Le CRAN, Conseil représentatif des associations noires, a publié les résultats d’un sondage CSA qui indique que 63% des Français sont favorables aux « enquêtes statistiques sur le ressenti d’appartenance pour mesurer la diversité et mieux connaître les discriminations ».
65% d’entre nous sont même favorables dès lors que « les réponses sont auto-déclaratives, sur la base du volontariat, anonymes, sans constitution de fichiers et contrôlées par la CNIL ».
A quoi bon ?
A quoi peut bien servir la mesure de la diversité en matière d’emploi ? Quel est l’objectif de cette démarche statistique ?
Nous savons aujourd’hui que les discriminations à l’embauche existent. C’est le constat de différents rapports.
Rapport du Bureau International du Travail, mars 2007 http://www.communautarisme.net/Le-rapport-du-BIT-sur-les-discriminations-a-raison-de-l-origine-dans-les-embauches-en-France_a922.html
Rapport annuel 2007 de La Halde
http://www.halde.fr/rapport-annuel/2007/
Pour combattre les discriminations à l’embauche, je suis partisan des mesures préventives et répressibles. Je préfère voir éduquer les différents acteurs du recrutement et professionnaliser la fonction. En ultime recours, je suis partisan de l’action en justice quand la discrimination est avérée.
Les statistiques ne préviennent rien, elles ne réprimandent rien, elles ne réparent rien.
Les statistiques séparent, cloisonnent et menacent la cohésion nationale. Quand on dit qu’on ne peut rien faire sans instrument de mesure, je ne partage pas cette opinion.
Ceci dit, on peut comprendre que les partisans (déclarés ou non) des quotas soutiennent la démarche statistique et produisent des sondages qui vont dans leur sens.
En mars 2009, un sondage CSA-UEJF-SOS Racisme indiquait que 55% des Français jugent que les statistiques ne seraient « pas efficaces » si elles étaient mises en place pour lutter contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations.
Ainsi vont les sondages… au gré des commanditaires. Tout le succès des résultats réside dans l’art de savoir poser les questions.
J’ai aujourd’hui envie de partager avec vous l’article 14 de la Constitution d’Haïti du 20 mai 1805, où, comme le disait Aimé Césaire « la négritude se mit debout pour la première fois et dit qu’elle croyait en son humanité ».
« Article 14. Toute acceptation de couleur parmi les enfants d’une seule et même famille, dont le chef de l’Etat est le père, devra nécessairement cesser, les Haïtiens ne seront désormais connus que sous la dénomination générique de Noirs. »
Je préfère une société qui invite les citoyens à se voir d’une seule et même couleur qu’une société qui sépare, divise, enferme et isole.
Ma pensée est à la fois noire et blanche. Mon action dans la lutte contre les discriminations est sans distinction ethnique. Nous avons tous à y gagner.