Peu importe qui, peu importe pourquoi, peu importe pour qui. Un assassinat ou meurtre reste toujours un acte grave et quand il touche un haut fonctionnaire de l’Etat qui est lui-même chef de la Sûreté Nationale, c’est d’autant plus grave et le comble de l’ironie morbide.
En ce qui me concerne, les détails scabreux de l’affaire ne m’intéressent guère, je me suis arrêté au fait que le mec s’est fait descendre sur son lieu de travail. Que ce soit un collaborateur qui a perdu la boule ou un autre qui les avait, peu importe.
Cette disparition reste tragique pour l’Algérie, dans le sens où elle s’ajoute à la longue liste macabre de dirigeants ou décideurs algériens qui disparaissent sous le feu des armes et que l’Algérie collectionne depuis plus de 50 ans.
L’une des nombreuses réactions qui m’ont interpellé après l’annonce de ce décès, c’est le cynisme dont nous, Algériens, faisons preuve. Oui je l’avoue, à l’annonce de la nouvelle, la dernière chose à laquelle j’ai pensée, c’est à la victime elle-même. En fait, j’ai pensé en premier à tout sauf à cet homme ou à sa famille, chose que l’on a pour d’habitude de penser juste après l’annonce d’une tragique disparition.
Comparée à d’autres, ma réaction fut plutôt timorée. En lisant les commentaires sur le net, on peut facilement en déduire que le défunt aurait loupé la première place du classement de la personnalité préférée des Algériens. Mais la violence des propos de certaines personnes explique tout simplement dans quel état nous Algériens sommes après plus de 15 ans de banalisation d’une violence subie.
Même ceux qui ne nourrissent aucune haine pour ce dernier se sont juste contentés de quelques blagues d’un humour noir que l’on connait bien. Pour une autre partie de la population, la retenue a été de mise de peur de représailles ou de trop se faire remarquer. Y-a-t-il donc eu des Algériens pour lesquels cette disparition a été une vraie tragédie ? Sûrement sa famille et ses proches.
En fait, quand on y réfléchit bien, l’un des éléments les plus tragiques et qui touche directement la victime, c’est de voir que malgré son parcours qui peut sembler bien rempli, voire même une réussite pour certains, n’est pour moi - après ce décès - qu’une défaite cuisante et une vie modérément réussie, pour ne pas dire ratée.
Pourquoi cela ? Déjà par le fait de finir à 70 ans d’une façon aussi scabreuse et surtout, disparaître et voir que ma mort suscite tant de mépris et de cynisme auprès de millions de personnes dont je fus sensé garantir la sécurité. Yen3el bou ce genre de réussite et le pouvoir si c’est pour finir comme ça !
Cela va-t-il donner à réfléchir à ses camarades ? J’en doute.
Paix à son âme.
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La Sûreté Nationale a failli !