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Cunégonde au-dessous du volcan 5

Publié le 22 avril 2010 par Porky

Scène 4

LES MEMES plus SCARLATINA

 

SCARLATINA

Président, mon biquet, mais que se passe-t-il ?

Tous ces gens réunis : sommes-nous en péril ?

LE PRESIDENT

Ma mie préparez-vous, nous partons en Islande.

SCARLATINA

Mais nous devions aller quelques jours en Irlande...

LE PRESIDENT

C'est tout pareil, mon cœur. Prenez vite un manteau

Et fonçons vers le port.

SCARLATINA

                                     On part donc en bateau ?

LA MADONE

Il serait temps, chérie, qu'enfin tu atterrisses

Et que dans le réel doucement tu te glisses.

Un volcan islandais nous a pris comme otage

Et envers nos avions fait un vilain chantage.

Si tu ne veux donc pas te retrouver grillée,

Remue ton popotin, cesse de questionner.

LE PRESIDENT (très froissé)

Tu pourrais t'adresser à ma belle épousée

Plus poliment, je crois.

LA MADONE

                                    Je n'ai fait qu'expliquer

La situation qu'elle semble ne pas connaître

Et qu'il est bon, ma foi, de lui faire apparaître.

SCARLATINA (vexée)

Mais je la connais bien. Je ne suis pas une oie.

J'écoute la radio, la télé quelquefois.

CUNEGONDE

Alors dépêchez-vous, Madame, avant que de partir

Posez votre guitare et veuillez vous vêtir.

SCARLATINA (Découvrant Cunégonde)

Ah, Madame, c'est vous ! Comme je suis heureuse

De vous voir en ce lieu. (Révérence. Puis, désignant la Madone) Mais cette péroreuse

Vous cachait à mes yeux. Restez-vous parmi nous ?

CUNEGONDE (Révérence)

Pas longtemps, mon amie. Il faut que je dénoue

Un nœud si bien serré que ma diplomatie

Va ressembler je crois à de l'acrobatie.

Je suis votre servante. (Révérence)

SCARLATINA (Révérence)

                                       Pas tant que moi, Madame. (Voyant Leila) Ah, voilà la traîtresse !

Celle qui calomnie sans honte sa maîtresse !

Elle ne rougit pas, l'infâme gourgandine

De se montrer ici, nouvelle Messaline !

LEILA (Eclatant en sanglots)

Ah, je ne puis supporter d'être ainsi maltraitée !

Moi qui suis votre amie, moi qui suis votre alliée !

SCARLATINA

Tu parles d'une alliée qui va partout clamant

Que je trompe un époux, et même un Président !

LEILA

Ce n'est pas moi, Madame, et je le jure bien.

CUNEGONDE

Croyez-là, mon amie, elle n'y est pour rien.

Mais encore une fois, il nous faut nous hâter.

Le volcan nous attend. Pourvu que sa fumée

Ne nous empêche pas de partir en mission :

Prenons vite l'auto, et au port, sous pression.

(Tout le monde sort dans un grand brouhaha.)

Scène 5

Au pied du volcan en question. Nuit noire. Cendres partout. Grosse fumée en l'air. Entre par la gauche une colonne de silhouettes blanches, revêtues d'une combinaison protectrice, avec masque et tout le tintouin. Une silhouette tient une guitare à la main. Arrêt et poses diverses. 

LE PRESIDENT, FIFI, ROSIE, FEFE DE BROADWAY, LA MADONE, LA LANGOUREUSE ARIELLE, SCARLATINA, DAKTARI, LE VOLCAN

 

LA MADONE

Oh que je n'en puis plus ! Que je suis fatiguée !

ROSIE

Oh que tu nous ennuies ! Tu nous casses les pieds !

LE PRESIDENT

Vous eussiez dû, ma mie, laisser votre guitare.

SCARLATINA

Pour qu'un affreux bandit là-bas d'elle s'empare ?

Il n'en est pas question.

LA MADONE

                                     C'eût été pain béni.

La guitare volée, finis tous nos ennuis.

CUNEGONDE

Voyez-vous quelque chose ?

FIFI

                                             Oh, rien. Des ténèbres.

DAKTARI

Cet affreux paysage est bougrement funèbre.

LE PRESIDENT

Tout le monde est-il là ? Il ne manque personne ?

FIFI (après avoir compté les silhouettes)

Personne, Président. Voulez-vous que l'on sonne

La trompette guerrière avant notre ascension ?

LE PRESIDENT

Fais, fais, mon ami. Tant que tu sonneras

On s'assoira un peu, on se reposera. 

(Tout le dialogue suivant sera accompagné d'une sonnerie stridente, fausse comme un jeton.)

 

ROSIE LA TERREUR

Faut-il vraiment grimper jusqu'en haut du volcan ?

(A la Madone)Que disait donc ton rêve, ô reine du boucan ?

LA MADONE

Il ne précisait rien. Peut-être qu'il suffit

De crier un bon coup. Essayons. Eh, bouffi !

Volcan préhistorique ! Emmerdeur patenté !

M'entends-tu t'appeler, vieux cracheur de fumée ?

CUNEGONDE

Oh, Madone, voyons, un tel vocabulaire

N'est pas séant ici et il est suicidaire.

Il faut pour lui parler prendre une voix aimable,

Une paire de gants, se montrer estimable.

LA MADONE

Et bien, va, je t'en prie. A toi de le héler.

Mais peut-être qu'il faut à son sommet monter.

FEFE DE BROADWAY

Pourriez-vous faire vite ? J'ai le teint très cendreux

Et j'ai l'impression* d'être vraiment affreux.

CUNEGONDE

Rassurez-vous, Féfé, personne ne vous voit

Cette combinaison protège vos émois.

LA LANGOUREUSE ARIELLE

Alors, on fait quoi, hein ? On monte, on crie ou on reste ?

Donne-t-on de la voix ? Faisons-nous de grands gestes ?

CUNEGONDE

Laissez-moi réfléchir. Il me semble vraiment

Que dans ce rêve étrange et souvent récurrent,

Prononcer son beau nom était bien le sésame

Qui m'ouvrait simplement la porte de son âme.

(A suivre)


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