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Green zone

Publié le 21 avril 2010 par Egea

Voici un film enthousiasmant : d’abord parce que ce n’est, au fond, pas un film de guerre mais un film du lien entre la politique et la guerre. Finalement, un film de géopolitique.

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Il montre en effet, ...

...aux premiers jours de l‘occupation de Bagdad lors du printemps 2003, la quête américaine pour des « Armes de Destruction massive » (puisqu’il s’agit d’un film américain, on acceptera cette expression, bien qu’elle soir par elle-même hautement idéologique). Et surtout, le constat que ces armes n’ont été qu’un prétexte à une intervention, et que les décisions qui en découlent (débaassification, mise hors la loi de l’armée) plongent le pays dans le chaos.

Autrement dit, on est au cœur d’une décision géopolitique qui aura des conséquences déterminantes : non seulement localement (l’Irak) mais régionalement (traiterait-on le cas iranien de la même façon si les Américains ne s’étaient englués en Irak ?) ou au-delà (l’irakisation du conflit afghan).

Pour le reste, il y a énormément d’invraisemblances, et tout d’abord celle de voir ce sous-officier (chic, un héros sous-officier ! ça nous change du modèle habituel) spécialisé en NRBC tenir subitement la concurrence avec les forces spéciales les plus éprouvées, puis passer à la CIA, accéder aux endroits les plus secrets, dialoguer avec les journalistes, … Toutefois, l’ambiance générale est bien rendue, et quiconque s’est déjà rendu dans ce Moyen-Orient reconnaitra l’atmosphère. De même, à la différence de bien des films de guerre, la guerre est présentée comme assez lointaine : une sorte d’environnement dans lequel on approche plus ou moins près du danger, avec des actions très fractionnées qui empêchent à l’acteur local d’avoir une vue globale de l’action (ce qui relativise, au passage, la notion de caporal stratégique qui a tant animé les stratégistes la décennie passée).

C’est bien pour cela, d’ailleurs, que ce n’est pas un film de guerre, même s’il est nerveux et haletant : car c’est un film d’action, mais qui porte un discours très affirmé, et mettant en cause la propagande d’il y a dix ans.

C’est cette distance qui en fait un film évolué, ce qui explique qu’il n’ait pas eu de succès aux Etats-Unis : d’une part à cause de cette complication du discours, mais aussi parce qu’il remet en cause les enthousiasmes majoritaires alors (dont on se rend bien compte lors de la scène où le discours de Bush sur son porte-avion est retransmis à la télé et provoque l’approbation générale) : il n’est pas si facile de se rendre compte qu’une guerre qu’on croyait gagnée a été en fait un mensonge ; et donc, qu’on a été dupé. C’est d’ailleurs pour cette même raison que le film devrait avoir du succès en Europe, où la remise en cause des fondements de la guerre a été très tôt partagée.

On risque là de tomber dans un autre simplisme : celui de croire cette guerre inutile, ce qui n’est pas, au fond, si évident que cela. Mais ceci est un autre débat. En attendant, le spectacle vaut le détour et comblera le cinéphile géopolitologue…..

O. Kempf


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