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Barack Obama et la reprise économique

Publié le 22 avril 2010 par Exprimeo
Barack Obama voit l'horizon économique s'éclaircir manifestement ce qui est une nouvelle donne majeure pour les élections de novembre 2010. Le focus sur la guerre d'Irak avait caché en 2008 la gravité de la situation économique Américaine. En réalité, dès 2007, l'économie Américaine était en feu. Sept dossiers majeurs donnaient des signaux d'alarme bien avant la crise d'octobre 2008. Tout d'abord, la situation de l'emploi. Dès juin 2008, les Etats-Unis constataient une montée du chômage à plus de 5, 5 % ; ce qui est un taux déjà élevé pour les Etats-Unis. Le retour de l'inflation était manifeste. Les Etats-Unis étaient sur une inflation de l'ordre de 4 % sur le plan annuel. Le troisième sujet concernait la crise immobilière. Le tournant en l'espèce a été le début du second semestre 2005. Les ménages subissent alors plusieurs impacts majeurs. Leur patrimoine est érodé par la baisse des prix s'ils sont propriétaires de leurs maisons. Mais surtout, les difficultés à honorer les échéances d'emprunts ont commencé à entraîner une multiplication des saisies. La quatrième préoccupation concernait la situation des finances publiques. Lors du second mandat de Bush, elles ont connu une détérioration considérable. Les baisses d'impôts décidées lors du premier mandat de Bush, le ralentissement de la croissance et les conséquences financières de la guerre en Irak ont provoqué une envolée du déficit public qui dépassait les 3 % du PIB. Le cinquième sujet important en ce domaine concerne la déprime du secteur automobile. Là aussi, dès 2007, les constructeurs ont pris conscience de la nécessité d'un changement de modèle économique. Début 2008, les décisions prises par General Motors sont emblématiques d'un total retournement de positionnement. La question était de savoir quand les effets positifs interviendraient ? Dans les Etats où cette industrie est concentrée, à l'exemple du Michigan, le taux de chômage début 2008 progressait de façon accélérée pour dépasser désormais les 7 % ce qui est rarissime. Le sixième dossier concernait la politique commerciale des Etats-Unis. Au moment où les déficits se creusent, la tentation protectionniste se faisait jour en conditionnant les accords de libre-échange à des critères sociaux ou environnementaux. Le dernier dossier demeurait celui du système de santé. C'est le maillon faible du dispositif Américain. Il est coûteux et peu efficace. 47 millions de personnes ne disposent pas d'assurance santé. Ces faits montrent que les Etats-Unis étaient dans une situation très préoccupante avec un climat de récession économique pouvant même conduire à une sévère dépression économique annoncée par certains économistes dès début 2008. Des économistes réputés s'élevaient alors contre la politique du déni imposée par l'Administration Bush. Le volet économique sera probablement déterminant lors des élections de 2010 ; d'où l'importance du calendrier de la reprise. Le rendez-vous de la nouvelle Administration Américaine est en trois temps : - stopper l'hémorragie d'emplois, - puis recréer des emplois, - enfin, réguler autrement l'économie post-crise. Cette troisième étape sera le véritable rendez-vous politique car elle vise à encadrer " l'économie spontanée ". Dans les discours des principaux responsables de la nouvelle Administration, le "job enrichment" effectue un retour en force. Cette notion avait été développée dans les années 60 par Frederick Hertberg, Professeur à Cleveland. Elle accorde une place nouvelle à la dimension humaine du travail en reconnaissant 5 motivateurs : - l'accomplissement, - la reconnaissance par autrui de cet accomplissement, - la qualité du travail, - la responsabilité, - la possibilité d'un progrès. C'est cette recherche de "contenu motivationnel" des tâches qui s'oppose à une forme d'organisation financière des tâches. C'est une dimension qui change les rapports au sein de l'entreprise en les rapprochant de données déjà partiellement applicables dans des marchés du travail comme les occidentaux. Cette dimension nouvelle va susciter de fortes oppositions de la part des Républicains les plus radicaux, défenseurs de la " libre entreprise " sous ses connotations les plus brutales. Des Républicains qui agitent déjà l'épouvantail du socialisme et mettent en ligne des premières vidéos de Barack Obama avec le mot "socialisme" ou parfois même le logo du "poing et de la rose"; ce qui d'ailleurs est d'une impact faible car ce graphisme n'a pas là bas une notoriété assez forte. Cette dimension, à l'exemple des nouvelles règles de relations internationales ou des actions contre le réchauffement du climat, traduit la réalité profonde de l'élection de Barack Obama : une nouvelle révolution morale. Dans les années 80, Reagan a conduit une révolution de ce type basée sur la force de l'Amérique. Celle de Barack Obama est basée sur la considération des Américains. La crise a désacralisé les technostructures et les managers. Elle a créé une attente de reconnaissance de fonction sociale. Le véritable enjeu politique réside dans les modalités d'application de cette fonction sociale. Si les Républicains ne vont pas sur ce terrain, ils risquent de s'aliéner des groupes électoraux majeurs. Au début des années 80, le Parti Démocrate avait refusé l'axe de puissance de l'Amérique. Il s'était marginalisé dans des conditions gravissimes. Sur des bases différentes, l'enjeu pour l'opposition, aujourd'hui Républicaine, est identique. Elle doit engager une course vers le centre pour être audible par des électorats qui font une victoire électorale. Le Parti Démocrate n'est revenu compétitif que lorsqu'il a intégré la nouvelle donne de la puissance de l'Amérique. Le Parti Républicain ne redeviendra compétitif que lorsqu'il intègrera à son tour cette nouvelle donne sociale. C'est un changement radical pour des néo-conservateurs qui ont une conscience renforcée de la force de leur doctrine. Novembre 2008 n'est pas seulement le rejet de Bush, c'est aussi une nouvelle direction pour la reconnaissance de chaque individu face aux pouvoirs politiques et économiques. Sous cet angle, la relance sera réussie si elle incarne une économie nouvelle.

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