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Une promenade de printemps

Publié le 17 avril 2010 par Toulousejoyce

En ce temps-là, j'avais une trentaine d'années, je fréquentais l'homme de ma vie comme disent beaucoup d'amoureuses. Il venait d'acheter une 650 Ténéré, une magnifique moto suffisamment puissante pour faire à la fois de la route et passer dans des chemins difficiles. Nous étions fin mai et la semaine s'annonçait magnifique et pas très chaude. Il me dit "demain, nous partons à la mer". Tout était facile et impromptu avec lui.

Le lendemain, tôt à 6 h 30, nous filons pleins gaz sur La 116 qui, du côté de Toulouse, nous descend sur les plages méditerranéennes. Nous arrivons rapidement sur Port la Nouvelle et mon ami se dirige droit sur la plage. Sur le parking qui borde la plage pour tout dire. A peine descendu de la machine fumante, il ôte son casque intégral et s'empare d'une cigarette. J'ai fais de même et nous fumons en regardant sur la mer les dernières nuées de la nuit s'évaporer.

J'allais ouvrir la bouche pour lui demander si on se rapprochait de la plage quand il me dit, tout à trac: "on repart". Joignant le geste à la parole, il remet son casque et enfourche la moto, attendant que je m'asseye. Avec lui, rien à faire: on ne peut jamais savoir ce qu'il va faire ou décider. Je ne m'habituerais jamais!

Je remonte et nous voici de nouveau en route. J'imaginais que nous allions sur un autre côté de la ville, une autre plage? Raté, il repart en direction de Toulouse. Ben dis donc me dis-je, il n'a pas duré longtemps le voyage à la mer! Mais, au lieu de poursuivre sur la nationale, mon ami prend un chemin de traverse. Et roule et tourne, tant et si bien, que sans l'avoir déterminé nous nous retrouvons à Rennes le Château. Bon, je vous vois venir. Non, je ne m'intéresse pas plus que cela au fameux mystère du célèbre curé. Comme tout le monde, je sais bien qu'il avait beaucoup d'argent et qu'une légende porte à faire croire qu'il a découvert le fameux trésor des templiers. Dans la belle région de l'Aude, berceau de ma famille maternelle depuis de sempiternelles générations, il y a eu de nombreuses commanderies de templiers et autres cathares. On sait cela plus ou moins. Moi aussi, pas plus ni moins que vous. Comme je ne suis pas vénale et qu'une fois payé mon loyer du mois et si je dispose de quelques sous pour parer à l'achat de nourritures du prochain mois, tout me va, je ne me suis pas du tout intéressée à retrouver le fameux trésor. S'il existe et si quelqu'un le trouve, grand bien lui fasse, je suis contente pour lui ou elle et leurs proches, s'il n'existe pas, tout est réglé. On a beaucoup écrit sur ce trésor, plus bas, vous lirez un article que j'ai chipé au cercle zététique et qui vous donne quelques infos, à travers un livre qui démantibule entièrement la légende.

Je vais simplement vous parler de mon expérience personnelle qui m'a suffisamment marquée pour en garder une certaine nostalgie. Pas du petit ami, du ressenti éprouvé.


Nous montons en haut de Rennes. Comme c'est en semaine et que l'école n'est pas finie et que les gens travaillent, il n'y a que nous deux. Nous faisons le tour du village à pied, passons la tête par l'église; ce n'est pas la première fois que lui et moi, chacun de son coté, nous avons été à Rennes.

Nous voici au plus haut du village, sur le promontoire où se trouve une sorte de tour dont je ne sais le nom ni la destination finalement. J'imagine seulement qu'elle sert à regarder si des armées s'approchent. N'oublions pas que nous sommes en pays cathare. Nous nous approchons du parapet et regardons. Tout disparaît, je suis seule devant le panorama fantastique qui s'ouvre alentour.

La montagne est tout autour en un paysage grandiose, très vert et très frais. Dans certains côtés de montagne, il y a comme des reflets de plusieurs couleurs de vert, sombre, presque noir sur les arbres. Le ciel est d'un bleu intense et violent avec des mousseux nuages blancs, sorte de chantilly céleste. L'air est vibrant d'insectes, chaud, la lumière est caressante, il vient de sonner 11 heures au clocher de la fameuse église. Un cri. Non, un ânonnement. Hi, han fait l'âne qu'on ne voit pas. On l'entend marcher sur les pierres du chemin. Mais je ne me retourne pas pour le voir arriver. Je suis tout entière entrée dans le décor. Je suis emportée par quelque chose de grandiose, de plus fort, de plus impétueux, de puissamment magnifique qui ne peut être décrit, expliqué, singularisé; c'est une tornade d'émotion intense et profonde; totalement inexplicables, impossible à faire partager.

Beaucoup de gens ont vu cette séquence du film Titanic où l'actrice ouvre ses bras à la grandeur majestueuse de la mer et au vent qui l'emporte dans ses bras sans la bouger d'un pouce. Vous imaginez? C'est cela qui m'est donné. Je ne peux pas parler d'émotion au pluriel car il n'y en a qu'une: la seule et puissante certitude que nous sommes nuls, riens, néants devant la force et la puissance immense de la nature-vie. Car la Vie est la Nature et la Nature est la Vie. Avec des majuscules. Là, tout à coup, je suis au bout du monde et j'ai la nette et précise conscience que l'Univers tout entier est Grand et que l'Homme n'est Rien. Que la Vie est plus forte que l'Homme. Que nous ne sommes que des insectes. Qu'avant Nous, la Nature était là, Vivante, Consciente. Qu'après Nous, Elle sera encore là. Que nous (Hommes) ne sommes rien, qu'ELLE est TOUT.

ELLE est Vivante. ELLE est Conscience. Nous ne sommes rien. Rien. RIEN.

Cela n'a rien à voir avec la religion.

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La légende de Rennes-le-Château

La légende prête principalement à Bérenger Saunière, curé de Rennes-le-Château, le fait d'avoir eu connaissance d'un terrible secret, de s'être considérablement enrichi grâce à la découverte d'un fabuleux trésor, d'avoir eu des relations avec des sociétés occultes...

Sur l'importance des sommes

Si l'on s'en tient au calcul de la Banque de France pour calculer la valeur actuelle (1988) du franc-or de 1900, il faudrait multiplier par 1538 ! Cela permet à de nombreux auteurs de chiffrer en milliards les dépenses et recettes de l'Abbé Saunière... Pas si simple. En effet, l'Abbé a, par exemple, acheté une brouette 16 francs-or. Avec le calcul ci-dessus, cela donnerait 24 608 Frs ! Autre exemple avec le traitement annuel de l'Abbé : 900 Francs, ce qui donnerait 1 384 200 Francs en 1988 ! Irréel. Il est donc impossible de faire une comparaison entre les dépenses de l'Abbé en 1885, et leur "valeur" en 1988.

Sur le parchemin trouvé dans un pilier creux...

Certains auteurs affirment que Saunière était seul au moment de la découverte. L'ayant gardée secrète, on se demande comment cette histoire a été connue... Pour d'autres, il y avait des témoins (2 ou 6 selon les auteurs). Parmi eux, un seul affirme avoir assisté à cette découverte. Il la décrit dans une interview parue en 1966 dans La Dépêche du Midi. Le seul problème, c'est que cette découverte aurait eu lieu en 1886/1887, année de naissance du dit témoin, Antoine Verdier ! Cette histoire semble bien être une pure invention... Mais Saunière semble bien avoir découvert une tombe dans l'église. Peu de chance qu'il s'y soit trouvé un trésor : les livres de comptes de l'Abbé montrent que même après cet épisode, il n'est pas à l'aise financièrement, et doit même emprunter un peu d'argent.

Sur les "inscriptions mystérieuses"...

L'inscription en latin au-dessus de l'entrée nourrit tous les délires d'auteurs qui y voient une note ésotérique. Une partie de cette inscription se prête à une double interprétation. TERRIBILIS EST LOCUS ISTE, soit littéralement "Ce lieu est terrible". Mais "terribilis" peut aussi se traduire par vénérable, respectable ou redoutable...

Autre délire d'interprétation à partir de l'inscription portée au bas d'une croix : CHRISTUS A. O. M. P. S. DEFENDIT, ce qui est traduit "Antiqus Ordo Mysticusque Prioratus Sionis" afin de faire croire que l'Abbé appartenait à l'ordre mystérieux du Prieuré de Sion. Hélas, cette inscription célèbre se trouve aussi à Rome, sur l'obélisque du Pape Sixte Quint, sous la forme "CRISUS AB OMNI MALO POPULUM SUAM DEFENDIT". Traduction :"Le Christ protège son peuple de tout mal". Rien d'étrange, donc...

Autres signes "ésotériques"...

Le pavement de l'église, un damier de pavés noirs et blancs. Pourtant, celle de Rennes-le-Château n'est pas la seule église à posséder un tel revêtement (voir Jonquerettes, près d'Avignon).

La voûte céleste au plafond ? La même qu'à Jonquerettes ou Salisbury...

Le chemin de croix dextrogyre (qui tourne de la gauche vers la droite)? Comme dans beaucoup d'autres églises, où comme celui de la Cathédrale de Perpignan, fort proche de Rennes-le-Château... Il contient, c'est vrai, quelques aspects maçonniques, sans doute dus à leur auteur, le sculpteur Giscard.

Saunière et l'Archiduc d'Autriche-Hongrie

Jean de Habsbourg, Archiduc d'Autriche-Hongrie serait venue rendre visite à l'Abbé, dans son diocèse de Rennes... Cette belle petite histoire reprise maintes fois ne repose sur aucun élément ou témoignage !

Saunière et la cantatrice Emma Calvé

L'Abbé serait monté à Paris, aurait fait la connaissance de la célèbre cantatrice et aurait même eu une liaison avec elle durant plusieurs années... Rien dans les éléments figurant dans le dossier ne permet de penser que les deux êtres se soient un jour croisés. Alors, imaginer une liaison...

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Et pourtant, cet Abbé a manipulé plus d'argent que ce que sa fonction et son lieu d'exercice pouvait lui apporter. Il a construit de belles bâtisses, la villa Béthanie, la tour Magdala, refait faire son église... D'où venait l'argent ? De dons, et surtout, d'un trafic de messe particulièrement bien organisé : J-J Bedu l'estime à 100 000 intentions de messes, rémunérées de 1 à 5 francs chacune, entre 1893 et 1915. Poursuivant son estimation, Bedu affirme que les gains de cette seule activité ont permis de financer les constructions et le mobilier. Enfin, on ne sait pas assez que Bérenger Saunière a été jugé, entre autre, pour ce trafic !

Volontairement, nous ne donnons pas plus de détails ici. Le livre de Bedu en regorge. Il étaye ses démonstrations sur des éléments matériels, qu'il présente systématiquement. Rien à voir avec les reprises de reprises de on-dit, ou avec les inventions que chaque profiteur de Rennes-le-Château a ajouté au fil du temps.

Le vrai trésor de Rennes, c'est le mythe ! Des milliers de touristes y viennent chaque année afin de voir le décor du mystère. Et régulièrement, des auteurs sortent un nouvel épisode qui fait le plaisir des croyants... Pourquoi tueraient-ils l'Abbé aux oeufs d'or ?

Le Cercle Zététique du Languedoc-Roussillon aurait pu mener une enquête sur les mystères de ce village de l'Aude... Cependant, nous sommes tombés un jour sur le livre de Jean-Jacques BEDU. Cet auteur est peut-être le seul à avoir échapper à une drôle de maladie qui contamine toute personne enquêtant sur l'Abbé Saunière : la "mystérite". Pour ceux-là, tout est mystère : l'argent, l'église, sa décoration, son chemin de croix, la sculpture sous le bénitier, son abbé... Certes, l'homme n'est pas simple. Mais pas aussi compliqué et obscur que ce que la légende rapporte. J-J Bedu a eu la bonne idée de vérifier tous les éléments de l'histoire, et les délires de ses prédécesseurs. La moisson d'inepties et délires est fructueuse...

http://www.zetetique.ldh.org/rennes.html


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