogelsong

Ou une rencontre politique sur l’univers chaotique des médias

Moi, je suis pour la pédagogie inductive, et si nous prenons le pouvoir ce sera une révolution dans l’éducation nationale”. Rencontrer J.L. Mélenchon, alors en pleine digression scientifique, laisse circonspect. Il sort fraîchement de la lecture d’une revue de vulgarisation scientifique et levant le menton, annonce de go qu’il s’est essayé à rédiger sur la théorie du chaos dans l’espace politique et social… Alors dans ces conditions…
Moi, vous savez je parle de tout ce que vous voulez…”. Il suffit de le “connaître” un peu, pour savoir qu’il peut parler de tout, longtemps. Très. Alors, ce sera les médias. C’est ce qui est décidé par l’organisation. On pense se rendre chez J.L. Mélenchon et lui faire rendre gorge sur un sujet donné. Erreur.

Critique médias…et mélange des genres ?

N. Chomsky, W. Heisenberg, J.L. Mélenchon et J. Aniston
Parler des médias avec J.L. Mélenchon c’est entrer dans l’engrenage des contradictions d’un homme politique qui échafaude une réflexion solide sur son environnement, mais aussi une relation inextinguible avec ce qui fait sa force, son rayonnement.
Sur la gauche et les médias, il concède après quelques tiraillements que la libéralisation des années 80 fut une erreur. Tenaillé par l’appel de la liberté, déçu immédiatement par ses mirages. Dans son approche du système médiatique, il reprend là l’analyse de N.Chomsky sur la fabrication du consentement. C’est-à-dire un univers codifié, suiviste qui ne véhicule que l’expression de la pensée dominante. En l’occurrence le dogme libéral de la consommation, de l’avoir, du paraître. Pour illustrer ses envolées, il citera Le Monde ce journal de “référence” définitivement classé au centre droit. Et il critiquera aussi des magazines féminins comme le vecteur d’une pensée unique. Pulsionnelle.
Pourtant, il venait d’accorder une interview à un magazine “pipole”. Déclarant qu’il ne dirait rien sur sa vie privée, mais très heureux de figurer dans la salle d’attente des médecins. C’est aussi dans la presse “trash” que J.L. Mélenchon compte diffuser ses idées. Comme O. Besancenot qui promut sa trombine et accessoirement ses projets dans une insipide émission du dimanche. La gauche de gauche fait (aussi) sa révolution autour des paillettes.
Le pulsionnel fait vendre. J.L. Mélenchon trop malin ne peut l’ignorer. Il souhaite achalander ses victuailles (la “révolution par les urnes”) sur le même étal que les confessions de bagatelles et le galbe libidinal de J.Aniston… Un vaste programme. Donc.

L’issue incertaine du combat des retraites

“C’est la théorie de l’incertitude” harangue-t-il consterné quand il décrit la manière dont se profile la négociation sur les retraites. Les analogies scientifiques pour assoir un argumentaire dans le champ social correspondent au “moment” pour J.L. Mélenchon. Personne n’a lu l’intégralité du rapport du conseil d’orientation des retraites (COR) mais tout le monde claironne les conclusions inévitables. En somme, travailler plus longtemps et moins cher.
Les articles parus dans Le Monde sont bâtis sur des dépêches AFP. Des fragments de rapport distillés pour susciter l’effroi. En effet, selon les éléments parcellaires mis au jour, la somme astronomique de 2 600 milliards s’avère nécessaire pour pérenniser les retraites à l’horizon 2050. Tétaniser l’opinion, le résoudre aux solutions gouvernementales sur ce sujet crucial. Cette somme est un cumul brut des fonds pour faire fonctionner le système. Un chiffre isolé, débarrassé de sa compensation en recettes. Efficace pour faire trembler les foules. Peu pertinent pour raisonner sainement. Pour J.L. Mélenchon les projections sont farfelues. Il fulmine à propos d’experts incapables de prévoir l’avenir à 6 mois, et qui spéculent sur les 40 prochaines années. Par analogie il se réfère à W.Heisenberg qui avait énoncé l’ »incertitude » (ou l’“indétermination”) comme l’incapacité de localiser précisément une particule. Une impossibilité due à la présence de l’observateur. La prédiction devenant probabiliste. En l’occurrence des observateurs (partiaux), les politiques et les experts utilisant des instruments de mesure, les rapports d’experts (souvent les mêmes), influant sur les résultats de la mesure par leur simple présence, l’allongement de la durée du travail.
J. Bouveresse dans son ouvrage “Prodiges et vertiges de l’analogie” décrivit cette tendance abusive et post-moderne qui consiste à intégrer des raisonnements mathématiques et physiques dans des approches sociologiques, donnant l’apparence trompeuse de scientificité. J.L. Mélenchon (par facilité ?) s’y engouffre.

L’Eurodéputé est un corps particulier de la nébuleuse médiatique. Il se meut dans cet espace par attraction/répulsion. Il pense opérer une révolution dans cette sphère en frappant tous les éléments du système. Il ne peut pourtant sortir son orbite, préférant profiter de sa capacité d’entrisme. S’infiltrer, le saper pour l’effondrer sur lui-même. Dans la soupe primaire que sont devenus les médias mainstream, ces astres sombres qui magnétisent toujours l’attention, le big-bang est lointain. Et J.L. Mélenchon ne sera surement pas le détonateur. Juste un atome chargé, observant l’entropie d’une machine (avec) qui (il) tourne à vide.

Vidéo sur les retraites :

A suivre la suite de l’entretien….


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