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Femmes diplômées et addiction à l’alcool : conséquence d’une course à la performance ?

Publié le 20 avril 2010 par Lmanagement

Les femmes diplômées boivent plus que les autres

L’information fait grand bruit, notamment grâce au Post.fr qui a relayé une étude anglo-saxonnne selon laquelle les femmes diplômées seraient davantage touchées par la boisson et l’alcool que les autres… Le président de la Fédération française d’addictologie y commente notamment l’étude : « J’ai l’impression de constater la même chose en France ».

« Les femmes diplômées sont plus nombreuses à boire tous les jours » que les autres. C’est la conclusion – surprenante? – d’une étude de la London School of Economics, l’une des plus prestigieuses institutions au monde pour les sciences économiques et sociales. Ces femmes diplômées sont également plus susceptibles d’avouer un problème avec l’alcool que les non-diplômées, rapporte le Telegraph, qui publie un compte-rendu de l’étude anglo-saxonne.

La London School of Economics a étudié les comportements de milliers d’hommes et de femmes de 39 ans, tous nés au Royaume-Uni pendant la même semaine, en 1970. Chez les hommes, le lien entre diplôme et consommation d’alcool existe aussi, mais il est moins flagrant, selon les résultats de l’étude. Alors, pourquoi les femmes diplômées sont-elles plus vulnérables à l’addiction à l’alcool? Et avant tout, cette tendance se retrouve-t-elle aussi en France?

Sur Le Post, Patrick Fouilland, président de la Fédération française d’addictologie, alcoologue et directeur du centre d’alcoologie du Havre nous donne des éléments de réponse.
Cette corrélation entre diplômes et addiction à l’alcool se retrouve-t-elle aussi chez les femmes françaises?

« Il n’y a pas eu d’étude semblable en France mais les conclusions de celle-ci ne m’étonnent pas du tout. Pour arriver à avoir les mêmes diplômes, puis les mêmes carrières que les hommes, les femmes doivent fournir beaucoup plus d’efforts. Ce n’est pas une question de capacités intellectuelles mais de milieu social, de progression dans l’entreprise, de différents facteurs qui font que c’est plus compliqué pour les femmes. Généralement, elles ont aussi un haut niveau d’exigence avec elles-mêmes. Ceci conduit à chercher une solution d’apaisement, qui peut être l’alcool. »

Pourquoi l’alcool?
« Parce que c’est à la fois un produit festif et un psychotrope. L’alcool a un effet défatiguant, déstressant, désinhibant, etc. C’est un produit qu’il est facile de se procurer et c’est le psychotrope le plus socialement admis. »
Donc en France aussi, on constate que les femmes diplômées boivent davantage que les autres?

« J’ai l’impression de le constater, oui. Mais les observations de ce type que j’ai pu faire concernent plutôt la décennie supérieure. L’étude anglo-saxonne porte sur des sujets d’environ 40 ans. Moi je le constate chez des femmes qui ont la cinquantaine et qui viennent consulter alors que l’addiction est déjà bien présente. »

Quelles hypothèses pouvez-vous avancer pour expliquer que les femmes diplômées boivent plus d’alcool que les autres?
« Il y a une hypothèse dans l’étude anglo-saxonne qui me semble tout à fait pertinente. C’est celle de l’investissement professionnel qui retarde la mise en couple et/ou l’arrivée d’un enfant. Ces femmes sont alors plus tentées de prolonger le rythme de vie étudiant, celui de faire la fête, de boire.

Chez les diplômés, les CSP + (catégories socio-professionnelles supérieures, ndlr), les populations sont également beaucoup soumises au stress, ce qui peut expliquer le recours à l’alcool. Enfin, je dirais que c’est aussi le modèle de nos sociétés qui conduit à cela. Et là, les Britanniques comme les Français sont logés à la même enseignes. Le recours à l’alcool, c’est aussi une conséquence de la course à la performance« .
Pour en savoir plus >> Addict Mag


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