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Joseph Canteloube et les chants d'Auvergne

Publié le 16 avril 2010 par Gérard Charbonnel @gcharbonnel

Marie-Joseph Canteloube de Malaret

Joseph Canteloube et les chants d'Auvergne

Né en 1879 à Annonay. Malaret est le nom d'une propriété familiale. Encouragé à donner suite à sa prédilection pour la musique, il a étudié le piano avec Amélie Doetzer, qui avait été l'élève de Chopin et, après 1901, rejoint à Paris la Schola Cantorum où il s'est trouvé placé sous la tutelle de Vincent d'Indy.

La passion du maître pour le folklore populaire a déteint sur l'élève et bientôt, Canteloube commence à écrire de la musique descriptive inspirée par sa région natale et son histoire. Parmi ses compositions les plus ambitieuses consacrées à sa province figurent deux opéras : le Mas, un hommage sincère à l'Auvergne, pour lequel il a lui-même écrit le livret, et Vercingétorix, qui célèbre les hauts-faits du général gaulois conduit les Arvernes à la victoire contre Jules César en 52 avant notre ère. Les deux œuvres ont été créées à l'Opéra de Paris, respectivement en 1929 et 1933. Toutefois, avec d'autres compositions originales de Canteloube, elles ont été complètement éclipsées par les transcriptions de musique populaire auxquelles le compositeur prenait un vif plaisir.

Au début de ses études musicales, Canteloube avait voyagé à travers les provinces françaises, notant les chants régionaux en vue d'une publication d'érudition. L'anthologie mentionnée plus haut a été publiée entre 1939 et 1944 - c'est certainement un exemple suprême de fierté nationale lors de cette sombre période de l'histoire de France. Naturellement les chants de l'Auvergne étaient plus proche encore du cœur de Canteloube, qui les publia en cinq recueils, entre 1923 et 1955.

Le compositeur a déclaré un jour que les chants populaires, lorsqu'ils sont purement et simplement transcrits, sont comme les fleurs d'un herbier : mortes et sèches. Pour leur insuffler vie, ces chants doivent être joués de telle sorte que l'auditeur puisse virtuellement voir la région et sentir les vents, doux et odorants. A cette fin, Canteloube a " habillé " les chants avec des orchestrations évocatrices qui ont conquit immédiatement le public des concerts, en France comme à l'étranger.

Les Chants d'Auvergne

Joseph Canteloube et les chants d'Auvergne

Les Chants d'Auvergne contiennent la quintessence du fier et vigoureux caractère auvergnat lui-même. Ils sont chantés dans cette langue colorée qu'est la langue d'Oc, où se trouvent mélangés des traces de l'ancien langage celte et du latin introduit par les envahisseurs romains. Si l'on en croit les érudits, les mélodies d'Auvergne proviennent de nombreuses sources annexes. On y retrouve des motifs propres à la musique andalouse et mauresque, aux chants rituels celtes et au plain-chant de l'Eglise catholique.

Dans la réalisation des accompagnements, Canteloube a pris soin de suggérer les timbres des anciens instruments populaires, tout en se servant librement de la richesse de couleur et des nombreuses possibilités d'atmosphère qu'offrent l'orchestre symphonique moderne. Cette tâche, si elle avait été réalisée par un musicien moins sensible et moins érudit, aurait abouti tout au plus à un pastiche. Joseph Canteloube, Auvergnat de cœur et d'esprit, lui, a créé là de véritables petits chefs-d'œuvre dans le genre.


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