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L’année de retraite avant l’heure

Publié le 07 mars 2010 par Jazzitup
Une idée iconoclaste pour apporter du mouvement dans la société française.

Derrière le débat sur la réforme des retraites s’en cache un autre, beaucoup plus complexe, celui de l’emploi. Le lien entre les deux n’est pourtant pas compliqué.

Le problème des retraites, c’est qu’il y a trop de retraités par rapport aux cotisants, donc plus assez d’argent pour les financer. L’idée du gouvernement, c’est de faire cotiser plus longtemps les travailleurs actuels… mais il existe une solution plus simple: il faut augmenter le nombre de cotisants ! Augmenter le nombre de cotisants, c’est permettre à ceux qui voudraient participer au système d’avoir un emploi pour le faire, en France : les jeunes (20% de chômage), les seniors (50% d’inactifs), les immigrés.

En ce sens, augmenter l’âge légal de départ à la retraite est peut être indispensable, mais s’en tenir à cela manque considérablement d’ambition. Je propose de retourner le problème et d’utiliser les retraites pour résorber une partie du chômage. L’emploi créé permettra en retour de financer les retraites, par une sorte d’« effet boomerang ». Comment ? Voici mon idée :

Imaginons un dispositif qui permette à chaque travailleur de prendre s’il le souhaite une année de sa retraite « avant l’heure », à n’importe quel moment de sa carrière professionnelle. Tout travailleur peut demander à quitter son poste pendant un an en bénéficiant de son régime de retraite (grosso modo 50% du salaire) et d’une garantie de retrouver par la suite son emploi là où il l’a quitté. Cette année est ensuite rattrapée en fin de carrière, de sorte à ce que la somme totale des cotisations reste inchangée. Personne ne perd dans l’histoire, on prend juste une année de retraite à la fin de la carrière pour l’insérer comme interlude volontaire dans la carrière.

Cette année de « retraite avant l’heure » permettrait une interruption sans risques de son travail à un moment jugé le plus propice par la personne. Elle est l’occasion d’essayer quelque chose en lien avec son parcours individuel: franchir le pas de démarrer un petit business ‘pour voir’, se recentrer sur sa famille, se plonger dans une passion artistique, faire le point dans sa carrière, préparer une reconversion, voyager, reprendre les études… Même s’adonner au farniente aurait certainement des vertus psychologiques ressourçantes ! 

De nouvelles mobilités

Ce droit nouveau proposé aux travailleurs permettrait d’apporter une nouvelle mobilité dans le marché du travail français, sans toucher aux contrats de travail. Pour deux raisons :

Tout d’abord, une partie des individus aura mis ce temps à profit pour amorcer une réorientation/reconversion professionnelle. Et ce d’autant plus que pendant une année, ce choix de vie ne comporte aucuns risques. Ceux qui le feront seront certainement ceux qui sont mal orientés, qui sont lassés de leur métier, ou mieux encore, ceux qui sont dans des emplois dont l’avenir est incertain.

Ensuite, l’année où le travailleur quitte son poste pourrait être mise à profit pour permettre aux jeunes de bénéficier d’un stage long rémunéré. Le coût de formation subit par l’entreprise est contrebalancé par la rémunération moins importante qu’on accorde au stagiaire, de sorte à ce que là aussi, personne n’est perdant. Bien au contraire, le stagiaire gagne une solide expérience professionnelle, l’entreprise gagne une période d’essai d’un an pour former un futur collaborateur.

Pour éviter les bouleversements trop importants dans l’organisation des entreprises, on pourrait très bien imaginer que cette année de « retraite avant l’heure » nécessite un préavis d’un an, pour leur laisser le temps d’anticiper. De même, le nombre de salariés pouvant avoir recours à ce droit pourrait être limité à un pourcentage de l’effectif total chaque année.

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Le droit à un second souffle

Cette idée de « retraite avant l’heure » est directement inspirée du modèle nordique de « flexicurité », combinaison astucieuse d’un marché du travail plus flexible (mise en mouvement des travailleurs) avec une nouvelle conception de la sécurité de l’emploi.

Dans un monde dynamique et ouvert à la concurrence mondiale, il importe plus de suivre les trajectoires individuelles, avec des indemnisations chômages renforcés et un suivi dans la reconversion (formation/orientation), que de préserver à tout pris l’emploi de l’individu.

L’année de « retraite avant l’heure » permettrait aux salariés de mieux anticiper les changements rapides de leur environnement professionnel. C’est en quelque sorte un droit au « second souffle », libérateur de nouvelles énergies et opportunités.


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