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Taxe ou sécurité: Sarkozy est dans l'impasse

Publié le 22 avril 2010 par Juan
Taxe ou sécurité: Sarkozy est dans l'impasseLes annonces sécuritaires de la veille n’ont pas secoué l’agenda médiatique du moment. Nicolas Sarkozy persiste, en promettant l'interdiction générale de la Burqa. A Bruxelles, Christine Lagarde tente de convaincre ses pairs d'une nouvelle taxe bancaire qu'elle a été incapable d'assumer seule en France. Dure réalité.
Les menaces sécuritaires font choux blanc
Ecouter Nicolas Sarkozy, debout sur une estrade officielle, déclamer ses menaces et oublier la prévention. On se serait cru dans un mauvais western de série B. Aussitôt vu, aussitôt oublié. Suppression des allocations familiales, mise en internats forcées, interventions « sans restriction » dans les halls d’immeubles, la panoplie des arguments n’était ni nouvelle ni crédible. Jean-Claude Delage, secrétaire général d'Alliance Police Nationale, a sobrement commenté : «En exigeant cela, Sarkozy est vraiment sincère car il a la question de la sécurité dans les tripes, mais je crains que le discours ne se heurte à la réalité du terrain. Avec la baisse des effectifs, nos collègues sont en effet débordés de missions dans ce département difficile
Mercredi, le Monarque recevait des syndcalistes de la police à déjeuner. Ces derniers en ont gros sur le cœur. La politique du chiffre qui leur imposée depuis 2002 produit des résultats médiocres (voire mauvais pour ce qui concerne la déliquance la plus violente), stresse les équipes. La réduction des effectifs des forces de l’ordre, rappelée à de nombreuses occasions, aggrave les difficultés.
Le Figaro a récemment publié quelques extraits d’un rapport sur les effectifsOù sont les policiers et les gendarmes ?»), rédigé par les criminologues Alain Bauer et Christophe Soullez. Les conclusions sont édifiantes : primo, les effectifs de police et de gendarmerie ont stagné en 10 ans, à 222 000 personnes. De 1998 à 2009, la population française a pourtant cru de 6%, et le nombre de violences a « explosé » (dixit le Figaro). Secundo, les effectifs disponibles pour intervenir sur la voie publique sont inférieurs de moitié: «le nombre moyen de policiers ou de gendarmes par habitants passe de 1 pour 409 à 1 pour 753 dans les services de la sécurité publique, de 1 pour 208 à 1 pour 421 dans les services parisiens et de 1 gendarme pour 485 habitants à 1 pour 994» dans les campagnes. Le rapport évalue les causes d’indisponibilité : 34% pour congés maternité ou maladie, 21% pour formation continue, 19% pour « charges judiciaires » (police des audiences, tenue des dépôts, escortes de détenus), 8% pour le maintien de l’ordre, 8% pour des tâches administratives, 4% pour les détachements. Fin mars dernier, Brice Hortefeux avait promis 1500 postes supplémentaires, des adjoints de sécurité (ADS) en renfort seront sur le terrain.
Ces menaces sont inefficaces. Peu crédibles, répétitives, et dénuées de moyens, les annonces sarkozyennes apparaissent dérisoires. Mais le Monarque ne s'arrête pas là.
La décision a été arrêtée mercredi matin en Conseil des Ministres : le port de la Burqa sera totalement interdit en France. C’est l’histoire d’un faux sujet, d’une actualité anecdotique montée en épingle par le FN et une partie de l’UMP, l’un de ses débats à mille lieux des difficultés concrètes des Français que sont le chômage ou la précarité. Voici la Burqa, dernier artifice en date servi par le Monarque pour un électorat désorienté. L’interdiction sera législative, par le biais d’un projet de loi proposé en conseil des ministres à la mi-mai. Sarkozy a demandé « qu'on mette en avant comme arguments principaux la dignité de la femme et le respect des valeurs de la République. » le Conseil d’Etat avait déjà émis des réserves sur une éventuelle loi sur le sujet. Il n’a pas été entendu, pour le moment.
La France ne recense que 2000 femmes voilées intégralement.
La régulation fiscale, c'est pour les autres
Autre sujet, autre inaction. En matière de fiscalité, la France défend les taxes... à l'étranger. C'est plus facile. Si le projet échoue, on peut accuser les autres et se défausser facilement. En janvier dernier, Nicolas Sarkozy avait abandonné tout projet de taxe carbone franco-française, renvoyant le sujet à un éventuel européen. Ces derniers jours, Christine Lagarde défendait un projet de taxe bancaire auprès de ses collègues européens. Elle a présenté un un rapport sur la régulation des risques systémiques, samedi 17 avril 2010 à Madrid, lors du Conseil informel des Affaires économiques.
L'Allemagne d'Angela Merkel a déjà mis en place un tel dispositif l'an passé. Il lui rapportera environ un  milliards d'euros en 2010. A l'échelle de l'Union européenne, José-Manuel Barroso a avancé le chiffre de 50 milliards d'euros. Le FMI réclame un dispositif similaire au niveau mondial.
Christine Lagarde avait commandé un rapport d'analyse à Jean-François Lepetit, ancien président du Conseil national de la comptabilité et de la Commission des opérations de bourse, en décembre 2009. Selon ce dernier, il y a urgence : (1) le risque systématique (i.e. de faillite généralisée) est mal couvert par les règles de réserves prudentielles imposées aux institutions financières, et (2) certains profits financiers sont donc anormaux et devraient être taxés. Le commissaire au Marché intérieur, Michel Barnier, ancienne tête de liste UMP aux élections européennes de juin 2009, soutient la proposition : «le secteur financier doit assumer sa responsabilité dans la crise actuelle par l’instauration d’une taxe bancaire dont le montant ne devra pas être symbolique
Mais les ministres des finances européens ne sont pas parvenus à un accord. 
Mince.
Ce jeudi, Nicolas Sarkozy file à Chambéry, célébrer le 150ème anniversaire du rattachement de la Savoie à la France. C'est vrai qu'il a des priorités !
Ami sarkozyste, où es-tu ?

Sécurité : quand Nicolas Sarkozy se répète
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