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Le concombre sans encombre

Publié le 19 avril 2010 par Desiderio

Que dire sur le curcubitacé qui a accompagné toutes mes années de lycée ? J'ai pris le premier volume, parce qu'il me semble être déjà un programme.

Je retiens d'abord un fait : Mandryka écrit une bulle en couverture et cela peut donner la forme G, Z ou ? Il réduit l'expression à son minimum.

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Le Concombre est — à ma connaissance— la seule série à afficher des bulles en couverture et à manifester ainsi son côté totalement bédéiste. Nous ne sommes plus dans l'illusion pseudo-réaliste des autres bandes dessinées, même humoristique, mais dans un univers de cases et de bulles qui sont assumées comme telles.

Que voit-on dans cette couverture ? Le portrait du héros en très gros plan, sortant d'une sorte de hublot dans la page. Comme si son monde était à l'intérieur. Cela ne variera pratiquement jamais. On peut y voir une forme de mégalomanie de la part de Mandryka, laquelle atteindra son paroxysme vers 1980. Mais le Concombre vous regarde toujours, vous futur lecteur. Masqué et mis en évidence, tel est le paradoxe du Concombre.

Que dire ? Que les couleurs sont absolument exécrables (rose, mauve, violet, parme, vert pomme, bordeaux vinasse, vermillon) et datent bien l'époque psychédélique de la publication (1971) ? La police employée pour le titre est aussi outrageuse pour le bon goût. Tout ce qu'il ne faut pas faire est réuni là.

Passons au motif proprement dit. Il n'y a que le Concombre comme marque de fabrique, mais on aperçoit son cactus-bunker en fond et c'est là qu'il devrait se trouver, sauf qu'il crève la page. Qui est donc ce Concombre qui se cache sous un masque et qui vit dans un abri perdu au milieu d'un désert ? il semblerait que Mandryka ait lu un court récit d'Octave Mirbeau dont on connaît le goût pour les jardins : le Concombre fugitif.

Peu importe. Ce qui est plus intéressant, c'est que nous avons affaire à un héros de bande dessinée très différent des précdents tout en les rappelant : Disney ou Herrimann ou Tex Avery dessinaient des animaux anhtopomorphiques, Mandryka met en scène des légumes et surtout des racines !  L'histoire est une forme de quête des origines en allant prendre les choses à la base. Bien sûr, il y a une forme de dérision des séries traditionnelles en changeant l'expression les aventures extraordinaires en quelque chose de plus anodin (Mandryka écrira et dessinera ensuite la vie quotidienne du Concombre), en plaçant le masque des super-héros sur un légume, mais Mandryka part d'abord de la page blanche, du décor désertique, de très peu de choses, et ce dénuement est affiché lui aussi. Il y a réduction à l'essentiel et en même temps référence complète au genre dans lequel c'est écrit. 


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